Mordieu, peur bleue

Date 06-09-2020 14:10:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Mort dieu, une peur d'eux !!...

Les deux grosses bavardes roulaient tranquillement leur route, sans précipitation, le ciel noir les entourait, toujours froid mais les portant au sein de son épaisseur, il les emmitouflait de ses ténèbres rassurantes.
"Bonjour madame Azur, comment allez-vous ? "
"Oh! bonjour madame Cinabre, et bien, disons que cela ne va pas trop mal, et vous ?"
"Oh moi vous savez, je dois être patiente pour retrouver ma forme, comme vous le voyez, je suis toujours cramoisie, mais je ne me plains pas trop, il n'y a pas si longtemps j'étais encore rouge cardinal, et je ne pensais pas m'en sortir !".
" Ne vous inquiétez pas vous allez reprendre vie, vous verrez"
" Merci ma chère, je voudrais tellement retrouver mes belles couleurs, je voudrais tant redevenir aussi belle que vous, je vous envie, savez-vous ma chère que votre robe de Béryl et votre châle en saphir de l'Oural vous donne un aspect de déesse ?."
Madame Azur sourit avec modestie, mais elle savait bien combien sa beauté était remarquable, elle savait combien parmi toutes ses voisines qui tournaient autour d'elle ou à ses côtés, sa réputation de grande beauté était connue, connue même jusqu'aux confins de l'univers.
Au premier regard cette merveille, éblouissait tous les yeux posés sur elle, tous en la découvrant recevaient un choc devant tant de grâce éblouissante, elle faisait rêver et enchantait tout son entourage.
Madame Azur, savait que parmi ses nombreux charmes qui la distinguaient, elle possédait avant tout un atout merveilleux dans la brillance de ses couleurs chatoyantes, ce qui lui avait valu ce nom gracieux de Madame Azur, tant elle était brillante comme un cristal de roche reflétant tout l'azur de l'univers.
Ronde et douce, elle se déplaçait dans sa robe de saphir, elle s'enroulait dans son voile céruléen, et en son sein, sans les dissimulés elle nourrissait ses immenses océans, ces immenses tâches marines, d'émeraude indigo.
Ses éclats cyan et célestes faisaient d'elle une exception, Elle déclinait dans toutes ses nuances, dans toutes ses gammes l'azurite cristalline qui la distinguait de tous et toutes.
Amoureuse de sa carnation de couleur d'éméraldine, la jolie coquette concevait mais aussi gardait ses bijoux cérulés avec soin, et c'est comme cela qu'à chaque retour de son amant le soleil, on la voyait honorer le printemps en semant sur ses terres, des perles de beauté à son image.
On pouvait voir pousser, les myosotis, les pervenches, la guède mère des pastels, les bleuets, la lavande, et le subtil lilas auquel elle avait par ci par là ajouté quelques touches de maquillage rose, pour simplement agrémenter la nuance induline.
Dans le fond de ses mouvantes bleuissures liquides, outremer ou pers, elle cultivait secrètement, des gemmes précieux aux adularescence des pierres de lune.
Que celles-ci soient canard, roi, ardoise, pétrole, électrique... toutes ces cordiérytes, ces larimars, ces tanzanites ou corindons, s'entouraient des pierres de lapis-lazulis et tous jetaient leur éclats de diamants de ceylan, en brillance aussi rutilante qu'une aigue-marine brésilienne ou une opale de feu, on voyait l'Azur, en mille nuances, puissantes ou délicates, régner partout dans les eaux, sur les terres.
Tant de beauté et d'excellence lui avait laissé entendre que sans doute sa vie serait pour toujours épanouie et sans laideur, et la belle innocente tournait, tournait avec bonheur.
Et pourtant, voici que dans sa céleste nuit bleuâtre nappée d'ondes célestes, sublime, mais attristée Madame Azur connaissait depuis peu des affres inquiétants, en effet on pouvait à bien y regarder, voir ses cernes cyanosés comme un triste méthylène, assombrir son regard cristallin sous le cobalt qui noircissait sa fraîcheur azuréenne.

" Vous savez, Madame Cinabre, que je suis malade ? Je sais que mon image azurine ne laisse rien deviner, et voyez-vous, je n'ose pas trop en parler autour de nous "
"Je m'en doutais vous savez ? Oui j'en avais l'impression, mais qu'est-ce qui vous arrive ?"
"Et bien, ma chère, depuis 200 ans j'ai une une humanite aiguë"
"Oh ! mon dieu, ma pauvre !! Mon dieu comme je vous plains, Sainte mère, vous si belle !!! Vous le savez, c'est exactement ce qui m'est arrivé, et vous avez vu dans quel état mon humanite m'a laissée : cuite, vide, asséchée, déserte, plus d'air, plus d'eau, morte quoi ! Un pauvre caillou rouge et ferreux ...comme je suis triste pour vous ! j'espère que ce n'est pas moi qui vous les ai refilé, en étant voisine, toutes les deux côte à côte ...!! J'en suis malade, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? Mais enfin il ne vont pas bousiller tout le système solaire ces petits virus !!!! Ma pauvre madame Azur, surtout, faites attention à votre fille, cette petite, si belle, si blanche et délicate, il ne faut pas qu'il l'infecte aussi .... comment ?? Ils ont commencé !! Ils sont allés dessus !! C'est vraiment terrible ! "
Vous en avez parlé à Jupiter et Saturne ?
Il faudrait qu'ils se décident à demander de l'aide aux comètes, qu'elles interviennent, parfois un traitement court de une ou deux météorites venues de la ceinture de Kuiper suffisent !
" Oh! Jupiter, ne vous faites pas trop d'illusions ma chère, que voulez-vous espérer de ce gros boursouflé orange, ce gros plein de gaz, quand à Saturne ?! Vous ne voyez pas qu'il n'a rien de plus important à faire que d' amuser toute la galaxie avec ses cercles, ses fichus "anneaux", avec toute sa cour qui lui tourne autour ! On le voit depuis l'autre bout de la voie lactée, ce n'est qu'un gros prétentieux , non ! vraiment, il n'y a rien à attendre de ses deux gros là !! Et vous verrez, ma pauvre, que si ces deux géants ne font rien nous finirons tous gris et froids comme ce triste Pluton."
"Oh! ma pauvre Madame Azur, je vous sens si désespérée, ne vous mettez pas en colère, gardez vos belles couleurs, surtout, je vous en conjure, ma chère, ne perdez pas vos couleurs, je vais en parler autour de moi, nous trouverons bien une solution, et moi je ne désespère pas de retrouver, ma belle mine d'autrefois, mon éclat d'avant cette maudite humanite aiguë qui m'a détruite, et de me couvrir à nouveau de marine pour vous ressembler encore un peu.
Tout cela ne sera bientôt qu'un triste souvenir. Mais nous pouvons dire que ces virus nous auront donné un sacrée peur-d'eux "

Loriane Lydia Maleville




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