Un pigeon en voiture

Date 01-05-2013 19:00:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Ce texte-là, ça fait..pffff...ça fait sacrèment longtemps que je m'étais promis de l'écrire. Non, décidémént, ce ne sera pas un chant d'amour, ça, faudrait pas vous y attendre. C' était la première fois que je m'acharnais, à coups de pieds, sur les ailes d' une voiture, arrivé à ce que je croyais être le seuil de la saturation nerveuse
Ce qui me fait réaliser à quel point j'avais été naïf de ne pas avoir compris, après cette première colère.
En fait, il ne me serait jamais venu à l'esprit que ce n'était que la première d'une longue, longue série de montées de rage, moi qui passe pour un type cool, qui ne se met jamais vraiment en pêtard, bien que je sache parfaitement faire semblant.
M'épancher me fera peut-être du bien...
J'avais trouvé, enfin, une voiture d'occasion en parfait état, ayant peu roulé, d'une belle couleur orange que j'avais fait refaire par un professionnel. Je l'avais équipé de sièges en ( fausse ) fourrure blanche , ainsi que l'habillage du volant C'était une GS-X2. Un bonheur ! elle tournait comme une horloge Suisse ( dont, au passage, je salue les ressortissants, des fois que la puissance et la fortune me tomberaient dessus ).
J'avais tout pour être heureux.Même une radio stéréo avec lecteur, sur laquelle je passais en boucle, " Oxygène ". C'est dire. Seulement voilà.
Chaque soir, en revenant du boulot, je passais, avant de m'engager sur l'autoroute d' Aix, à la sortie de Plombières, devant le concessionnaire " LADA " qui exhibait, sur le toit de ses bâtiments, un suberbe modèle avec sa calandre de voiture américaine la Lada 1500. Et, en plus, à un prix abordable, probablement, pour le prolétaire russe moyen.
Je n'avais jamais encore acheté une voiture neuve.
La description que j'en ai faite à mon épouse, un soir que j'étais décidé à ce qu'elle le soit aussi, devait être très proche de celle de la Roll-Royces
Un personnel délicieusement poli nous aida à un train d'enfer à établir tous les papiers nécessaires, des fois que des plus rapides que nous s'emparent de toutes les voitures disponibles. Dans les jours qui suiivirent, nous avons vu partir notre GS. Il m'arrive encore d'avoir à consoler ma femme. Un
vendredi soir, peu avant la fermeture de Lada, un ami m'a amené chercher Ma voiture neuve. Elle m'a été remise par un personnel presque sirupeux qui, mais ça, c'est une réflexion qui m'est venue beaucoup plus tard, avait l'air pressé de me voir partir. L'heure du début de week-end qui approchait, sans doute.
J'étais vraiment heureux en prenant le volant de ma voiture neuve, qui sentait bon la feuille plastique qui recouvrait les parties habillées et dont quelques lambeaux pendouillaient joyeusement comme des guirlandes.
J'ai pris la bretelle de l'autoroute, juste à la porte du concessionnaire Lada, et, dès mon arrivée sur l'autoroute, je me suis mis une cigarette américaine au coin des lèves. J'allais savourer, à petite vitesse, ma première cigarette dans MA voiture neuve.J'avais répéré l'allume-cigare, sur le tableau de bord. J'ai avancer ma main et, d'un index mesuré, j'appuie sur l'allumeur.
Un petit bruit métallique et.... plus d'allume-cigare: il venait de tomber dans le tableau de bord..
J'ai passé le reste du parcours vers chez moi, en trifouillant avec deux doigts dans le trou béant qui semblait me narguer. D'habitude, je faisais ce trajet dans la joie et la bonne humeur. Je venais d'étrenner une longue série d'accès de rage, qui auront au moins eu le mérite de me remèmorer une longue liste de mots que je croyais oubliés.
J'ai passé une très mauvaise nuit....

