La clé des hallucinées (Partie 4)

Date 16-02-2013 21:28:06 | Catégorie : Nouvelles confirmées


"Me voilà happer par un courant d’eau, un mur d’eau semblable à une vague qui m’emporte au loin. Je manque de peu de me noyer, l’eau rentre dans mon corps si fragile. Puis, plus rien."


Debout les yeux fraîchement ouverts, la bouche ouverte. Du sable et du vent qui s’entremêlent encore et encore, on croirait voir un ballet, un ballet magnifique.
Comment cela se peut-il ? Une tempête de sable peut-elle paraître si belle à des yeux tout justes ouverts ? Une danse si effroyable et si violente, des secousses qui créent des tornades gigantesques plus hautes que les seuls buildings que j’ai pu voir dans ma vie, un spectacle à couper le souffle. D’ailleurs mon souffle, je ne le sens plus ou du moins je ne le sens pas. Un paysage fascinant et pourtant j’en ai peur, surtout lorsque j’aperçois le ciel : marron claire voire sépia tout juste au-dessus de ma tête mais si sombre non loin. Le choc sera terrible et je le sais d’avance.
Devant moi seul le sable se présente, comme si le monde n’était que recouvert de sable, un grain posée sur une plage qui serait notre univers. Le sable quelque peu bousculé par des tornades, des cyclones, des tempêtes. Et pourtant j’y vois dans ce sable, je reconnais mon reflet, mes cheveux bruns tout ébouriffés, mon front si lisse. Puis je pose mon regard sur mes sourcils disparus, étrange mais cependant moins que mes yeux, à en croire ce reflet ils n’ont plus de pupilles et ils sont injectés d’un vert à la limite du fluo. Étrangement sa me fait rire et je ne sais pas pourquoi, puis je décide de descendre encore vers mon nez si fin, mes lèvres si sèches qui bordent ma bouche et enfin mon menton, paysage de ma cicatrice. Oh bien sûr on ne la voit plus depuis le temps mais moi je le vois encore et toujours, je sais qu’elle est là malgré qu’il n’y ait plus aucune trace physique mais je sais qu’elle est là, je la sens. Il m’arrive de la sentir encore me gratter, peut-être comme un membre fantôme quand on a perdu son bras, pourtant je ne suis pas « Edgar Freemantle » mais je la sens encore.
Le côté ciel sombre que j’ai aperçu s’est rapproché, je peux à présent voir les nuages noirs, menaçants et si sombres. J’en ai peur de ces nuages noires mais pourquoi ? Je réfléchis : ciel sombre, nuages noirs donc … pluie oui mais je n’ai pas peur de la pluie, alors pluie … orage, tonnerre ! Le tonnerre me terrifie, je le crains depuis toujours. J’en ai si peur que s’en est une phobie.
Si je m’en rappel bien je devais avoir dix ou onze ans, c’était en début d’après-midi, début des vacances d’été. Je me rappel de la terrasse de la maison avec sa table et ses chaises en plastiques, un banc blanc dans l’herbe juste devant. Deux grands arbres sur la gauche puis une haie qui bordait la cour laissant comme arrière plan un paysage splendide. Des champs à perte de vue, fraîchement verts bordés par des coquelicots. Un grand soleil pour raviver tout ça, la cerise sur le gâteau. Cependant le soleil n’a pas duré, des nuages noirs pas très loin, comme ceux que je viens de voir. Des bruits comme des coups de fusils tirés à des kilomètres, à faire trembler la Terre. Le soleil se cachait derrière ces gros nuages, le chien de la famille qui lui aussi se cache en tremblant. Les coups se rapprochent, on les entends chuter sur la Terre non loin de la maison, mes parents ferment toutes les fenêtres et allument la télévision en attendant que ça se passe. Je décide d’aller m’asseoir non loin de ma mère sur le vieux sofa. C’est à mi-chemin que … Il y eut comme une explosion, comme un feu d’artifice tiré à côté de moi. L’espace d’un millième de seconde la foudre a traversé la maison explosant tous les objets électriques raccrochés à une prise, les chauffages se sont allumés avant d’exploser puis … plus rien.
C’est arrivé, les nuages noirs sont entrés en collisions avec le ciel jaunâtre/sépia. Un choc puissant en a résulté et des milliards de gouttes de pluies mélangées aux grains de sables se sont retrouvés mélangées et tombant comme des fragments de météorites sur le sol, vers moi. Tout d’un coup c’est comme si une barrière qui me protégeait avait céder et laissé le sable me toucher, les milliers de grains se sont jetés sur moi avec violence, les tornades se sont déchaînées avec colère contre mon corps, la pluie s’est effondrée sur moi tel le vent qui détruit un château de cartes.
J’ai fermé les yeux, je n’ai pas crié. Je n’ai pas ouvert la bouche, j’ai juste pleuré.

*Freemantle : Stephen King - Duma Key.




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