Révision des 50 2ème partie

Date 25-11-2013 08:40:49 | Catégorie : Nouvelles


Je quitte le gentil anesthésiste avec une poignée de main, et je vais retenir ma chambre. Dans la salle d’attente deux couples discutent :
« Se soigner coûte de plus en plus cher. J’ai choisi mon chirurgien en fonction de ses tarifs, ça devient honteux, on ne peut plus se faire rembourser maintenant ! »
La grosse dame à ma droite renchérit :
- C’est vrai c’est scandaleux. De toute façon il y a trop d’abus. Quand je pense à toutes ces femmes qui se font refaire le nez à nos frais ! Le médecin dit qu’elles ont une déviation nasale, et ça passe, ça ne peut plus durer !
- Et tous ces étrangers qui viennent se faire soigner chez nous ! Qui paye à votre avis ?
Je me dois d’intervenir, ces gens sont des racistes il faut que je fasse entendre ma voix.
- Nous avons de la chance d’habiter dans un pays où les étrangers viennent se soigner, imaginez si nous étions à leur place et que nous devions partir pour guérir.
Les quatre « révoltés » me regardent comme si j’étais une extra-terrestre.
- Et toutes ces circoncisions qui passent pour des phimosis, ça coûte des fortunes, c’est nos impôts qui payent pour tout ça !
Ils sont antisémites en plus ! Nous voilà revenus dans les années 30 ! Ils sont tous les trois obèses et le monsieur en face de moi arbore le nez rouge d’un alcoolique. Sa femme vient pour une opération du genou.
- Vous savez qu’au Royaume Uni, Margaret Thatcher avait proposé de ne plus rembourser les soins des fumeurs atteints d’un cancer du poumon. Selon elle, si on n’avait pas une bonne hygiène de vie, on était responsable de ses maladies, la société n’avait donc pas à payer pour eux. On pourrait étendre ce raisonnement au gens en surpoids qui ont mal au genou, et qui auraient pu éviter les ennuis en maigrissant de 30 kilos.»
Mes voisins de salle d’attente sont atterrés.
Je me lève en roulant des mécaniques dans mes bottes à talons haut que je claque en marchant vers le bureau de la secrétaire. Je vais retenir ma chambre assez fière de mon petit effet.
« Bonjour, je viens pour une coloscopie le 12 Novembre.
- Quel est votre nom, votre date de naissance, votre adresse…
J’ai dû répéter toutes ces informations 4 fois déjà.
- La personne à contacter en cas de problème est toujours Monsieur Y ?
- Non, ce n’est plus Monsieur Y.
Pourquoi faut-il qu’on me rappelle toujours l’existence de cet abruti ?
Je donne le nom et l’adresse de ma meilleure amie. La secrétaire me regarde d’un air un peu triste, elle aussi s’est déjà fait larguée, je sens du soutien dans son regard.
« Prenez une chambre double, elles sont entièrement remboursées et vous n’y resterez pas longtemps. »
Elle sait que quand on est seule on ne roule pas sur l’or, je suis sensible à sa gentillesse.
Je repasse devant mon petit groupe de racistes en me dandinant.


Le Dimanche commence mon régime. A 10 heures je prends un solide petit déjeuner : jus d’orange, croissants, thé ; c’est le repas du condamné, pendant 48 heures, je ne vais pas être à la fête. Je pars à la piscine me détendre. Ce midi, œufs à la coque pâtes, biscuits secs. Je ne mange rien l’après-midi, je regarde la nourriture avec suspicion. Sur ma feuille de route il est écrit :
« Régime sans déchets »
Le gras et le sucre seraient donc les seuls constituants de nos selles. Bizarre… Le soir : foie d’agneau grillé et riz. J’aurais bien envie d’un petit chocolat ou d’un morceau de cake aux fruits mais c’est INTERDIT ! J’ai même refusé une invitation à dîner, ça saoule cet examen.
Le lendemain matin, je mange deux tranches de pain grillé que j’ai retrouvées dans le placard, elles ont pris l’humidité, même avec de la confiture c’est limite, je bois ma théière de thé English Breakfast bio, ça ne peut pas faire de mal. A 18 heures, je dois commencer l’ingurgitation de ma potion laxative, je regarde le grand pot en plastique de travers. Les quatre sachets de poudre sont prêts, les trois bouteilles d’eau minérale aussi.
J’ai mis le réveil pour ne pas oublier l’heure, mais à 17h55 le breuvage est déjà prêt. Je m'en verse un grand verre. En buvant tous les quarts d’heure je devrais avoir fini les deux litres à 21 heures. La boisson est infecte même avec l’arôme vanille. J’ai l’impression de vivre le supplice de l’eau. Je me rappelle du film de Christian Jacques, François 1er, avec Fernandel
http://www.youtube.com/watch?v=PslUvcr7qHA
Le bourreau lui fait boire des litres d’eau pour le faire avouer. Je ne sais pas ce que je vais avouer, mais la torture commence bel et bien. Mon estomac n’en peut plus, j’ai l’impression d’être une outre.
J’arrive à avaler un steak haché avec des pâtes, mais la boisson à la vanille me donne envie de vomir. Je m’installe devant une série danoise passionnante « The Killing », ce sont les deux derniers épisodes, je les ai enregistrés, je vais savoir qui est le meurtrier.
A 21 h, le pot est vide, mission accomplie ! Mon ventre gargouille, le chat dort sur mes genoux. Je sens une chose humide au fond de mon pantalon. Ce n’est pas possible ! J’éjecte le matou et je cours aux toilettes, la potion fait de l’effet, j’explose littéralement dans la cuvette des toilettes. Ce n’est pas possible, qu’est-ce que c’est que ce truc ? Je suis seule dans la maison, j’enlève mon pantalon et je monte l’escalier pour aller me laver et me changer. Il y a du sang sur le gant de toilette, non, mes règles ont débarquées avec une semaine d’avance ! Et si le chirurgien ne voulait pas me faire l’examen, j’aurais bu toute cette saloperie pour rien !
Je redescends, je remets le film au début. Un quart d’heure plus tard, je me précipite à nouveau aux toilettes.
Je finis par m’organiser assez bien, et j’ai le temps d’appuyer sur pause avant d’aller exploser…toutes les 15 minutes. Le chat se demande ce qui m’arrive, elle me regarde (c’est une fille) avec des yeux interrogateurs,
« Un nouveau jeu peut-être ? »
Mon fondement est en feu, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça, c’est inhumain, quel esprit malade a pu inventer un supplice pareil ? Le beau Lars Mikkelsen https://www.google.fr/search?q=lars+mi ... kQ_AUoAQ&biw=1241&bih=584
ne se doute pas du drame qui se joue de l’autre côté du petit écran.
A 22h30 ça se calme, je monte me coucher épuisée.

(à suivre)



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