La nature humaine est curieuse

Date 15-10-2013 22:20:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


La nature des chiens est vraiment curieuse.

Ils peuvent s’amouracher du dernier des salauds, du premier des gros cons. Ainsi, ils jurent fidélité à celui qui les accueille…

Oui, fidélité, jusqu’à la mort.

Personnellement, je ne pense pas être un con, où même un salaud. Mais au fond personne ne se reconnaît comme tel, et pourtant, le monde ne manque ni des uns, ni des autres…

Indéniablement, nous avons cette faculté, de ne pas nous voir tels que nous sommes.

Les chiens, eux, ne voient que le meilleur de l’être humain.

C’est bien cela, ils nous acceptent qui que l’on soit, heureux ou malheureux, riche ou pauvre, intellectuel ou paumé…



Ma pauvre chienne est morte il y a quelques jours.

A son dernier matin, alors que je prenais mon petit déjeuner, elle m’observait longuement d’un doux regard, tendrement, alors qu’au fond d’elle, un mal la tordait de douleur. Je n’oublierai pas ce dernier regard qui semblait me dire… « Je vais partir, ne m’en veux pas »…

Etait-ce encore à moi qu’elle pensait en ses derniers instants de souffrances ? L’attachement de ces animaux est sans faille, et voilà donc sans doute ce qui m’émeut le plus.

J’ai perdu mon chien et je me sens infiniment triste, sans doute aussi, parce que chez les humains ces liens sont biens rares, impossibles.

Chez nous, les frères et les sœurs se déchirent, les parents et les enfants s’abandonnent, les amants se séparent et les amitiés se finissent ; le lien n’a jamais l’assurance d’être permanent.



Certains me diront qu’il ne s’agissait que d’un chien. Moi-même, je me dis qu’il est dans ce monde des raisons bien plus graves pour s’émouvoir, s’attrister…Tant pis, ce soir, je me fous de ces raisons et m’autorise un chagrin qui pourrait sembler bien dérisoire.



Il y a quatorze ans de ça, lorsque je rentrais le soir dans mon appartement, ma seule présence n’était que cette petite chienne ; une petite boule d’énergie et de tendresse. Elle était celle qui me permettait de ne pas sombrer dans une totale solitude, celle aussi qui m’offrait la seule occasion d’ouvrir ma bouche pour prononcer quelques mots… Pendant de longs mois, elle a été ce lien évident et essentiel qui manquait à ma vie. Un lien qui n’était pas toujours rationnel, je dois l’avouer.

En effet, ceux qui souffrent de solitude, ou qui un jour en ont souffert me comprendront.

Avez-vous remarqué que certaines personnes accordent aux animaux une place qui semble parfois tellement démesurée ? Ces personnes sont souvent celles qui ne sont pas douées pour les relations humaines, celles que l’on a rejetées, celles qui n’ont plus personne, celle qui ont perdues un être cher, celles qui attendent l’enfant qu’elles n’auront peut-être jamais… Qui pourrait bien les juger ?

Je suis persuadé que parfois, les animaux, par leur simple présence peuvent sauver des vies.



Moi, j’ai eu la chance de trouver l’amour, de fonder une famille et d’avoir les enfants dont j’avais tant rêvé. Avec le temps, j’ai pu redonner à mon chien la place qui était la sienne, sans même jamais cesser de l’aimer. Oh, bien sûr, impossible de donner en public à ce chien toutes les marques d’affections que je lui réservais en privé. Vous imaginez, vous, un grand couillon comme moi, donner de la tendresse en public, à cette toute petite chienne ? Non, j’avais bien trop de pudeur, bien trop peur du ridicule aussi… La nature humaine est curieuse.



Dés demain, je cacherai mon chagrin…

Pourtant il lui faudra du temps pour s’effacer.

Mes enfants aussi ont du chagrin. L’une de mes filles m’avait demandé, « Combien de temps ça dure le chagrin ? ». La veille, je lui avais dit de le laisser aller, de se laisser pleurer…

Ce matin là, il était revenu…



Tout dans la maison nous rappelle son absence. Le silence quand rien ne vient gratter la porte, le vide sous l’escalier, chacun de ses pas lorsque nous étions dans la cuisine…

Comment une si petite bête pouvait-elle prendre autant de place ?

La mort ne nous laisse qu’absence et solitude.

Voilà, mon chien, je ne pourrai jamais t’oublier, et de tout mon cœur, j’espère que là où tu es, tu n’es pas seul. Je n’ai pu accompagner tes derniers soupirs, j’aime à penser que j’ai peut-être accompagné tes dernières pensées… Je sais depuis bien longtemps que nos vies ne sont reliées qu’à elles-mêmes ; Sans toi, je m’en vais continuer la mienne…

Je suis de nature humaine, il me faut bien tourner la page…




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