Ma Vérité, huitème partie

Date 16-12-2013 11:13:22 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Deux semaines plus tard, la Curatrice chargée de mon dossier est entrée en contact avec moi. Elle m’a rencontré à l’appartement en compagnie de Dominique. Nous avons d’ailleurs découvert à cette occasion que son cabinet était dans notre rue. Il était installé dans le même bâtiment que le cabinet de mon kinésithérapeute. Elle a commencé à échanger avec nous de la manière la plus cordiale et la plus aimable. Compréhensive, à l’écoute de mes désirs et de mes besoins, elle s’est très vite aperçu qu’il s’agissait davantage de nous tous les deux. Selon elle, ma situation le concernait autant que moi.
Elle s’est donc montrée aussi bienveillante avec moi qu’avec mon compagnon. Elle nous a assuré qu’elle était mandatée uniquement dans le but de protéger mes intérêts. Les seules personnes auxquelles elle avait obligation de rendre des comptes, c’était le Juge des Tutelles, moi, ou Dominique. Ensuite, Dominique et moi nous sommes attelés à lui détailler notre situation administrative ou financière. Elle s’est d’ailleurs vite aperçu que, de ce coté là, tout était en ordre. Elle a vu que nos revenus étaient parfaitement gérés. Et elle s’est rapidement posé la question de savoir quelles devaient être ses attributions puisqu’il n’y avait aucun problème à ce sujet.
En fait, les deux ou trois détails qu’elle a fait évoluer dans le fonctionnement de notre couple étaient, une fois encore, dans le but de rassurer Papa et Maman. Madame Lecarpentier – tel est le nom de ma Curatrice – m’a ouvert un compte bancaire individuel. Elle a demandé à Dominique d’en faire de même. Ceux-ci devraient venir en complément de notre compte commun. Nos revenus personnels devraient désormais y transiter. Le but était, bien entendu qu’il y ait une trace de nos revenus individuels. Papa et Maman ne devaient pas dire, un jour, que Dominique profitait financièrement de moi. Ils l’avaient en effet déjà suggéré à plusieurs reprises, je m’en souviens. Ainsi, si besoin était, tout pourrait être vérifié, à l’euro près. D’autre part, Dominique et moi notions chacune de nos dépenses sur un tableau Excel, dès que nous effectuions un achat par carte bancaire, par chèque, ou autre. Il serait ainsi très aisé de recouper les dépenses liées au couple et les dépenses individuelles. Mais comme 95 % de nos dépenses sont liées à notre couple… Bref, l’intention de Madame Lecarpentier était que nous soyons capables de justifier l’emploi de nos revenus devant eux si besoin était.
Madame Lecarpentier a aussi réalisé qu’elle n’avait pas à nous suivre de manière régulière. Elle s’est très vite rendu compte que nous nous en sortions parfaitement seuls. Elle a décidé qu’elle n’interviendrait qu’épisodiquement ; sauf en cas d’urgence, évidemment. Quand j’y repense, avec le recul, je constate une fois encore, que l’intervention de Papa et de Maman a engendré davantage de mal que de bien. Elle n’a eu aucun effet, autre que de nous donner l’occasion, à Dominique et à moi, d’obtenir des moyens supplémentaires. Nous pouvons désormais exister davantage par nous même sans qu’ils n’aient à mettre leur nez partout dans nos affaires.
Madame Lecarpentier a également rencontré Papa et Maman. Elle souhaitait avoir le point de vue de ceux qui étaient à l’origine de cette demande de curatelle. Elle voulait se faire une idée générale de la situation. Sa démarche était logique et indispensable. Or, d’après ce qu’elle m’a relaté par la suite, il apparaît que Papa et Maman s’imaginaient qu’elle me conduirait régulièrement chez eux. Ils pensaient qu’ils pourraient ainsi passer un moment en ma compagnie. Ils étaient encore persuadés qu’elle prendrait en main le suivi de mon dossier médical. Ils pensaient que ses attributions seraient plus étendues, et qu’elle aurait son mot à dire dans la gestion quotidienne de ma vie personnelle. Quelle n’a pas été leur déconvenue quand elle leur a dit qu’elle n’était pas là pour être « taxi ». Elle leur a aussi dit que, concernant ma maladie, seul le Docteur LeBiez était apte à la prendre en charge. Elle n’avait pas le droit d’intervenir dans ce domaine. Elle leur a encore révélé que nos finances et notre situation administrative allaient bien. Enfin, elle leur a fait comprendre que son action à mon encontre s’avérerait très limitée.
