Ode au schizophrène.

Date 10-03-2023 11:12:02 | Catégorie : Annonce


Ode au schizophrène.








Ô toi mon petit schizophrène…
Petit brin de souffrance perdu dans les immensités cruelles…

Les dieux ne t’ont pas fait de cadeaux…
Leur offrande est un poison mortel, celui d’une vie qui t’asservit, te transporte au gré des vents mauvais…
Je ne pourrai parler de toi qu’en employant des verbes tournés à la voix passive…
Tu m’inspires le champ lexical du servage…

Tu plies sous le poids de ton cauchemar, tu te replies sur toi-même, happé par un cyclone tourbillonnant…

Tu tournes en rond sur ton domaine étrange, étranger, inviolé mais tu ne tournes pas vraiment rond, diront certains…

Tu te meurs à petit feu au cœur des verbes pronominaux réfléchis…

Je me sens envahi de tendresse pour toi…

Naguère, on t’as cru possédé, endiablé
Je te vois humain, trop humain parmi les bêtes….

Tu es mené par tes hallucinations acharnées, ta paranoïa dévastatrice, tes angoisses perpétuelles…

Que peux-tu décider ?
Rien ou presque…

Tu n’as rien choisi, ni ton corps ni ses anomalies
Tu ne peux même pas choisir entre détruire ce corps ou bien le ménager…

Tu ne peux que choisir ta mort…
Tu ne peux que choisir de partir, achevé par l’Ophélie de ton cœur…

Ô petit Zophrène aux mains de Madame de la Maladie !
Elle est ta souveraine, ta grande amie, ton seul amour…

Elle t’invite à sombrer dans la rivière d’un long sommeil…
Elle ne demande qu’à t’accueillir dans les draps mauves d’un lit nuptial, un lit qui t’attend dans un château de province…
La Dame te torture aussi…

Ô Schizophrénie !
Allégorie de la Passion amoureuse, délicieuse et dévorante et qui baigne toujours dans les voluptés de la Camarde…

Je t’envisage avec compassion, ô toi, petit frère de misère…

Il émane de toi une beauté étrange, celle d’un être vulnérable, gentil comme un agneau, innocent et virginal comme un enfant.

Petit bout de paradoxe ambulant…
Damné ou archange maudit ?

Tu n’es pas du tout dans ton assiette, ton appétence à la vie est quasiment nulle mais le Solian vient en aide à ton marasme…
Tu n’es pas du tout dans ton assiette mais tes assiettes sont pleines…
… Grâce à la médecine…
La goutte d’eau te noie…
Tes larmes te suffisent…
La rigole de ta vie est déjà bien pleine…
Nul besoin de la faire déborder davantage en souffrant d’une maladie supplémentaire, celle qu’une autre petite sœur de misère a contractée à l’adolescence…

Ô petit schizophrène !
Une mauvaise étoile veille sur toi, veille à perpétuer ta dissolution dans les océans avides, veille à t’aider à faire avec un temps à ne pas mettre un chien dehors comme dirait Caussimon le Poëte…

Ton Livre est un ouvrage pour enfants…
J’y vois des sorcières, des maléfices, de belles princesses imaginaires qui ne voudraient sans doute jamais de toi…
J’y lis des mots bleus, des mots que tu cueilles comme des roses…

Les gens t’effraient
Tes maux effraient les gens…

Ils pensent que tu es envahi par un corps étranger…
… Les préjugés de l’ignorance, de la bêtise évidemment…
Des préjugés venus tout droit d’un lugubre Moyen-Âge, repris plus tard par de puants cochons allemands….


On a voulu t’exterminer au nom d’un eugénisme infâme…
On l’a fait…
Puissent les âmes vilaines de tes bourreaux crever à petit feu au cœur d’un enfer que tu leur bâtiras de tes mains, que tu feras voyager de corps à corps…
Tu cracheras les flammes et les leur feras bouffer…
… Alors tu renoueras pour de bon avec la joie, la paix…


Ô petit schizophrène !
Ô petite plaie béante d’une Terre fulminante !
Ô lueur pâle dans tes yeux vaporeux !
Tu me fais songer à un rêve encore tiède au clair de lune…

Dans tes yeux se mire un monde de travers…
J’y perçois l’ère glaciale d’un vieux continent ;
J’y vois un champ de foire commerciale 
Une armée de crétins partis en campagne,
Un baril de pétrole que l’on se dispute,
Une bande d’informaticiens à l’affût de la Toile d’araignée,
Un satellite téléguidé par la Mort…

Sache que je suis triste lorsque je te vois apparaître au détour d’un ressenti, celui que me procure un portrait de toi dressé par Celle qui me soigne et te soigne…

Ô toi mon beau frangin !
Tu frères au loin.
A demain !










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