A chacun son dû ( 6ème partie )

Date 29-10-2013 21:00:00 | Catégorie : Nouvelles


A chacun son dû ( 6ème partie )

VI ème partie :

2011 fut une année funeste pour beaucoup de dirigeants arabes. Les régimes politiques, totalitaires et vieillissants n’avaient plus aucune crédibilité auprès des populations. Comme une gangrène qui rongeait un membre, le vol, la corruption, le clientélisme, les élections falsifiées, le chômage, l’enrichissement illégal d’une oligarchie finirent par mettre à genoux l’économie de beaucoup de pays arabes. Désespérés par cette situation dramatique et n’ayant plus rien à perdre, les citoyens – généralement des jeunes- envahirent alors les rues pour exprimer leur colère et demander un peu de dignité et de justice.
Ce fut « Le Printemps Arabe ».
Les classes dirigeantes, qui tenaient à leurs privilèges, réagirent différemment. Certains chefs d’états optèrent pour la manière forte afin de mater cette « rébellion ». On donna à l’armée l’ordre de tirer sur les citoyens. Beaucoup de manifestants pacifiques tombèrent sous la répression sauvage. D’autres fuirent les champs de bataille et, au prix de leurs vies, tentèrent de regagner l’Europe.
Cependant, la foule n’abdiqua pas, au contraire, chaque jour, ce soulèvement devenait de plus en plus important, de plus en plus inquiétant.
Désorienté par cette marée humaine qui ne reculait devant aucune arme, ce tsunami qui menaçait d’emporter tout ce qui se trouvait sur son chemin, un de ces chefs d’état prit alors la fuite et alla se réfugier dans un autre pays arabe dont le régime politique avait beaucoup de similitudes avec le sien. Un autre renonça à la présidence du pays et se retira loin de la capitale dans l’espoir de calmer les esprits.
C’est alors que les populations découvrirent avec stupeur les fortunes colossales que les deux fuyards avaient amassées durant leurs longs mandats.
Cette double abdication donna du courage, de l’espoir et de l’élan aux habitants des autres pays arabes malgré les réprimes sanglantes et le silence de la communauté internationale.
Ayant senti leurs intérêts économiques ou stratégiques sérieusement menacés, des puissances occidentales entrèrent en jeu. Ils intervinrent brutalement dans certains pays, sous prétexte de protéger les civiles. Mais ils fermèrent les yeux sur la tyrannie d’autres chefs d’états et les laissèrent tuer froidement leurs populations en évoquant le principe de non-ingérence.
Une parfaite matérialisation de la notion : « deux poids deux mesures».

Sachant que la manière forte pourrait leur être fatale, d’autres chefs d’états furent plus sages et plus diplomates envers les citoyens. Ils autorisèrent les jeunes à manifester pacifiquement et demandèrent aux forces de l’ordre de ne pas intervenir.
L’écroulement brusque de l’autorité de l’État engendra un certain désordre dans la vie quotidienne des habitants. Beaucoup de petits commerces poussèrent comme une mauvaise herbe et envahirent tous les trottoirs et les rues des villes rendant la circulation des véhicules impossible. Des cohortes de criminels et de voleurs entrèrent en action. Personne ne se sentait en sécurité. On s’enfermait tôt le soir chez soi de peur d’être agressé. Aucun policier, aucun gendarme, aucun agent d’autorité n’osait intervenir pour rétablir l’ordre. L’image du jeune Bouazizi immolé publiquement dans son petit village en Tunisie, cette étincelle qui mit en flamme tout le monde arabe, était toujours présente dans les esprits.
Des Imams de mosquées vinrent brouiller les cartes. Leurs fatwas semaient le flottement et le doute chez les citoyens.
« La démocratie n’est qu’une invention des mécréants de l’Occident ! Seule la Charia - la loi islamique- est en mesure de sauver ce monde !»
Il serait fastidieux d’énumérer tous les maux qu’avaient engendrés ces prêches obscurantistes : violences, mises à sac, crimes…
Les discours tautologiques et monotones des partis politiques qui prônaient un monde meilleur faisaient sourire les citoyens. L’Organisation de la Ligue Arabe qui ignorait elle-même ses prérogatives, se tenait bien sagement à l’écart, en gardant le silence. Chaque régime voulait échapper le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts, des turbulences qui le menaçaient. Têtu comme il l’était, le Guide de la Jamahirya voulait tenir tête à l’aviation française venue pour protéger les intérêts occidentaux. Il fut tué atrocement par la foule en délire.
( à suivre )




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