A partir de ce moment là, comme Madame Lecarpentier ne leur étant d’aucune utilité, n’allant pas dans leur sens, Papa et Maman s’en sont désintéressés. Ils n’avaient aucun avantage à tirer d’elle. Elle ne confirmerait jamais leurs préjugés et leurs à-priori vis-à-vis de Dominique. Elle ne prouverait pas que j’étais sous l’influence de celui-ci, que j’étais malheureuse avec lui, qu’il s’occupait mal de moi. Donc, la tutelle pour laquelle ils s’étaient tant battus avec conviction et rage, était devenue sans objet. Alors que tout le monde les avait mis en garde et leur avait expliqué qu’elle ne servirait à rien, ils se sont obstinés, quitte à déchirer la famille. Puis, quand ils se sont rendu compte qu’ils avaient eu tort, ils s’en sont détournés. Malgré tout, ils n’ont jamais reconnu qu’ils s’étaient trompés. Ils ne se sont jamais excusés auprès de moi pour tout le mal qu’ils m’avaient fait.
Madame Lecarpentier m’a en outre dit qu’elle n’avait aucun compte à leur rendre. Elle m’a aussi dit qu’elle n’en avait pas le droit. Il s’agissait exclusivement d’un échange entre elle et moi ; et éventuellement Dominique ou le Juge. Elle m’a avoué qu’elle s’était parfaitement aperçu que j’avais besoin d’être préservée des tentatives d’intrusion de mes parents de ma vie de couple. Elle m’a expliqué que son action serait consacrée à mettre en place les mesures nécessaires pour me tranquilliser de ce coté là. Elle ferait le maximum pour qu’ils n’aient plus de motifs à se mêler de nos affaires. Elle serait présente à chaque fois que j’en aurai besoin.
Madame Lecarpentier s’avère être un soutien précieux. Elle comprend que Dominique et moi sommes fusionnels et que les décisions me concernant influent forcément sur lui ; et vice-versa. Dans son esprit, il est hors de question de séparer les résolutions rattachées à mes intérêts de celles de mon couple. Elle comprend que nous sommes extrêmement anxieux, mal à l’aise, perdus face au comportement de Papa et de Maman. Elle réalise que nous sentons notre couple en danger face à leurs emportements. Elle a voit que leur manière de faire nous fragilise. Et son souhait est de nous apaiser afin que nous menions l’existence la plus tranquille et la moins difficile possible.

Contrairement à Papa et à Maman, Dominique n’est pas quelqu’un de rancunier. En effet, environ trois mois après tout cela, il a pris sur lui de tenter un rapprochement. Un jour, il leur a téléphoné. Il leur a dit qu’il souhaitait tourner la page. Il désirait avoir des relations cordiales avec eux. Il aimerait pouvoir de nouveau les côtoyer, comme avant que la découverte de ma Sclérose en Plaques.
N’avait t’il pas prononcé ces quelques paroles que Papa et Maman l’ont incendié. en le traitant de tous les noms. Ils ont remâché leurs reproches, leurs rancœurs et leurs ressentiments. Pour eux, tout était de la faute de Dominique : celui-ci aurait du se rendre compte que j’étais malade bien avant ma Poussée Inflammatoire. Il aurait du faire intervenir les Médecins afin d’enrayer ses premiers symptômes. Il m’empêchait de voir ma famille. Il me « séquestrait », selon le mot de Papa. J’étais dans l’impossibilité de m’exprimer comme je le souhaitais. Bref, ils avaient utilisé les mêmes arguments que d’habitude afin de ses persuader que j’étais malheureuse. Pour eux, il n’y avait qu’eux qui savaient ce qui était le mieux pour moi. Dominique a essayé de leur expliquer que la porte de l’appartement leur était ouverte. Ils pouvaient venir me voir quand ils en avaient envie. Mais ils n’ont rien entendu. Ils étaient braqués sur leurs idées préconçues, sur leurs préjugés et leurs à-priori. Et Dominique a très vite réalisé qu’ils s’accrochaient à ces derniers de toutes leurs forces. Ils étaient décidés à demeurer sourds à toute tentative de conciliation.
Puis, Papa et Maman se sont mis à vouvoyer Dominique comme si c’était un inconnu qu’ils rencontraient pour la première fois. Ensuite, Papa s’est exclamé que s’il le croisait dans la rue, il lui « casserait la figure ». Il a dit que, jamais il ne lui pardonnerait tout ce qui était arrivé. Pour lui, je n’étais plus celle qu’ils avaient connue dix ans plus tôt.
Dominique a vite compris que cela ne servait à rien de poursuivre, et il a décidé de mettre un terme à la discussion. De mon coté, en écoutant Papa et Maman, j’ai eu la confirmation que, pour eux, j’étais toujours cette jeune femme dont ils gardaient le souvenir. J’étais toujours celle qui vivait avec eux, avec les mêmes opinions, les mêmes centres d’intérêts, les mêmes préoccupations, qu’eux. Tout était resté figé. Dominique n’avait, pour eux, eu aucune incidence sur mon existence.
Maman a ensuite demandé à me parler un instant. Elle a proposé que je vienne les voir chez eux. Dominique s’est montré extrêmement réticent à cette démarche. Moi, j’ai accepté, espérant qu’ainsi, je pourrais enfin m’exprimer librement sur ce que je ressentais. Je souhaitais qu’ils m’écoutent et qu’ils comprennent à quel point je souffrais de leur comportement. Je rêvais de les voir prendre conscience que j’étais une adulte, et que j’avais le droit d’avoir envie de seule prendre ma vie en main aux cotés de mon compagnon.
