Mars

Date 02-04-2024 21:20:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


Le soleil de Mars, ce fainéant
A inondé ma fenêtre
Et fait pâlir mon écran.
Travailler !
Mais, que tu es bête !
Mais, viens,
Viens reposer ta tête
Allez, zou !
Dehors fous le camp
Avant de devenir blette.

Viens voir
Je t'invite, avec mon ami le vent.
Dans notre lumière de fête
L'air neuf est flamboyant
Nous avons dans les arpents
Redoré les pâquerettes
Monte ton col, prends tes gants,
La tramontane folle partout furète
Elle siffle comme un chat huant
Respire à fond, fils ou fillette
Elle colore tes pommettes
Elle te brûle les sangs
Et te fait plus vivant.

Viens voir
La précieuse aigrette
Et gentille alouette
Vocalisent, trillent, cuicuitant
Cherchent coquettes
Dans les bois, les champs,
Après l'hivernale disette
Un mari ou un amant.
Ta rivière se frisette
Luit, se ride d'argent
Et la caille caquette
Sous les roseaux dansants.
Et le miracle reprend
Dans l'oeuf croisent les gamètes
Canards cygnes et mouettes
Bientôt seront parents.


Viens voir
Les eaux froides de Mars
Qui bisent le soleil en giboulant
Et croustillent l'hiver méchant
Secrètes, discrètes, cliquettent
En brisant le sol glaçant
Et fendent pour une fleurette
Les miroirs glissants.
Eaux de Mars têtues que rien n'arrête
Coulent lentement, inexorablement
Liment, usent vont à la conquête
De la résurgence du vivant
Cet habituel miracle incessant
Quand la vie guette
Le regain de couleurs et de chant

Viens voir
La terre qui fait ses enfants
Sous le ciel cyan :
Elle décachette
Et libère de ses flancs
Jonquilles, tulipes coquettes.
L'épine blanche pointe ses piquants
Mais sensuelle éblouit le poète
L'ensorcelle de son effluve odorant
Les cerisiers sauvages émiettent
Leur coton rose à tous vents
Les amandiers blancs
Tous doux se duvettent.
Les saules apprêtent
De soyeux chatons collants.
Le jaune forsythia brillant
Sur la prairie froide volette.
Jaune, rouge, ors, ardents
s'apprêtent.

Viens voir
Ton chien courir en aboyant
Ébouriffé et gueulant
Pour faire la fête
Aux premiers engoulevents
Il court, court joyeux, soudain, s'arrête...
Et repart, file comme un dément.
Ce fol fait la course avec le vent.
Vive comète ou girouette pompette.
Ce coach t'invite au mouvement
Reclus depuis belle lurette
Tu peines alourdi, sans élan
Le méchant miroir te dit trop rondelette !.

Viens te vois-tu ?
Souffle court trop pesant
Tyran, ton régime amaigrissant
Tu le sais ne vaut pas tripette
Alors, bouge, va gitan de Canaan à Ceylan
Ne reste plus dans ton oubliette
Dans les airs où ce chenapan vent d'autan
Saute, cours, vis heureux, bel athlète.
Suis les elfes et les Korrigans.
Sur la lande, la garrigue dans l’origan.
Jusqu’à l'horizon, cachette
Où vivent tes rêves d'enfant.


Oui, viens, sors,
Dans l'air glacial et feulant
Dans ce frisson frôlant,
Joues rouges sous ta casquette,
Ton Å“il furette
Dans l'herbe fraîche il quête
Le bonheur odorant, si charmant
D'une primevère ou d'une violette...

Oui, viens, sors
Quitte ton écran,
Ton bureau, ton divan
Je t'invite,
Moi Mars,
Quand l'ombre s’arrête
Promesse de fête
Je suis le printemps

Loriane Lydia Maleville




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