Le lendemain, première sortie en famille dans notre nouvelle auto.
Nous avons bien eu quelques petits problèmes avec le fonctionnement des serrures de portes mais, confiant, j'ai mis cela sur le compte de matèriel neuf qui doit un peu fonctionner avant d'être opérationnel.. Par contre, le gros nuage de vapeur qui sortait du capot, une fois arrivés à notre grille, en revenant le soir, m'a sèrieusement inquiété
Le lundi matin j'attendais l'ouverture de l'atelier Lada, en compagnie d'une douzaine d'autres personnes. J'ai appris, par la suiite, à reconnaître la quantité de leurs visites de réclamations matinales, en fonction de la tête qu'ils affichaient. Je n'en étais qu'au stade 1..
Le chef d'atelier n'avait pas été formé à la même école que celle des vendeurs.Il est arrivé, encadré par quelques mécaniciens, en tenue de travail, qui semblaient être descendus d'un ring depuis peu. Le tri des mécontents a été vite fait: pas besoin de détailler longuement la source de nos problèmes, le chef les connaissait mieux que nous. Avec une voix d'adjudant, celle qui ne tôlère pas la réplique, il nous a donné nos rendez-vous, libre à nous de venir ou non .
Je passerai rapidement sur le mèpris ostensible des mécanos qui recevaient ma voiture, chaque fois que j'y allais.Je compris vite pourquoi lorsque j'ai constaté que, sur le parking du personnel, il n'y avait pas une seule Lada. ( dorénavant, je ne mettrai plus de L majuscule à lada ).
Bien. Compte tenu du nombre impressionnant d'ennuis que cette voiture m'a apporté, je vais essayer de les énumérer le plus succintement que possible.
- Il y a eu la fois où, après avoir soulevé le capot pour comprendre pourquoi le moteur ne démarrait pas, une tentative de démarrage a fait envoler ma batterie, comme un feu d'artifice.
-Je me suis aperçu que si ma nouvelle batterie se déchargeait aussi rapidement, c'était parce que la lampe d'éclairage du moteur restait allumée en permanence.
-J'ai mesurer soigneusement, de manière à scier quatre morceaux de tasseaux de bois, afin de caler, en position haute, les quatre vitres de portières qui ont refusé, presque unanimement,de remonter.
- Il m'a fallu trouver un morceau de bois un peu plus imposant pour le siège conducteur. En effet, à l'occasion d'un démarrage sans doute trop brusque, je veux bien en convenir, je me suis retrouvé assis pratiquement sur le siège arrière.
- Le meilleur des souvenirs qui nous attendri lorsque nous en parlons, parfois, en famille, se situe durant un été particulièrement torride . Au cours d'un petit tour de France, par petites étapes, nous venions de partir de Saint-Brieuc lorsqu'un léger incident survint: le ventilo de refroidissement du radiateur ne fonctionnait plus. Qu'à cela ne tienne. Après un petit arrêt sur le bord de la nationale, j'ouvris la boite à fusibles et trouvais celui qui avait sauté. Remplacement , et en voiture, youkaïdi youkaïda. Remontée inquiètante de l' aiguille de l'indicateur de température, qui marchait très bien, lui.. Fusible neuf. Vint le moment où le fusible sautait à peine en place.Il fallut donc trouver le moyen de continuer le voyage
Quand je réfléchis, je peux avoir des idées originales.
C'est ainsi qu'une petite famille Française, bien d'chez nous, se retrouva en train de parcourir les belles routes de France, par plus de 30°, le chauffage de la voiture à fond, pour utiliser, donc atténuer, la température du moteur ! Aux stops, quand des voitures s'arrètaient à côté de la notre, le souffle brûlant sortant de nos fenêtres sidérait les gens qui, après nous avoir regardé, ahuris, se dépêchaient de remonter leurs vitres. Au démarrage, ils jetaient un coup d'oeil sur notre immatriculation. Je présume qu'ils ont dû penser que les Corses sont des gens excessivement frileux
- J'ai du changer tous les amortisseurs.La moindre brindille, sur la route, nous faisait taper la tête au plafond et empêchait toute conversation cohérente; on avait l'impression d'être perpétuellement en train de rigoler. Nous n'avions pas toujours la tête à ça..
- D'ailleurs, à cette pèriode, notre garagiste avait l'impression de travailler pour nous à plein temps. Il venait de nous remplacer les deux cardans quand arriva une panne assez sérieuse:

- La direction , le volant, quoi, n'était pas très souple, naturellement, mais il paraît que c'était une des particularité de la lada et on s'y était fait. Mais quand arriva le jour où, lorsque ma femme conduisait, je fus obligé de l'aider à tourner le volant, j'ai supputé la nécessité d'une réparation. J'allai trouver mon garagiste.
- " Non là, laissez tomber. ça vous couterait les yeux de la tête. "
- " Combien ça me couterait ? "
- " Oh là ! minimum entre 5 et 6.000 francs ! "
- " Tant pis...Faites-le ."
- " ça va pas, non ! votre poubelle ne les vaut même pas !
- " Faites-le quand même. ça s'appelle une fuite en avant. J'ai pas les moyens, en ce moment, d'acheter une voiture "

Il a bien fallu que je les trouve, les moyens...Peu de temps après la réparation, ma voiture s'est débrouillée pour que ma patience m'abandonne.
J'ai trouvé un généreux acquéreur qui a bien voulu m'en débarrasser, en me payant en plus ! Comme il m'a dit :
- " Moi, cette bagnole, je vais vite la mettre à la casse. C'est juste le moteur qui m'intéresse. C'est un moteur Fiat increvable. Il vaut bien les deux mille balles que je vous donne ".
Elle n'avait pas quatre ans quand je lui ai tourné le dos.

J'ai eu beaucoup de mal, par la suite, à regarder les photos sur lesquelles nous posons, près de la lada. Et puis le temps a fait son oeuvre..On pardonne.










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