Flash 3

Date 10-03-2023 12:26:53 | Catégorie : Annonce


Flash 3








Mon beau-frère est en train de retaper une vieille ferme à Montrottier, dans la campagne des Monts du Lyonnais. Il m’arrive de lui donner un coup de main « remettre le pied à l’étrier » et afficher, moi, le « reclassé », une certaine utilité retrouvée…
Alors, le matin, aux petites aurores, je monte dans cette camionnette blanche qui a fait les deux guerres mondiales …
Dedans, on est fagoté en tenue de chantier : on fume, on transpire sa crasse dans la crasse du véhicule empoussiéré…
Des cadavres de Red Bull un peu partout pour huiler la mécanique du corps, du tabac brun à vous faire cracher jour et nuit, de vieux CD gravés à la hâte, dont les accrocs voyagent depuis la musique jusqu’aux Escaliers érodés du corps…
Savez-vous que la vieillesse est magicienne lorsqu’elle arbore ses jupons mités devant les yeux révulsés des anxieux : les crevasses rongent l’espace entre l’Objet et l’Être, puis iront avaler ce dernier en répandant les fluides de cette vieillesse de partout dans cet « abattoir humain »…
Le limon dévorant est roi par ici : il prend possession des lieux, se propage aux champs d’épandage, déborde du caniveau de la camionnette et les eaux usées s’infiltrent par les pores de la peau puis rejoignent le cloaque organique et l’irrigue en se mêlant au sang…
A Monttrotier, on vient poncer les poutres, on vernit le plancher, on décaisse…
Le soleil printanier est là comme un fauve dans sa cage : il rugit, impatient de faire cuire l’Angoisse et de mener à bien une sorte d’ « éruption organique »…
Avec lui, on transpire sa Buckler, on imagine sa fosse à purin organique par flashs douloureux : on « voit » ses poumons ; on les peint dans sa tête à la peinture à l’huile avec un médium d’empâtement : il y a là du rouge, du noir, des craquelures…
Tout est surchargé, compact, saturé, à vif !
Des bruits de ventre comme un crapaud, orné de pustules répugnantes ; des pets puants à faire vomir les cieux, jusque là, quiets et azurés ; et puis la Pénombre, la Pénombre Alvéolaire qui remonte des eaux dormantes comme des débris de Noyés accrochés au cul des cochons…
Alors on angoisse dans cette étuve : on se voit tout laid, monstrueux et dégoulinant… Le corps fond ; les yeux sortent de leurs orbites ; les dents s’aiguisent, deviennent des crocs ; la gueule s’ouvre, libérant une haleine pâteuse et verdâtre ; les doigts mutent de façon inquiétante et étrange en vue d’une « merguez – party » (cf. les autoportraits de Egon Schiele).
Oui, tout dégouline : le sol rappelle à lui ce corps fluidifié, conformément aux lois de la pesanteur…
Les ongles poussent en laissant entrer la crasse ; les organes se réveillent de leurs strates en faisant des bruits d’éviers, des glouglous incessants…
Je songe soudain à mon beau-frère, Nico, plombier à son compte… (…)
« Il doit voir du pays !», me dis-je tout bas…….


Brignais, 01/07/2009.







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