L'assassin

Date 30-10-2013 03:10:00 | Catégorie : Poèmes


Descendant la montagne au milieu de la nuit,
À chacun de mes pas faits sans faire de bruit,
Mon esprit s'échauffait, devenait incrédule,
Lançant les mêmes mots ainsi qu'une pendule
Prononce les secondes avec les battements
Du balancier d'acier décapitant le temps.
J'étais de la région, le Prince des Ténèbres,
Le truand le plus grand parmi les plus célèbres.
J'avais sur la conscience un grand nombre de morts
L'un sur l'autre, entassés, sans créer de remords.
Je portais sur mon front un juste et sanglant blâme,
Mais jamais je n'avais fait saigner une femme !
Et plus prompt d'un seul coup de rasoir, à trancher
Deux mains jointes unies, je me voyais flancher
Devant ce que j'avais accepté de promettre :
L'horrible et noir forfait que je n'osais commettre.
Comment avais-je pu, moi, le Grand Matador,
Consentir à rougir pour une poignée d'or ?
Quel genre d'Assassin, quel type de canaille
Peut fendre d'une enfant, le cœur jusqu'à la taille ?
Songeant à mon dilemme, à travers les sentiers
Où soupirait la rose et pleurait l'églantier,
Je sentais sur ma hanche, le poignard mon compère,
Cadeau d'un vieux bagnard que j'appelais mon Père.
Si l’éclair de sa lame éclairait mon chemin,
Sa mortelle froideur me réchauffait la main.
Après avoir franchi le bois de la colline,
J'aperçus au lointain, la petite chaumine.
C'était là qu'on m'avait demandé d'accomplir
Le crime qui m'avait dans la nuit, fait frémir
Et remuer le cœur, ancienne roche dure,
Impénétrable au bien, insensible à l'ordure.
Pourtant, je me sentais déjà plus résolu ;
L'horreur de cette horreur ne me révoltait plus,
Et quand du vieux logis, je repoussai la porte,
Ma main ne tremblait pas et mon âme était forte.
Un homme aux cheveux blancs m'accueillit d'un salut,
Tandis qu'autour de lui, se pressait sa tribu.
Sur un mot du vieillard, après la bienvenue,
Je dirigeai mes pas vers une pièce nue.
Mon instinct, tout à coup, réveilla mon esprit
Et d'un doute profond, tout entier, me remplit.
Sur le lit, allongée sous ses draps, immobile,
Comme un fantôme blanc, gisait l'enfant nubile.
Sur sa face abolie, je vis en un coup d'Å“il,
Qu'elle avait englouti ses parents dans le deuil.
« Dieu merci ! Votre fille, criai-je, est déjà morte !
Il ne me reste donc, qu'à reprendre la porte.
- Rien n'a changé, dit l'homme, et soyez résigné
À remplir le marché que vous avez signé.»
Ainsi, je soulevai le drap et vis le ventre
De la belle à jamais endormie dans cet antre.
De l'hymen jusqu'au cœur, ce ventre était si beau
Que d'un élan furieux, je sortis mon couteau.
La lame pénétra dans la chair endormie
Depuis à peine une heure ou une heure et demie,
Et fit dans l'abdomen une grande incision,
Évitant de trembler avec précision.
Dans le sein, d'où le sang sortait comme une trombe,
Travaillant ardemment comme dans une tombe,
Je plongeai mes deux mains et cherchai dans la Mort
Ce qui restait de vie pour en changer le Sort.
Alors, du ventre ouvert de la morte gamine,
Le cri d'un nouveau-né vint remplir la chaumine.








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