Adieu, mon Père...

Date 18-10-2013 12:37:03 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Aujourd'hui, c'est le cœur brisé que j'écris ces quelques lignes qui mettent un terme à une des périodes les plus noires de ma vie. En effet, celui que j'ai, depuis toujours, appelé "Papa" s'en est définitivement allé. Il s'est éteint hier, emportant avec lui ces années d'effroi qui ont contribué à faire de moi l'homme blessé et torturé que je suis désormais.
Je ne saurai décrire exactement cette peur et cette souffrance qu'il a engendrée au plus profond de mon âme tourmentée. De ma plus tendre enfance à ces dernières années, il m'a fait porter un poids qui ne m’était pas destiné. Il voulait sans cesse me dominer ; il m'a, en bien des occasions, diminué, humilié, sapé la confiance dont j'étais pourvu envers ce que j'étais, ou vis à vis de ce que j'entreprenais. Il a violé les tréfonds de mon intimité en s'acharnant à me faire croire que, sans lui, j'étais un être inutile, sans avenir, sans volonté. Il m'a menti, volé, utilisé, dans le but de s'octroyer des biens ou des droits dont il désirait, sans regrets ni remords, bénéficier. Il s'est inventé une existence qu'il m'a obligé à suivre sans que je ne puisse rien faire pour l'en empêcher.
Or, le jour où la vérité a enfin éclatée, que j'ai trouvé le courage de le confronter à ses contradictions et à ses mensonges répétés, il m'a, de sa mémoire, de sa vie, effacé. Lorsque j'ai réalisé que sa toute puissance ne reposait que sur un ego surdimensionné, il a fui ses responsabilités. Lorsque j'ai compris qu'il m'avait condamné à véhiculer son mal être, ses blessures non cicatrisées, il ne me l'a jamais pardonné. Lorsque j'ai vu les terreurs de son âme mise à nue qu'il ne pouvait plus dissimuler, il s'est, de moi, définitivement détourné.
Car, quand on apprend que son père est, depuis son adolescence, un homosexuel refoulé, qu'il s'est marié avec sa mère juste pour s'insérer correctement au sein de la société, que doit-on en penser ? Quand on découvre que son père vous a donné le prénom du premier homme qu'il a aimé, qu’il a continué à vivre une double vie toute la période au cours de laquelle il a été marié, qu'il a contracté des centaines de milliers d'euros de dettes afin de poursuivre son existence cachée, il est évident que tout en vous est ravagé. Quand il apparait qu'il conversait avec des jeunes adolescents qu'il incitait à se dévergonder, qu'il leur donnait rendez-vous pour des rencontres plus qu'osées, de quelle manière doit t'on le regarder ? Quand, au décès de son plus jeune fils, il a fait en sorte de l'effacer à tout jamais, quand, de son ainé - moi -, il s'est moqué parce qu'il ne correspondait pas à celui dont il a rêvé, parce que ce dernier était plus sensible, plus fragile, ressentait les choses de manière plus développées, quelles souffrances pouvait t'il lui faire endurer ?
Le pire, c'est que ce père, si effrayant, si monstrueux soit t'il dans le regard de l'enfant que j'étais, s'avérait quelqu'un d'une grande intelligence, d'une culture générale exceptionnelle. Il savait briller en société ; c'était un manipulateur né. Il a eu un emploi qui l'a mené aux plus hauts sommets ; il était aimé, admiré, vénéré. Il charmait et avait beaucoup d'autres qualités. Mais il les a toujours utilisées à mauvais escient, dans le but de développer son ego surdimensionné, et non, de se faire aimer pour celui qu'il était en réalité.
Cette honte de la différence dont il était pourvu, c'est à moi qu'il l'a fait porter. Jusqu'a ce que je me libère de ce fardeau le jour où je lui ai dit ses quatre vérités, c'est moi que les ai trainées. Aujourd'hui, heureusement, depuis longtemps j'en suis libéré. Mais, quand je pense à sa mort, abandonné des autres du fait de sa propre volonté, à la limite de la plus infamante des pauvretés à cause des nombreuses dettes qu'il avait accumulé, je me dis, quel gâchis, sa vie a été. C'est ce qui me rend le plus triste, car, si ce n'est le mensonge et l'irrespect, bien des choses j'aurai pu lui pardonner. Il n'a jamais eu la volonté de se regarder en face et de se voir tel qu'il était. De ce fait, on n'a jamais pu se reparler, et de là, dépasser tout ce passé qui nous a si longtemps, l'un de l'autre, éloignés. C'est ainsi ; je l'enterre donc ici par ces mots pour l'Eternité des Eternités...
Dominique




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