
Six courts poèmes (Exercices d’écritures)
Date 10-03-2023 18:11:29 | Catégorie : Annonce
| Six courts poèmes (Exercices d’écritures)
Tableau 1 : les paradoxes d’une vie promise au bonheur... (On ose à peine le prononcer ce mot-là  !)
J’ai perdu mon temps à être anxieux…
J’ai perdu mon temps à être toujours plus anxieux Puisque l’angoisse des lendemains voici mon aveu Aurait pu être énergiquement dépensé à d’autres feux Moins poussiéreux plus constructifs moins coûteux Pour l’emploi du temps pour la santé intime du je… J’ai perdu mon temps à tenter toujours de fuir les voiles Du Soir les insérassions les impacts pailletés d’étoiles Les coulures de voies lactées à minuit sur le Cadran d’une toile L’injustice l’inégalité les menaces d’un grand squale Au lieu de jouir de la vie en laissant le vent couturier jouer avec mes fils mes poils…
J’ai passé mon temps à ordonner la future tempête A tenter désespérément de m’y ordonner en faisant des tas…
Tableau 2 : Fragmentations, rognages, découpages intelligents et absurdes, défigurations et transformations accomplies chez les patients de l’Hôpital de Jour de Décines près de Lyon en France sur Terre dans la Voie Lactée quelque part dans l’univers… Le tout, sans césure ni hémistiche…
On est tous ici les ombres de la psychiatrie…
Ça vient ça reste ça repart C’est un peu en retard Mais ça y restera comme des taulards… Ça progresse ça circule sans phares sans dard Ça régresse de partout ç’en a marre… Ça fume ça tousse un peu : une autre a avalé de travers Ça mange vite ça marche au pas des militaires Vaincus ! Ça ira mieux demain mais y’a encore de quoi faire ! Ça se laisse aller même si c’est le contraire Ça s’endort quand même aux soirs retardataires…
Ça passe comme du bon lait qui a tourné Les ombres planantes de mes dépersonnalisés…
Tableau 3 : Interprétation possible d’une des chansons (tristes !) du Chanteur (triste !)
« Le soir descend partons d’ici/Faudrait pas qu’il nous trouve assis… »
Ce sont les mots de la chanson n’est-ce pas ? Les mots de la vieillesse mais aussi de l’angoisse de l’abîme qui m’abîmera… Je vais je viens je roule en bus donc je suis d’ici-bas Je cours je m’éparpille le mouvement se joue de l’hiver qui m’hiberna Je peins j’use mes semelles j’use mes yeux baissés au trottoir qui me promena Mais voila que le Soir descend en ce début de journée estivale : Faut s’agripper à son pinceau à son fond tout bleu d’aurore boréale Faut se tenir fermement à sa maman à son cordon ombilical Faut fermer les poings même à la venue d’une inconnue même pour la dalle Car ce Soir féal est là qui tendrement inexorablement nous avale…
Pitié ! Laissez-moi un petit tas de tabac brun pour vous c’est rien Avant que la salle où chante Esma Redzepova*, Madone des Gitans, m’offre d’un coup, d’un coup de fumée, tout ce que je ne lui ai pas assez tété d’une main…
Tableau 4 : Paysage complexe parce qu’ambivalent et bicéphale: marine en pays minier : Gutenberg n’a rien inventé…
Le mal qui travaille c’est comme la mer…
La souffrance se démène va revient repart puis revient comme les vagues pyramidales Vu que l’humeur ne sait plus ni l’atonie ni le raz- de- marée colossal… La grande vague peint l’angoisse sur la toile de la mer qui a mal Mais elle enduit au préalable le support d’écume de blanc de titane elle bal- Aie toutes les traces de nos souvenirs qui ici s’étalent… La grand’ vague fait la vaisselle la lessive d’un coron entaché tout disparaît happé dans les trous De ses guenilles puis elle imprime des pics d’angoisses bleus sur l’eau solitaire paginée sur les remous Au derrière d’un bateau imaginaire. Ô Anzin ô Finistère où tout finit où rien ne va au bout Des choses… Seule la toux de la silicose nous gonfle les joues on ne connaît plus que la toux Et puis notre cher bâtiment de fortune peuplé de pirates et puis de fous…
La mer lessiveuse voyez-vous c’est comme la souffrance : Les empreintes du plaisir sèchent disparaissent. Tiens ! Voila la nouvelle démence…
Tableau 5 : Histoire, architecture et archéologie antiques: études interdites du Saint-Sépulcre édénique…
On cultive son jardin personnel et on le clôture artistiquement…
Ma vie est un grand jardin d’Éden orné de mots précieux et de touches d’or Plus j’avance dans la fureur et la monstruosité de l’Angoisse plus je l’endors… Ma vie mon Œuvre est un grand paradis quiet la Jérusalem Céleste où je laisse les reliquats de la géhenne en périphérie sur les bords Oui je transforme tout je perds volontairement le nord pour la boréale aurore… Comment donc obtenir de l’orange du jaune du rouge de l’argent de l’or avec un grand bleu venu du Nord ? Ce grand jardin ce Salut gagné petit à petit dans la souffrance Je le clos soigneusement en chassant ma part d’animalité ma part d’engeance Puis en revenant à la Racine à la position fœtale je me maquille pour m’enlaidir dans l’urgence Je mets des fils barbelés tout autour pour fortifier cette propriété privée inviolable dont l’Essence Ne viendrait que de mon jus de mon fruit pourri de mes ratures de mes purulentes turbulences…
N’approchez pas médecins car je m’en retournerai pour de vrai dans ma tombe Si vous entrez sans frapper dans ce royaume intime dans cette pyramide où d’amour pour l’Art je succombe…
Tableau 6 : Études d’âges en milieu maritime verbal…
Je suis fait de mer je suis vieux je surfais mon âge. Que faire ?
Je suis un paquet d’eau liquide un grand réservoir rempli d’os à la goutte près une marée Je suis infusé d’un vieil océan profondément labouré en surface bleutée Je suis à la fois le sable doux et jeune saisi par l’enfant et les galets imparfaits aux mille et une sinuosités J’ai tant fait l’amour aux diverses sirènes que je n’ai plus ni sexe ni semence ni même une quelconque envie de baiser Alors je fais des détours au plus profond des océans afin de rajeunir toujours plus au fur et à mesure que je descends dans une eau toujours plus polie toujours plus fluide offrant une toujours plus pleine bouche bée émerveillée. Alors je descends dans les abysses fuir le labours bleu des eaux l’érosion des falaises Je descends je voltige dans les eaux je fais le cerf- nageant sans plus aucun malaise Et je perds des années je remonte les courants du temps toujours plus bas je ne biaise Au fond tout au fond je me laisse aller aux vents de l’eau sans toutefois oublier Éphèse Et j’écoute mes rides me quitter et venir orner d’une main d’eau la Peau rocailleuse qui sur les basses eaux prisonnières à son tour pèse…
« -Quel âge me donnez-vous chère Madame Bleue ? -Vous êtes mon fils Monsieur. Pardon ! Petit ! Vu que je n’ai pas d’âge, Vous tu n’en as pas non plus… »
* = diva tzigane très connue pour son hymne « Gelem Gelem ». Brignais, 02-03/07/2011.
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