Chimère d'un morceau de papier 1/3

Date 03-03-2013 12:40:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


(« Chimères d’un morceau de papier » est un ensemble d’une dizaine de textes écrits à diverses époques que j’essaye d’arranger au mieux depuis un temps certain…)

***
Ecrire

Ecrire ? Pourquoi écrire ? Pourquoi vouloir passer au filtre de papier sa propre histoire ? Le quotidien n’est que bouillons que l’on bredouille sans trop y croire quand tous les mots sont borborygmes. Dis-moi la vie à quoi ça rime ? Alors, qui pourra m’entendre lorsque bouillonnent les entrailles ? La vie a toujours eu pour moi ce gout si tendre, ce doux-amer cette demi-lumière dans laquelle les doutes prolifèrent comme les Dieux incréés. Je voudrais traverser le vitrail et à jamais m’étendre sur un tapis de chimères de feuilles talées. Chimères d’un monceau de papiers.

***

Et toutes ses choses qui sont honnies

J’avais gardé là dans un coin, pour mes vieux rêves, un coffret (une boîte à secrets, si tu préfères).
J’avais pour moi ce doux silence, cette lancinance et toutes ces choses qui sont honnies, tout ça c’était comme l’agonie, comme un onguent et ça m’allait comme un vieux gant. Toute la journée, je ne faisais rien. J’étais dans mon jardin.
J’avais en moi ce doux cocoon de ouate sensible où je restais inaccessible et déphasée ; là je venais me reposer du monde cru, de tous ces cris, des crissements et des klaxons et des sirènes qui résonnent. Ça m’insupporte, si tu savais.
« Madame, vous faites une dépression. »
Je sors du cabinet en claquant la porte. Des pressions ? Dépression ? Mais pour qui se prend-t-il, celui-là ?

***

C’était la dépression


Ni blues ni déprime
Avec des hématomes
D’une saveur atone
Jusqu’au tréfonds de l'âme
Et le cœur hémophile
Coulait, larmes de sang

Cela ne prévient pas
Comme un lent cataclysme
Comme une hécatombe
Qui prend, doux, par le bras
Emmenant par le fond
Comme on noie un enfant

- Comment est-ce possible ?
Pas vous, bonne dame !
Disent les braves gens.
Ils voient en vous le spectre
De la folie mentale
Et s'éloignent d'un pas
Ostensiblement

Je n'échangerais mes larmes
Contre la bienséance
Elles font partie de moi
Et je leur dis « merci »
De m'avoir rendue folle
C’est un bien grand service
Dans ce monde de fous

Je n'échangerais mes larmes
Contre tout l'or du monde,
Contre tout l'or du monde,
Contre tout l'or du monde.






Cet article provient de L'ORée des Rêves votre site pour lire écrire publier poèmes nouvelles en ligne
http://www.loree-des-reves.com

L'url pour cet article est :
http://www.loree-des-reves.com/modules/xnews/article.php?storyid=1818