Je me présente...

Date 16-10-2012 01:00:00 | Catégorie : Nouvelles


J'ai poussé comme une fleur sauvage sur un tas de fumier...
Non non, je m'égare! la vérité est plus simple.
Je suis l'accident, le n°5 (pas de Chanel) après le seul garçon tant désiré.
Depuis l'époque lointaine ou je n'étais qu'un petit sac de cellules s'organisant pour donner un sens à cette rencontre qui ne devait pas forcément fructifier, j'ai ressenti la détresse de ma mère, qui avait atteint la quarantaine, sa fragilité! et c'est alors qu'en poussant mon premier vagissement, je me suis pour la toute première fois excusé; depuis lors je n'ai pas cessé! J'ai pressenti comme une urgence, malgré cet amour que je leur arrachais , de m'excuser de tout et surtout d'exister.
Alors que je n'avais que quelques mois, six tout au plus, j’eus à flirter avec la mort, toute naissance sonne comme une condamnation mais de cette rencontre bien trop précoce mon regard à gardé l'empreinte.
Mes soeurs quittèrent tour à tour le petit noyau familiale et je devins très vite et très tôt avec ce frère prodige de deux ans mon ainé, la seule jeunesse de traîne au logis de mes parents fatigués.
Sans amis et sans famille, ou si peu!
Ma grand-mère paternelle Charlotte, son indéfectible amie bigoudène
échouée aux galeries lafayette où ma grand-mère passa quarante cinq ans à se ratatiner, en sachant qu'à la base elle mesurait un mètre cinquante à tout casser.
Petite, il y avait un ou deux des frères de ma mère mais je ne me souviens que de celui qui partageait mon jour et mois de naissance et qui décida de partir brutalement, dans la fleur de l'âge faute de trouver un sens aux épreuves de la vie, au mieux il y vit un répit (définitif).
Les filles de ces oncles, cousines et lointaines, habitant dans les Pyrénées, ville de Pau ou ce cher Henri de Navarre naquit en son château, je ne les vis que peu de fois, pas assez pour nous construire des souvenirs communs.
Du coté de mon père, qui était orphelin du sien, depuis l'âge de 7 ans, je n'ai connu que l'oncle Marcel et sa femme Caroline tous deux sans enfants, déjà bien vieux dans les quatre vingts ans, vivant à Tourette sur Loup et racontant en boucle les souvenirs traumatiques d'une guerre de tranchée.
Pourtant mon grand-père paternel était issu d'une grande famille de vingt et un enfants! trois d'un premier lit et dix huit du second.

Arrivée à quinze ans après maintes péripéties, je me suis trouvée devant un choix difficile impliquant mon avenir et mon salut, choix réduit en vérité sur les conseils de ma mère qui avait assisté passivement il me semble, au profond ennui qu'en général l'école m'inspirait; aussi me dit-elle, quand le moment de l'orientation fut venu et que la clique professorale eut tranché me poussant en seconde AB, "tu n'es pas faite pour les études, cela se saurait, tu es si influençable! regarde ce que la philo a fait de ta soeur Évelyne( bac de philo, artiste peintre écorchée, torturée mais qui a tout de même su garder ses deux oreilles) "ça ne l'a pas arrangé!" entrer dans la vie active est bien mieux finalement et te correspond davantage tu perdras moins de temps."
Elle a cru bien faire, on ne connait jamais réellement ses enfants, je pense qu'en réalité elle s'était essoufflée.

La liste était courte et les métiers peu attirants, j'optais pour le "moins pire" et le moins salissant! Esthéticienne donc je serai, tentant de me persuader que ma douce mère avait raison et que là se trouvait la solution , je me retrouvais Allée Auguste Renoir à Nice Magnant.
Deux années de torture! en prime je n'étais pas franchement du genre populaire, du genre qui se met en avant ou alors pour faire le pitre.
J'étais la petite qui faisait de l'humour au fond de la classe en s'ennuyant, pas sûr d'elle même, honteuse la plupart du temps,
trop timide, avec à l’intérieur un océan d'émotions de questions à combler.
Les cours terminés, j'aimais par beau temps descendre à pied la rue de France pour rejoindre la place Masséna en faisant un petit crochet par les galleries lafayette où planait comme une promesse de félicité, un avant goût de liberté.
Place Masséna je montais dans le bus qui n’emmenait loin de ce qui me semblait être un autre monde et je retrouvais le quartier de l'Ariane ,ses tours et ses tourments.

CG



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