Stances d’amour.

Date 10-03-2023 11:24:58 | Catégorie : Annonce


Stances d’amour.


A Celle qui m’a fait trembler…









Lui
Dis, te rappelles-tu de nos pas sur la neige ?
Elle
Oui je me souviens. Nous marchions main dans la main vers le même horizon.
Lui
Avais-tu froid ?
Elle
Oh oui ! L’hiver venait en moi pour s’y installer, un peu comme un homme qui vous veut du mal. Pourtant, lorsque tu me dévêtais, j’avais chaud et je goûtais enfin à la joie.
Lui
Tu as raison ; on se tenait chaud dans ce monde hostile, au milieu de ces vieilles montagnes endormies mais tu n’as sans doute pas oublié que je portais également à mon dos les fardeaux pesants des froidures. Aussi, parfois, on se gelait mutuellement. Alors tu cherchais les traces d’un autre pas sur la neige car tu savais que cette piste t’ouvrirait le chemin d’une île tropicale…
Elle
Je n’ai pas un cœur d’alouette, un cœur voyageur. Je ne voulais pas te geler davantage et puis j’avais tellement froid… Mais qu’as–tu ? Ne pleure pas !
Lui
Je tremble un peu… Ce n’est pas grave… Sache tout de même que j’ai passé ces années à faire des allers-retours sur la neige entre le sapin du premier baiser et le chalet du dernier coït. Je contemplais tes empreintes sur le sol ; elles m’aidaient à dater les rires, les larmes, les halètements, les gémissements, les doutes, les espoirs. Puis, seul, je m’ensuis allé. Je marchais désormais sur la glace. Il fallait tout de même laisser une trace pour chaque rébellion, une trace pour chaque désespoir, une trace pour chaque défaite. Alors, j’ai ouvert mon sac à dos, posé mon chevalet un peu partout sur mon parcours, laissant couler la peinture sur la toile comme une goutte de sang. Parfois, le visage d’une brune naissait de mes mains transies…
Elle (pleurant)
Je t’aime, je t’aime toujours. J’ai vu les chevaux de Gauguin, les indigènes des Marquises mais je veux retourner avec toi dans tes montagnes. L’air y est pur et puis les printemps existent malgré tout, même au pays des bouquetins…
Lui
Viens, je t’emmène. Soyons fous ! Brûlons dans les morsures du froid sous une avalanche de tendresse, de sentiments. Laisse-moi me blottir dans ton giron comme un jeune orphelin. Les vents nous seront sans doute contraires mais qu’importe ! Nous marcherons jusqu’aux abords d’un horizon qu’il faudra fouler. Alors, le voyage terminé, nous irons nous noyer dans les eaux profondes du Grand Lac des montagnes…



Cet article provient de L'ORée des Rêves votre site pour lire écrire publier poèmes nouvelles en ligne
http://www.loree-des-reves.com

L'url pour cet article est :
http://www.loree-des-reves.com/modules/xnews/article.php?storyid=12411