Le coq des saintes

Date 13-12-2012 09:50:00 | Catégorie : Nouvelles



La nuit était très claire.
Aux alentours de Minuit,
Nous décidâmes de concert
De regagner enfin nos lits !
Au seuil de nos gites sommaires,
Et malgré nos membres fourbus,
Nous nous tournâmes vers la mer,
Comme pour un dernier salut :
Devant nous, la baie s'étirait
Sous la caresse de la lune,
Nous étions proches de Morphée,
Mais ensorcelés par Neptune.....
C'est alors qu'un coq a chanté
- Si lumineuse était la nuit ! -
L'inopportun gallinacée
Nous vola sommeil et magie !

Nous sommes aux Saintes, petit chapelet d'îles (îlets) des Antilles Françaises, sur la Mer ces Caraïbes, rattachées à la Guadeloupe. Seules, deux de ces îles(Terre de Haut et Terre de Bas) sont habitées par une population (environ 4000 habitants) dont la particularité est d'être métissée, blonde aux yeux bleus. Certains d'entre eux sont des descendants d'aristocrates ayant fui la France en 1789. Les autres sont des marins émigrés, bretons, normands etc.. Le gros problème est que ces habitants vivent "en vase clos" (!), il y a un grand nombre de mariages consanguins, ce qui entraîne de sérieux handicaps parmi les enfants !
Les autres handicaps - acoustiques ceux-là - des Saintes, sont les coqs qui prennent la nuit pour le jour et vous cassent les oreilles jusqu'à l'aube !
Dans l'histoire qui nous intéresse, nous étions avec mon frère et son épouse qui avaient tenu à nous faire connaître les Saintes, durant notre séjour chez eux en Guadeloupe.
Et la suite de ce récit me direz-vous ? Et bien , la nuit enchanteresse et paisible s'est terminée en combat contre un ennemi tonitruant, mais invisible : le cocorico initial ayant été proprement supprimé par mon frère qui l'avait localisé dans un jardin voisin, abattu sans douleur par le"coup du lapin" (le coup du lapin pour un coq !)

Le pire était à venir, le premier chanteur occupait sûrement un rôle de prédilection dans cette petite communauté de volatiles, quelque chose comme Roi ou Délégué Syndical des Poulaillers : après un instant de répit, la cacophonie est repartie, s'est amplifiée, ça "cocoricaner" partout, du Nord au Sud, Terre de Haut, Terre de Bas, proches de nous ou beaucoup plus éloignée. Les bestioles s'époumonaient, protestant ainsi vigoureusement contre la disparition de leur porte-parole (!) :
Ils nous ont carrément pourri la nuit !!!!
Mon frère - cuisinier de son état - écroulé sur un banc, rêvait tout haut de coq au vin, soigneusement découpé, mijoté aux petits oignons !!! durant ce temps
le charivari se poursuivait, et cela bien après l'aube : je suppose que lorsque la nuit était terminée, les stupides bêtes devaient assurer leur service du matin !!!
Nous sommes partis vers midi, épuisés, déprimés, sursautant au moindre cri..... Dans l'ombre, des petits yeux hypocrites nous guettaient et d'horribles becs crochus se tenaient prêts à s'ouvrir pour nous souhaiter "Bon voyage" !
Depuis notre aventure, il y a beaucoup moins de coqs aux Saintes... et beaucoup plus de touristes !

La Baie des Saintes est magnifique : elle est entrée, en 2001, dans le cercle (très fermée) des plus belles baies du Monde !
Je vous le conseille, si vous le pouvez : allez-y et n'oubliez pas - on ne sait jamais !- vos bouchons d'oreilles !!
COCORICO !

Danièle NOUEN





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