Lettre à mon Jo.

Date 10-03-2023 19:19:53 | Catégorie : Annonce


Lettre à mon Jo.
Brignais, le 15/04/2012.
Mon Jo,

Je t'écris de nulle part.
Je ne me présente à toi qu'à moitié.
Brisé,
Fantomatique,
Je me laisse aller à la pluie,
A la giboulée d'avril,
Aux vents mous...
Je vais je viens je repars je me traîne,
Sans aucun but...
Je ne me souviens que vaguement de tes vagues de feu en plein Décines...
D'ailleurs, j'ai peine à me souvenir.
J'ai du mal à canaliser mes pensées jusqu'au Delta.
Seule persiste la cigarette qui, elle, n'oubliera pas de se consumer...
Mes réflexions mes rêves sont restés là-bas dans ton cercueil, en vrac.
Je n'ai souvenance de rien.
Rien.
Rien que les reliquats fanés d'une colère violente,
Rien que le versant très lointain d'une haine débordante.
Je suis vide, hors d'usage.
Je ne me souviens plus de notre amour.
J'ai peine à me ressouvenir...
Je peux quand même forcer la porte mais ce n'est pas du jeu...
Je t'aime mon Jo.
Je t'aime et mon amour pour toi reste brumeux, nébuleux, impressionniste,
Sans contours nets,
Sans dessin visible de près ou de loin.
Mon amour pour toi est une suite chaotique de touches de peinture,
De taches de sang sans saveur physique où m'agripper...
Mon amour pour toi est enveloppé dans les fumées épaisses d'un frimas massif...
Je t'aimerai mon Jo.
Car l'amour sera plus fort que le brouillard,
Car le Filtre tenu par mon mal tombera bientôt sous les attaques et les exhalaisons répétées de la
Tendresse.
Je t'aimerai puisqu'on ne me laisse à présent t'aimer visiblement,
Pleinement.
Je me souviens surtout de toi comme d'une peinture non-léchée inachevée qu'on aurait commencée
simultannément sur des parties éparses de la toile...
Je me souviens de toi par flashs douloureux, ponctuels et esseulés, sans suite logique...
Ô mon Dieu, accordez-moi par pitié une défragmentation complète de tout mon système de
souvenance, de tout mon Mémorial en friche...
Je t'aime mon Jo et c'est mon Écriture qui me le fait dire depuis les voiles de mes Ténèbres qui
étouffent cet amour en l'enveloppant de drapés, de linceuls encombrants...
Je t'aime et c'est tout ce qui compte...
Je t'aime.
Laisse-moi à présent te caresser éternellement de la main des lettres...
Yohann.



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