L'Hyène et le Magicien
Date 11-11-2013 17:04:16 | Catégorie : Poèmes
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(Fable)
De tous les recoins de la terre,
Des pôles jusqu'aux hémisphères,
Le bruit se répandit soudain,
Qu'un grand et puissant Magicien,
En plein air, dans une clairière,
Examinait à la lumière,
Tous ceux parmi les animaux
Voulant se guérir de leurs maux.
Pour aller voir ce personnage,
Chacun prépara son départ,
A travers champs ou à la nage,
On se hâta de toutes parts.
Tous désiraient changer leur chance,
Certains leur pas, d'autres leur danse,
Ou d'autres encore leur chant :
Chacun briguait autre penchant.
La grenouille se voyait vache,
Et le lièvre, un peu moins lâche.
La cigale, dans un élan,
Se voulait frugale dans l'an.
Pigeon, lui, rêvait de voyage,
Corbeau, de sauver son fromage.
L'autre pigeon (ils étaient deux)
Avait des larmes dans les yeux.
Soudain ! l'Hyène apparut en scène,
Riant d'une manière obscène.
Le Mage fut plus que choqué
D'ouïr ce rire de toqué.
« Voici, en se tordant, dit-elle,
Que la Nature m'a fait telle,
Hi, hi ! que je me ris de tout.
Ainsi, Monseigneur, voyez-vous,
Au risque d'être critiquée,
J'accepte ma vie de piquée.
Je vis dans un affreux climat :
Le jour, le feu ; la nuit, frimas.
Je ricane !
J'habite un bien pauvre taudis,
Un dépotoir, comme l'on dit.
Je ricane !
Je suis laide et suis repoussante,
Au lieu de belle et ravissante.
Je ricane !
Si d'immondices, me nourris,
Remplie de vice aussi, je suis.
Quand je ne reçois pas d'obole,
Je ne travaille pas : je vole.
Ou encore me prostitue,
Et même parfois, quand je tue !
Je ricane !
Je suis malade : je ricane !
Si aujourd'hui l'on me chicane,
Je ricane ! Oui ! je ricane !
- La philosophie a du bon.
Mais alors, que voulez-vous donc ?
- Je voudrais,… je voudrais, dit-elle,
D'une voix devenue mortelle,
Par l'effet de votre bonté,
Que vous m'appreniez à pleurer !
- A pleurer ! Mais pourquoi, Hyène !
Vouloir pleurer comme une chienne ?
- Je ne le veux, mon doux Seigneur.
Il le faut : mon enfant se meurt. »
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