Bon appétit !

Date 05-11-2013 06:13:49 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Chers lecteurs, vous avez lu (ou pas) "Comme une poupée" et "Fées, gobelins et pourdre de ...", voici une autre version de Lucie en rack sur une route perdue au milieu de nulle part !

Bon appétit !

Lucie roule lentement sur une route de campagne enneigée. Le permis en poche depuis peu, elle n’est pas à l’aise et manque plusieurs fois de verser dans le fossé en raison des plaques de verglas. Quelle idée d’avoir voulu rendre visite à sa tante alors qu’une tempête de neige était annoncée. Mais d’un naturel méfiant envers les prévisions météo qui s’apparentent, pour elle, aux annonces astrologiques quant à leur véracité, elle a défié les éléments. L’aller s’est passé sans encombre mais le retour vers ses pénates devient incertain.

Soudain, la petite cylindrée semble prise de hoquets, elle avance par soubresauts, mais ceux-ci ne sont plus dus aux mauvaises manœuvres de Lucie, et finit par s’arrêter. La jeune femme tente désespérément de relancer le moteur qui se refuse à tout démarrage. Elle empoigne son sac planqué sous le siège passager et le fouille à la recherche de son GSM. Pas de réseau, aucune petite « barre » à côté du symbole d’antenne. Lucie tente niaisement d’y remédier en ouvrant la fenêtre puis en orientant l’appareil dans toutes les directions mais rien n’y fait. La voilà apparemment hors de toute civilisation !

Plus loin, elle aperçoit une faible lueur émanant d’une habitation. Bonnet rivé sur le crâne et la doudoune fermée jusqu’au nez, Lucie s’avance vers les lumières et découvre une ancienne ferme un peu délabrée. La cour est jonchée de morceaux de ferrailles, de bois et de bricoles de toutes sortes. Plantée devant la porte, Lucie sonne timidement. Des bruits de chaise déplacée et de pas lourds se font entendre avant que l’huis ne s’ouvre. Un homme à la stature imposante et à la pilosité faciale sombre et impressionnante lui demande :

« Que voulez-vous ? »

Sa voix de stentor résonne dans la campagne environnante et dans les oreilles de la jeune femme.

« Je suis en panne et je voudrais téléphoner.
- J’ai pas le téléphone. Où est votre bagnole ?
- Un peu plus loin, sur la route.
- Attendez, je chope mon écharpe. »

Lucie est un peu surprise. N’aurait-il pas plutôt besoin d’une grosse veste ou d’un gilet en peau de mouton ? Un cache-nez semble lui suffire pour affronter le froid polaire qui règne à l’extérieur. Elle l’amène jusqu’à la petite Renault. A deux, ils parviennent à amener cette dernière jusque dans un énorme entrepôt, attenant à l’habitation. Celui-ci contient une autre voiture désossée et cinq vélos rouillés.

Lucie suit l’homme dans la maison jusque dans la salle de séjour où un feu de bois s’anime dans la cheminée et apporte une douce chaleur à la pièce. Un gros molosse est couché devant le foyer. Lucie tremble de froid.

« Allez vous réchauffer ! Faut pas avoir peur de Clérembert, c’est un brave chien. »

Lucie s’approche des flammes et du fameux Clérembert. Celui-ci ouvre un œil et observe Lucie. À côté de lui, trône un grand os à moitié rongé.

« Z’êtes pas très épaisse. Faut se nourrir dans la vie, ma petite dame. Z’avez faim ? » demande son hôte.
- Euh … je ne veux pas vous déranger, Monsieur.
- Moi, c’est Robert. Et vous ?
- Lucie.
- Enchanté. Enlevez votre manteau. ‘Vais pas vous manger. Je me radine avec le ragoût. »

La jeune femme retire sa veste et la dépose sur une chaise près du foyer afin que celle-ci sèche. Robert s’active dans la cuisine et revient pour dresser sommairement la table puis apporte une grande marmite qu’il dépose au milieu de la table avec un sourire fier.

« Ma spécialité. Faites-vous plaisir ! »

Il lui sert une grande plâtrée de viande en sauce avec des pommes de terre. Après le « Merci, bon appétit. » de circonstance, elle ne se fait pas prier pour entamer son souper. Le ragoût est délicieux et tendre à souhait.

« Vous le préparez avec quelle viande ?
- Du porc. Z’aimez ?
- Vous êtes un vrai cordon bleu !
- Comprends pas !
- Euh … je veux dire que vous êtes bon cuisinier. »

Le géant affiche une petite mine gêné, en terminant sa troisième assiette. A la fin du repas, Lucie aide à débarrasser la table.

« Z’avez qu’à dormir dans le canapé avec Clérembert. Y vous tiendra chaud.
- Euh … merci pour votre hospitalité, Robert.
- Hospi … quoi ? Devez aller à l’hôpital ? Z’êtes pas blessée pourtant !
- Non, hospitalité signifie gentillesse, accueil.
- Oh ! Ok. Bonne nuit.
- Bonne nuit. »

Lucie prend la couverture qui orne le canapé et la secoue énergiquement. Un nuage de poussière et de poils s’en dégage, ainsi qu’une odeur de moisi. Beurk ! Mais bon, c’est tout de même mieux que de dormir dehors dans sa voiture transformée en congélateur. Elle se couche dans le fauteuil et s’emmitoufle dans la couverture malodorante. Le chien se lève brusquement, s’approche d’elle et la fixe droit dans les yeux. Mal à l’aise, Lucie s’adresse à lui :

« Pardon, Monsieur Clérembert. Puis-je partager votre modeste couche ? »

Négocier avec un clébard. Qui aurait cru qu’elle en arriverait là un jour ? Sans bruit, l’animal saute sur les jambes de Lucie, se couche et se met à ronfler bruyamment. Afin d’atténuer le bruit, elle enfonce des boulettes de mouchoir en papier dans ses oreilles. Epuisée, elle finit tout de même par s’endormir.

A suivre ...




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