Souvenirs

Date 19-02-2012 19:39:13 | Catégorie : Nouvelles


Je me suis assoupi deux secondes, et lorsque j’ai ouvert les yeux je l’ai vue, dans ce salon remplit de couleurs du sol au plafond je ne voyais qu’elle. Je me trouvais assis dans mon fauteuil face à elle, allongée sur le canapé elle avait les yeux fermés, je n’ai jamais compris comment il se pouvait qu’elle dorme d’un profond sommeil et pourtant garder ce sourire qui lui est si particulier, un sourire que je n’oublierais jamais de ma vie.
Allongée devant moi je ne faisais pas un bruit et aucun son ne sortait de mon être car je voulais que cet instant ne s’arrête jamais, que cette image paisible qui se dévoilait devant moi me reste à jamais gravé dans mes souvenirs, mince ! Qu’elle était belle en cet instant.

Je me suis assoupi trois secondes, et lorsque j’ai ouvert les yeux je l’ai vue, mon dos me faisait si mal car j’avais passé la nuit sur une chaise en métal et aucune pensée ne me traversait l’esprit. Je me trouvais assis devant elle qui était allongée sur le lit d’un blanc pur, ses yeux fermés elle dormait d’un sommeil extrêmement profond mais une chose avait changé et je comprends ce changement.
Son sourire avait disparu et à présent je voyais vraiment son visage, un nez fin caché par des lèvres pulpeuses, cependant autre chose avait changé, sa chevelure brune autrefois resplendissante n’était plus et son crâne était à découvert, à la vue de tous.
Allongée devant moi un seul son sortait de son être, le bruit lourd de sa respiration qui s’actionnait toutes les secondes. J’aurais voulu que cet instant n’est jamais lieu et que cette image si choquante ne se grave jamais dans le fin fond de ma mémoire, tout aurait pu porter à croire que cet instant que je vivais en ce moment même n’était qu’une répétition d’un instant ancré dans ma mémoire depuis bien longtemps, tout sauf ces tuyaux qui, rentrés dans son corps acheminaient de l’air, de la nourriture, et en fait la faisait vivre même si plus aucune âme n’était dans ce corps.
Je t’en conjure ne pars pas.

Je me suis assoupi quatre secondes, et lorsque j’ai ouvert les yeux je l’ai vue, mes yeux gorgés de larmes et aucune force pour dire un mot, encore assis sur une chaise en bois cette fois ci j’étais à nouveau en face d’elle, elle était allongée devant moi, les yeux fermés. 
Seulement une chose avait réussi à me faire sourire, sur son si beau visage se présentait à nouveau son sourire, un sourire qui pouvait faire tout oublier et en même temps rappeler d’anciens moments de tendresses et de bonheurs.
Allongée devant moi seul un silence se profilait dans cette pièce lugubre et abondamment sombre, des milliers de pensées déambulaient dans ma tête mais je n’avais aucune envie, aucune force d’essayer de les capter. J’aurais voulu que cet instant ne se présente que bien après toute une vie de bonheurs simples et d’un amour consumé jusque la dernière seconde, j’aurais voulu que cette image qui me remplit de tristesse ne se grave jamais en moi.
Tout concordait, tout aurait pu faire croire à un ancien souvenir que j’ai du mal à me remémorer, tout sauf peut-être toi dans cette si petite boîte, sans aucun signe de vie.
Je t’en prie ne pars pas.

Je me suis assoupi cinq secondes, et lorsque j’ai ouvert les yeux je n’ai rien vu, ma bouche sèche, mes yeux rouges et plus aucune envie de bouger, d’être actif, cette fois c’est moi qui suis allongé, dans un lit d’une couleur bleue troublante.
Je ne souriais plus, je ne mangeais plus, je ne pensais plus. Plus rien au monde ne me retenait à vivre ma vie comme les autres à présent et j’étais devenu inactif, je n’avais qu’une seule chose en tête, un vieux souvenir dont j’ai du mal à me remémorer aujourd’hui. Le temps à fait son œuvre et je ne pense pas pouvoir me le remémorer aussi détaillé qu’auparavant.
Une image en réalité, celle d’une femme allongée dans un fauteuil, ou un lit. Même des fois je crois voir un cercueil, enfin bref sur cette image cette femme a quelque fois un sourire qui me fait pleurer et quelque fois son sourire disparait, je vois alors son visage et je pleure.
Devant moi se présente un plafond blanc qui la nuit tombée disparaissait au profit d’un ciel étoilée et étincelant et dans cette si belle nuit j’essais de garder cette image en moi, en vain j’essai de graver cette image dans ma tête mais qui malheureusement disparait quand le soleil se lève.
Ce moment que j’essais en vain de garder quelque part au fond de ma mémoire pourrait être parfait, tout sauf peut-être ces lanières qui jours et nuits me serrent fortement contre mon lit en attendant le passage d’hommes et de femmes dont les visages ne m’atteignent pas et ne m’atteindront sûrement jamais avant ma fin.



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