Ma Vérité, seconde partie

Date 10-12-2013 11:20:01 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Une autre source de conflit est née dès cette époque par rapport aux repas de famille se déroulant chez Papa et Maman. Il faut bien avouer que ceux-ci sont interminables. Ils sont fatigants pour des personnes comme Dominique ou moi. Je crois que Papa et Maman n’ont jamais réalisé à quel point. Dominique et moi nous y ennuyons beaucoup. Bien sûr, nous apprécions énormément la compagnie de chacun, le problème n’est pas là. Au contraire, nous nous faisons toujours une joie de voir les gens qui y sont conviés.
Mais, quelle est notre place, alors que nous n’y avons jamais la parole ? Les conversations échangées évoquent, la grande majorité du temps, des sujets qui nous sont totalement étrangers. Elles détaillent les relations que Papa et Maman ont, avec des personnes que nous ne connaissons pas ou que nous ne côtoyons jamais. Par ailleurs, Papa monopolise les dialogues tout le long des repas. Il est impossible de glisser un mot entre deux de ses phrases. Même Maman n’y parvient pas. Je me souviens en outre qu’un jour, lorsque Dominique a eu le malheur de le lui dire : Papa lui a expliqué que si nous voulions nous faire entendre, nous devions taper du poing sur la table. Ni Dominique, ni moi, ne concevons les échanges de cette façon. Nous prenons donc notre mal en patience, et nous attendons, comme des « cons » jusqu'à ce que l’heure de rentrer chez nous advienne.
D’autre part, je bégaye souvent lorsque je dois prendre la parole. Il me faut davantage de temps pour que je puisse exprimer mes pensées, pour approfondir un propos que je souhaite développer. J’ai besoin de toute l’attention de la personne en face de moi afin de les atténuer ; tandis que parler longuement les attise C’est pour cela, généralement, que je préfère me taire et écouter les autres discuter. C’est aussi pour cela que j’ai souvent besoin de l’aide et de l’appui de Dominique afin de dire ce que je ressens, ce que je désire, quels sont mes projets. Seule, je n’y parviens pas. Hélas, Papa et Maman ne se sont jamais aperçu qu’en me coupant la parole sans arrêt, ils accentuaient mes bégaiements. Ils ne se sont jamais rendu compte qu’ils m’incitaient ainsi à me renfermer davantage sur moi même.
Comment puis-je m’exprimer tranquillement, si mes propos sont en permanence coupés par Papa ou Maman ? Comment puis-je vaincre ma timidité et mon bégaiement, si ils ne me laissent pas le temps d’aller jusqu’au bout de mes paroles ? C’est pour cette raison que je préfère que Dominique parle pour moi. Les mots qu’il prononce alors sont ceux qui devraient sortir de ma bouche. S’ils ne profitaient pas de ma lenteur, pour les déformer et me faire dire ce qu’ils souhaitaient entendre de ma part. Papa et Maman n’ont jamais entendu, compris, et accepté cela, il faut bien l’admettre.
Désarmé, Dominique a donc un jour décidé de ne plus participer à nos réunions de famille. Moi, j’étais obligée de m’y rendre ; d’une part, afin de ne pas vexer Papa et Maman ; d’autre part, c’était le minimum, afin que j’aie l’occasion de rencontrer tel ou tel membre de notre famille. En effet, aucun d’entre eux ne venant me – nous – rendre visite, c’était la seule occasion de les croiser. J’avais – j’ai – l’impression que les rencontres familiales – individuelles ou collectives - ne peuvent se dérouler que chez Papa et Maman. J’ai le sentiment qu’ils les régissent à leur convenance, afin que ceux et celles qui y sont invités soient leurs obligés. Ils y font en sorte que leurs hôtes n’aient pas d’autre choix que de se soumettre à leur manière de les organiser, ou à leur durée.
Il est vrai que Dominique, sachant que je fatigue beaucoup, me conseillait de rentrer aux alentours d’une certaine heure. Son but n’était évidemment pas de m’empêcher d’y aller, comme l’ont tout de suite supposé Papa et Maman. Ceux-ci ne lui ont jamais demandé pourquoi il préférait me voir revenir assez tôt. Dominique souhaitait tout simplement que je puisse, une fois de retour, me reposer de la fatigue accumulée au cours de celles-ci. Et à partir du jour où je m’y suis rendue seule, je n’ai jamais osé en discuter avec Papa ou Maman. Devant eux, je perdais automatiquement confiance en moi. Je n’avais qu’une hantise, c’était d’affronter leur regard ou leurs réflexions à ce sujet. En fait, j’attendais toujours que quelqu’un prenne la décision à ma place, afin de ne pas y être confrontée. J’étais persuadée que, même si je m’exprimais sur mon désir de retourner chez moi à telle ou telle heure, Papa et Maman ne m’auraient pas écoutée. Ils n’en n’auraient fait qu’à leur tète. C’est pour cette raison que j’attendais relativement tard avant qu’un participant ne se rende compte qu’il était temps de me reconduire.
De son coté, à partir de 18 heures environs, n’ayant pas de nouvelles de moi, Dominique commençait à angoisser. Mais, chez Papa et Maman, qui s’en souciait ? Que mon compagnon s’inquiète pour moi n’avait aucune importance. La seule fois où il a osé appeler parce qu’il se faisait tard, il s’est fait jeter par Papa. Il n’a donc plus jamais repris ce genre d’initiative, et ses anxiétés ont débuté à ce moment là. Elles se sont développées au rythme des heures tardives auxquelles je rentrais. Et elles ont pris de plus en plus d’ampleur.
Aujourd’hui, vu le comportement de Papa et de Maman vis-à-vis de Dominique, j’ai décidé de ne plus venir. Longtemps, j’ai fais des efforts envers eux, afin de leur être agréable. Mais, désormais, ils ne souhaitent même plus entendre parler de lui ou le considérer comme un membre de la famille à part entière. Il m’est donc devenu impossible d’accepter leur comportement. J‘ai compris qu’ils ne voyaient pas combien je souffrais de leur attitude – je reviendrais plus loin sur ce point. Je me suis rendu compte que mes tentatives de réconciliations étaient vouées à l’échec puisqu’il n’y avait aucun retour constructif de leur part. Or, si c’est pour être malheureuse à chaque fois que je leur rends visite parce que mon compagnon n’est pas à mes cotés, ce n’est pas la peine.




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