Merci

Date 05-03-2012 17:30:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Merci

Aujourd'hui Montpellier s'est vêtu entièrement de gris.
Les rues, les trottoirs, toutes les allées brillent d'une humidité froide et maussade qui les assombrisse d'une lumière triste.
Les passants glissent prestement, rabougris, sans mots, enfouis sous leur manteaux, cachés sous leurs longues écharpes, et chapeautés jusqu'aux yeux.
Le vent froid les poussent en sifflant le long des murs,et vers les toits, tout en s'enroulant entre les arbres dénudés.
Ramassés sur eux mêmes les aventuriers de l'hiver gardent leurs visages baissés, le nez vers le sol et tentent d'absorber le moins possible de cet air froid et lourd.
Les platanes toujours aussi nus depuis de longues semaines brandissent leurs maigres bras d'écorce vers de longs nuages sombres, ils semblent tendus vers ses nuées cotonneuses qui courent vives et rapides sur un ciel de fond gris clair, là, juste au dessus de nos têtes.
Dehors c'est le silence retenu et le jour est suspendu dans l'attente de la nuit complète qu'anticipe le clair obscur des cieux.
La vie est en attente.
Derrière ma fenêtre je regarde avec volupté les rues attristées et vides.
Je vois au milieu, la rivière qui serpente et clapote nerveusement vers la mer proche, sous les frissons et les remous de la houle.
Je regarde les berges détrempées, couvertes d'herbes vertes, entre les plaques de boues.
Mon regard s'attendrit sur les canards, frileux.
Ils se sont rassemblés sur les rives herbeuses et détrempées du Lez, Ils s'agglutinent en petits tas pour tenter de se réchauffer et de se protéger l'un, l'autre.

Il y a des gouttes d'eau sale et froide sur mes vitres. Là, spectatrice protégée, derrière ma fenêtre bien close, je goûte avec un infini délice, comme une gourmandise délicieuse, ma chance de sentir la chaleur douce de ma "maison".
Mon cocon est bon.
Ma porte est solide, dans ma cuisine, il y a de la nourriture, il y a des réserves de pain, il y a des fruits, et, au dessus de mon canapé moelleux vit le cercle de la douce lumière de la lampe, de mon robinet coule de l'eau chaude pour mon bain que je parfume à mon gré, dans mes placards attendent des piles de jolis vêtements, sur mes étagères sont alignés mes livres et les photos de ceux que j'aime, sur la table des fleurs parfumées, dans mon lit des draps doux.
Sur mon bureau, les jolis papiers, les stylos, l'écran de l'ordinateur, mon clavier pour écrire et le téléphone qui me relie à mes semblables.
Et, enroulées sur mes genoux, douces, chaudes, deux petites boules de poils qui me lèchent et me câlinent.
Mais, mais,......

Mais, Où sont les les malheureux sans toit?
Où sont les misérables sans maison ?
Où sont les pauvres abandonnés?
Où, comment, vivent-ils?
Où sont-ils couchés ?
Mouillés, transis ?
Pourquoi eux ?
Pourquoi moi ?
J'aime le bonheur,
il est venu tout seul.
Merci de me donner tant.
Merci la vie
Merci.

Lydia Maleville



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