
Gardez-moi
Date 10-03-2023 18:46:35 | Catégorie : Annonce
| Gardez-moi
(Version définitive complète et enrichie)
« -Père ! Je me sens seul… Aidez-moi donc à mieux respirer… -Mon fils ! Je n’existe pas, voyons !… Même si tu es mon enfant… »
(Apothéose)
Garde-moi Dany Garde-moi maman Gardez-moi tous mes enfants…
La torture C’est une route tortueuse Où l’on repart orphelin Chaque matin. La torture C’est un chemin de ronces Où le temps se fige Donne le vertige.
Regarde-moi Dany Touche-moi maman Chérissez-moi tous mes enfants…
La torture C’est un pays d’ivresse On s’invente des faux masques On roule en bus sans casque. La torture C’est un voyage sans frein Sur la sève d’une yeuse tordue Qu’on aurait déjà bue…
Nomme-moi Dany Appelle-moi maman Éclairez-moi tous mes enfants…
La torture Ou rien n’est tout à fait logique Ou on en redemande Là où les nerfs se tendent. La torture C’est ne jamais laisser le cerveau vagabonder Entre le cancer et le cancer. C’est des points finaux imaginaires.
Parle-moi Dany Dis-moi maman Racontez-moi mon histoire tous mes enfants…
La torture C’est un mal qui travaille Qui virilement progresse Jusque dans nos tresses. La torture C’est faire plus vieux que son âge C’est perdre sa féminitude A basse altitude…
Rapproche-toi Dany Viens à moi maman Prenez-moi tous mes enfants…
La torture C’est des flashs aiguisés Plein les yeux C’est du magma c’est du feu. La torture C’est un cerf-volant Sans vent Porté par le réveil du je et des ans…
Ramène-moi Dany A la maison maman Tout près de tous mes enfants…
La torture Ou comment faire pour la semer Ou comment s’éloigner de nous-même Pour un je t’aime. La torture Ou l’art d’écouter le Malin Qui dort en soi Et fait tomber la soie…
Velours-moi Dany Lune-moi maman Brodez-moi tous mes enfants…
La torture C’est se rendre à l’évidence de la haine En fermant les poings. Enfin La torture C’est aérer de fumée son cerveau C’est étaler la terre du chocolat Pour maquiller le Dégât…
Endors-moi Dany Borde-moi maman Réveillez-moi demain tous mes enfants.
La torture C’est scier en vain les barreaux de son corps Avec les dents qui restent Et la chance qui vous déteste. La torture Est prisonnière de la chair De la peau Qu’elle porte en lambeaux…
Délivre-moi Dany De moi maman En la décrivant tous mes enfants…
La torture Nous mène aux souterrains D’une cité précolombienne Vers un masque un soir de lune pleine. La torture Dédale de couloirs de pierres Écheveau confus de soleils vomis Tombés sous la terre en maints débris…
Jade-moi Dany Verdis-moi maman Incrustez-moi tous mes enfants…
La torture On y est seul même quand on n’est pas seul On y cherche en vain la queue d’une presqu’île On trouve le poème amer la bile. La torture On oublie déjà la fainéantise La paresse des jours Les mots de velours…
Récupère-moi Dany Reformate-moi maman Tout de blanc tous mes enfants…
+ La torture On vit dans un décor surréel Entre la Belle et la Bête Sans jamais devenir bête La torture On a connu le bois dormant Et puis la grisaille dans la gorge. Il nous reste le conte d’un soutien-gorge.
Habille-moi Dany Poudre-moi maman Pour aller au bal sans tous mes enfants…
+ La torture On y dalit on y bretonne Mais la mémoire n’a pas persisté Pendule arrêtée. La torture On y a perdu sa personne Son identité ses clés Ouvrant l’or enfermé de la Cité…
Fais-moi rêver Dany En me berçant comme maman Ma belle jeunesse tous mes enfants…
+ La torture C’est des rêves enfuis C’est des cauchemars naissants Des bains de sang. La torture Pays de boucherie Carcasses et faims canines On a oublié Soutine…
Voltige-moi Dany Dans la dentelle maman Dans mon berceau tous mes enfants…
+ La torture C’est des à -coups c’est des soubresauts C’est des ratées d’allumettes Des coups d’cigarettes… La torture C’est des flashs des flagellations Que la solitude joliment distribue A la création d’un dieu à un nouveau Jésus…
Aime-moi Dany Comme tu aimes maman Tous les prochains tous mes enfants…
+ La torture Elle travaille le crayon Taille les mots tout noirs Jusqu’à l’Horreur nue du Soir. La torture Accentue le strabisme parfait Noircit un chapeau noir ; Elle use mon propre miroir…
Dessine-moi Dany Sur palimpseste maman Des jolies têtes de vie tous mes enfants…
+ La torture C’est se croire à un fil de l’autolyse Alors que rien ne s’est passé En vérité. La torture C’est surnager au fond tout au fond Sous les tréfonds d’un océan solitaire Que la tête a ouvert dans son imaginaire…
Remonte-moi Dany Vers la sirène maman Enceinte tous mes enfants…
+ La torture C’est choisir quand même Entre la vacuité et l’enfer Entre la fourche et le fer. La torture Préfère nous contempler écartelé Sur le bûcher de la noyade Broyé dans la gueule monstrueuse d’un daurade…
Éden-moi Dany Dans les bras de la Vierge maman Parmi les angelots tous mes enfants…
+ La torture C’est la sublime histoire de rencontre du tailleur et du maçon, D’un Mano* frigorifié Avec un Mano* exilé. La torture Fait refermer les quatre bras sur soi Pour que le corps se repose soulagé Oui la torture fait quand même rêver… Garde-moi Dany Contre ta poitrine maman Je suis votre enfant un parmi tous vos enfants…
+ La torture C’est en athée Se trouver juger devant le Saint-Office Pour la clope et les délices. La torture C’est payer très cher Son Enveloppe sa laideur Ses maigres pêchers sans fleur…
Canonise-moi Dany Conçois-moi maman En tout petits flocons blancs tous mes enfants…
+ La torture On se crée tout un monde Sans mot dire : Une Œuvre un souvenir. La torture On y guette le Râle Dans la tuyauterie Les failles d’un système l’hypocondrie…
Guéris-moi Dany Miracle-moi maman D’étoile en étoile tous mes enfants
+ La torture Faudrait tout astiquer Se nettoyer le chou-fleur A l’eau d’un pleur. La torture On jettera le filtre On ne gardera que l’Essence La forme liquide l’élégance à Florence…
Lave-moi Dany La féminine cervelle maman Au savon Cadum tous mes enfants…
La torture On voudrait que je m’y laisse choir Même si le verbe laisser n’est ici plus qu’un souvenir, L’empreinte d’un rire. La torture Elle voudrait me suicider D’un coup sec par temps aride En me jetant tout plein dans le vide…
Garde-moi Dany Sur la Terre maman Avec tous mes tourments tous mes enfants…
* De l’ouvrage de Mano Solo Joseph sous la pluie pp74-75-76. Brignais, 26-27-28-29/04/2011.
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