S'il me fallait...

Date 18-04-2023 16:44:15 | Catégorie : Poèmes


A Maria, ma fiancée étrangère


S'il me fallait écrire mon amour,
Ce seraient d'abord appétence, rets pailleté de sienne, d'ocre et de manganèse de l'iris impétrant, margelle des Danaïdes, humeur à contre-vitre.
Ce seraient invite ductile, jonc chantourné du corps qui berce, chef dérobé couvé devers verse giron.
Ce seraient faiblesse et puissance perlées du premier contact, en cinéma muet.

S'il me fallait, s'il me fallait écrire mon premier amour,
Ce seraient d'abord rencontres secrètes, sous couvert de jardin, tôles tremblées entre hune et houle, et tonnelles votives sous Séléné.
Ce seraient hoquets de mots démâtés, impromptus picaresques, sitôt interrompus par une présence
Que l'on sait complice, mais qui brise le rêve tout en l'encourageant.

S'il me fallait écrire mon premier amour,
Ce seraient adjurations semeuses de confusion. Objurgations xénophobes !...
Non pas celles qui décident pour vous, ni jalousie, arbitraire paranoïde,
Mais ostracisme et déni, pour n'avoir pas vécu, vomissements atrabilaires, amours décrépites.

S'il me fallait écrire mon premier amour,
Ce seraient sentes, culs de sac, gaillard d'arrière, où l'on se réfugie en louvoyant pour échapper au monde, gouverne d'étambot.
Mais où l'on vous surprend, aubade champlevée, pupilles à contre-champ, œillade chavirée,
Qui vous blessent comme si vous aviez laissé entrevoir, fourbe et féline, une fêlure caudine.

Il est fragile le premier amour quand les regards familiers
Duplices, libertins, taisent votre détresse ou conseilleurs, liberticides, se font accusateurs !
L'écheveau se désaccorde aux épissures de chanvre et votre amour défaille malgré son innocence.
Morgane n'a que faire d'une novice qui s'attable pour prendre langue en refusant le vice.

Où êtes-vous ? Fantômes coutumiers ! Qui consentiez et ne consentiez pas !
Dedans vos chapelles de marbre jaune et vert, remémorez-vous, il est trop tard aujourd'hui !...
Et je suis trop faible pour pleurer, cependant je me lamente. Lâche, je fuis,
Affrontant la tourmente, afin de me consumer bien en-deçà des flammes ardentes...




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