Aveu d’une enfance

Date 11-03-2013 13:00:00 | Catégorie : Poèmes


Aveu d’une enfance

Ahmed Khettaoui/ Algérie


Ces trois boules de neige
Ont du mal a nourrir
trois bouches affamées
de-ci de-là, ces trois boules de neige
sans éveiller les poules du fermier
sans faire du mal à oncle jardinier
nous jouâmes au rosiers .
là-haut, dans la forêt.
dans des trous bien troués
près du puits , et de la fontaine
on faisait les rats et les fourmis .
on faisait le chat et la souris
les filles à la corde .
et nous à la ronde
autour de l'oncle jardinier.
aux alentours de la fontaine
on formait deux douzaines
de soldats et de guerriers
Comment se fait-il ,que les poules
Du jardinier sont-elles bien aisées
On disait..
On disait
Comment se fait-il que les rondes
Des guerriers , effrayent notre fontaine
Et que les poules du voisin se régalent
Et les nôtres mâchent les mouches
Et la paille ?
c’est comme ça ,qu’ on jouait
qu’on disait .
qu’on disait
Que peu importe ..
Soit un couffin de paix
Ou un sac de semoule
Soit un sac de farine .
Ou la tresse de Jacqueline .
Quand on voyait un soldat bien armé
On ne cessait de pleurnicher
On guettait le facteur
Qui nous amène des bons de tombola
On guettait le soldat en civil
Qui nous offre du chocolat
On applaudissait Charles De Gaulle
Et sa cinquième République
On jouait du hippique.
Jusqu’au point cardinal.
Murmurant :Père Cardinal .
Sans se rendre compte de l’historique
Des Empires dépecés ou des Évêques
C’était notre innocence..
C’était notre enfance .
On jouait au jalon
Entre Chrétiens et musulmans
Dans un univers angélique
C’était notre planète enfantine
Sans haine ou rancunes.
On l’appelait :Général ..Général .
c’est comme ça qu’on jouait
on complémente : l’ange blanc
Charles De Gaulle , l’ange blanc
C’était la réalité enfantine
C’est comme ça qu’on raisonnait
aux alentours du bosquet .
C’est l’innocence enfantine
C’est l’aveu enfantin
Notre aisance faisait notre naissance
Faisait notre plaisance
Au fil du temps
On lisait les bouquins
On appris que Jeanne d’Arc
La Pucelle d’Orléans
A été béatifiée à Rouen
A été jugée et brulée
Au détriment de notre enfance
Telle quelle était imaginée
Dans nos p’tits cœurs
Qui reflétaient sur notre mémoire
Dans notre monde enfantin.
On jouait à la recherche de ses cendres !!!
On chantait Saint- Crépin et ses monts
Pour réchauffer notre repas
Au fil du temps nous découvrîmes
Que Marc Antoine(1) a supplié
notre reine Cléopâtre
On jouait « Roméo et Juliette »
comme ils étaient imaginés
Dans notre petite cervelle
Enveloppés de passe-montagnes
Juliette, coquette ,couronnée d’un bonnet
Et Roméo en jaquette
Vêtus d’un « amour » eternel .
Dans un petit « janvier »grelottant.
leurs joues bien gelés
On trottait de-ci de-là
Garçons et fillettes
Entre rives, champs , et bosquets ..
Sur notre large petit pont !!!
On réveilla oncle fermier
Et ses quelques « poulettes »
on s’y croyait au paradis.
On s’étendait près du lac .
on répétait que Jeanne d’Arc
était, lâchement, brulée
au fil du temps on pleurait ..
on pleurait
le monde accablé d’orphelins .
de guerres et de miracles ..
Sur la pente de neige ,on jouait,
couronnés de passe-montagnes ,
confession et absolution
sur nos p’tites joues .
enjouées , bien rougies .
Dans nos pensées ,
les boules de neige .
Voilà je vous livre mes secrets .
Bien sucrés :
L’aveu de mon enfance
tel qu’il est .
Et maintenant , il faut que je m’en aille
Il me reste qu’un souci :
Eteindre les larmes de Jeanne d’Arc..
Consoler Hugo ,et ses misérables
Consoler son héros , Jean Val jean
Et son parcours redoutable .
Rebrousser mon enfance
Et sa joie ..
Qui en faisait , l’abri et le toit
Du monde amassé de tromperies
Il faut que je m’en aille ..purifier notre voie
Pleine de larmes et de failles
Il faut que je m’en aille.
Car le vent souffle à mes oreilles .
Il faut que je m’en aille ..
Dorloter ma « Juliette . »
Qui m’attend à coté de la fontaine ..
Il faut que je m’en aille ..il faut que je m’en aille .
Désolé , sans dire au revoir .
Car le vent souffle à mes oreilles .
Car le monde ruisselle son sang ..
Et ses drames .

*Ahmed Khettaoui

Note/(1)Marc Antoine (Voir Cléopâtre)
2) Jean Val jean /héros/ (les misérables )
De Victor Hugo

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