A chacun son dû ( 2ème partie ) ( suite )

Date 20-10-2013 10:12:08 | Catégorie : Nouvelles


A chacun son dû ( 2ème partie ; suite )

A plusieurs reprises, Lalla avait demandé à son mari d’installer un réfrigérateur dans le petit salon où ils recevaient leurs deux amis intimes, mais à chaque fois, Jalal lui répondait qu’il n’avait pas le temps de penser à ces petites choses, et qu’elle devait elle-même s’en occuper. Mais Leila, elle non plus, n’avait pas le temps ; si bien que chaque fois que les viveurs avaient besoin de glaçons, les femmes, bêtement soules, descendaient en chercher dans la cuisine ? C’était vraiment une corvée qui ne se déroulait pas sans dégâts. En effet, du petit salon, on entendait les assiettes et les verres voler aux éclats. Leila avait peur que la petite bonne se réveille et découvre tout ce harem ivre mort et presque en tenue d’Adam.
Aussi, cette navette doublement périlleuse, poussa-t-elle le cheikh qui se prenait pour le nombril du monde, à proposer une solution : « C’est la bonne qui doit faire ce travail ! ».
Seule la femme du juge réagit à cette idée.
La petite pourrait raconter tout ce qu’elle voyait aux gens qu’elle connaissait.
Le juge qui n’avait pas prononcé un seul mot depuis plus d’une demi-heure, se redressa péniblement sur séant en fixant du regard une des jeunes filles qui somnolait sur une chaise. Il la pointa du doigt et finit par balbutier miraculeusement :
« Je…je la jetterai… en prison… si elle … ose parler à… quiconque de nos soirées ».
Ayant prononcé ce verdict, il jura qu’il était capable d’envoyer tout le monde en prison s’il le voulait et se jeta dans les bras de Morphée, laissant ses invités s’amuser librement en compagnie de sa femme.
L’organisation de ces soirées largement arrosées avaient vu le jour alors que le juge et sa femme n’avaient pas encore d’enfants. Dix mois, jour pour jour, après la première invitation des deux amis intimes, Leila donna au juge un mignon garçon. Chacun des trois hommes proposa un prénom. Lalla préféra celui soumis par Shimon : « Ismaël »
Légèrement contrariés par ce choix, Jalal et Al Madmoon bénirent tout de même cette volonté.
Un an plus tard, la petite Rania vit le jour à son tour. Les hommes présentèrent à nouveau des prénoms. Le cheikh sauta de joie lorsqu’il entendit Leila dire qu’elle aimait bien le prénom de « Rania ».
Le juge, quant à lui, maugréa sa mauvaise chance et finit par applaudir comme ses deux amis.
Avec le temps, les différentes jeunes filles que l’homme du désert ramenait avec lui étaient unanimes chaque fois qu’elles avaient la chance de voir les deux petits enfants. Elles déclaraient sans hésitation : « Ismaël ressemble beaucoup à Shimon, quant à la petite Rania, elle a les traits d’Al Madmoon ».
Et le juge, tout joyeux, leur rétorqua :
« Vous avez entièrement raison. D’ailleurs ce sont eux qui leur ont choisi respectivement ces prénoms ! ».
Souriantes, les adolescentes se retournaient vers les deux invités tout en les fixant d’un regard douteux et disaient :
« Bravo ! C’est bien réussi ! ».
Le juif et l’arabe venu des pays du Golf, se mirent d’accord sur le trousseau et les jouets des petits. Shimon se chargeait d’Ismaël alors que Rania dépendait du cheikh.
Dès la première rencontre dans la villa, Leila avait trouvé Shimon très séduisant. Jeune, beau et riche, il possédait tous les atouts pour charmer la plus chaste des femmes. Lalla ne put résister à l’attraction sensuellement foudroyante qui émanait du juif. Elle fit le premier pas en lui proposant un slow. Sur la piste, elle se colla intimement contre le corps de son partenaire l’invitant à cueillir promptement tous les délicieux fruits qu’elle lui présentait. Shimon demeura lucide malgré les frissons qu’il ressentait à chaque pas. Il céda finalement et chuchota dans l’oreille de Lalla :
« Pourrais-tu passer dans mon bureau lundi prochain dans l’après midi? »
Souriante, le regard pétillant, elle répondit avec simplicité : « OK ! ».
Tout le reste de la soirée, elle ne quitta pas des yeux l’homme qui venait de lui fixer un rendez-vous. Elle surveilla de près les trois jeunes filles jusqu’à leur départ. Elle savait qu’elles étaient très faciles et qu’un petit clin d’œil du juif ruinait certainement tous ses espoirs. Elle ne prêtait aucune attention au cheikh et repoussait même la large main poilue qui tentait de lui caresser la jambe. Elle se comporta ainsi avec ce voisin importun jusqu’à la naissance d’Ismaël.
( A suivre)




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