Pour me donner du courage, j’ai noté les faits importants que je souhaitais aborder devant Papa et Maman. J’étais heureuse d’avoir l’occasion de dire vraiment ce que je pensais. J’envisageais cela comme un excellent point de départ. Je souhaitais reconstituer le lien qui s’était déchiré entre eux et moi, et par extension, entre eux et Dominique.
Notre rencontre a eu lieu un Samedi après-midi. Barbara était de repos chez eux pour le week-end. J’ai été très contente qu’elle soit présente, car celle-ci pourrait apaiser leurs esprits s’ils venaient à s’échauffer. Barbara a toujours réussi à canaliser les humeurs belliqueuses de Papa. Elle ne se laisse pas démonter devant lui. Contrairement à moi, quand elle a quelque chose à dire, même quand cela ne plait pas à Papa ou Maman, elle n’est pas impressionnée ou intimidée. J’ai donc rassemblé tout mon courage. J’ai pris la parole pour leur détailler mes « revendications » J’ai dit que mon existence était liée à celle de Dominique, que cela leur convienne ou pas. J’ai souligné que j’étais heureuse. J’ai expliqué que les décisions que je prenais étaient en fonction de notre couple, et non pas des souhaits de mes parents. J’ai aussi insisté sur le fait que je désirais que Dominique puisse m’accompagner – s’il le voulait – lors de nos réunions de famille futures. Et enfin, je leur ai demandé qu’il soit de nouveau considéré comme un membre de notre maisonnée à part entière
Barbara et Maman m’ont attentivement écouté, je dois le reconnaître. Papa, lui, a, à plusieurs reprises, essayé de ramener la conversation vers lui et ses sujets d’inquiétude ou de colère. Maman et Barbara sont intervenues à chaque fois pour l’obliger à se taire et à être attentif à mes propos. Il en a été d’ailleurs contrarié et a bougonné tout le long. Il s’est également emporté une ou deux fois, et Maman et Barbara ont du, là aussi, hausser le ton, pour que je puisse poursuivre mon propos. Et finalement, j’ai réussi à aborder la plupart des thèmes que j’espérais pouvoir évoquer.
Cela n’a, malgré tout, pas été très long. Au bout d’un quart d’heure à peine, j’avais fait le tour de la question. Je ne voulais pas m’y appesantir. J’estimais que j’avais déjà abordé ces sujets dans les différentes lettres que je leur avais adressées. Pour moi, s’ils souhaitaient y revenir, ils n’avaient qu’à les relire. Je n’avais pas envie de ressasser nos points de discorde. Je considérais que tout cela était réglé, et qu’il fallait définitivement tourner la page. Le reste de l’après-midi, nous l’avons donc passé à discuter tranquillement. Et nous avons bavardé de tout et de rien, Barbara, Maman, et moi, tandis que Papa est retourné bricoler de son coté.

J’étais sure que les événements allaient désormais évoluer favorablement. J’étais à ce point réjouit que, quelques semaines plus tard, j’ai téléphoné à Papa et Maman pour participer à l’anniversaire de Matthieu et de Déborah. Mais j’ai très vite déchanté. Ils m’ont dit que j’étais, évidemment, la bienvenue. Par contre, ils ne désiraient aucunement la présence de Dominique. Pour eux, il n’existait plus. Ils ne voulaient plus le croiser ou lui adresser la parole. Dans leur esprit, j’étais redevenu célibataire.
Je me souviens très bien de ce Dimanche si particulier. Quand Maman et Barbara sont venues me chercher, elles ont garé la voiture en dehors de la cour de notre immeuble. Elles voulaient ne pas être obligées de l’apercevoir. Elles m’ont attendu dans la rue, le temps que je les rejoigne. Quand j’y repense, on se serait cru dans un film de l’époque de la Guerre Froide. Cela ressemblait à un échange d’espions entre les deux camps qui s’opposaient. Et malgré le fait que le repas se soit très bien déroulé, j’ai été très malheureuse. J’ai été contente d’y côtoyer des membres de la famille que je n’avais pas vue depuis longtemps. Mais j’ai été triste parce que Dominique ne se trouvait pas à mes cotés. .
C’est pour cela que, lorsque je suis revenu chez moi, je me suis promis que je ne remettrais définitivement plus les pieds chez Papa et Maman. Je me suis promis, bien que cela me fasse beaucoup de peine, que je ne reviendrai plus aux repas de famille ou d’anniversaire, tant que comportement ne se modifierait pas. C’est d’ailleurs quelques jours après avoir pris cette décision que je leur ai écrit une petite lettre manuscrite. De ma propre main – et non pas à l’ordinateur pour qu’ils s’imaginent une fois de plus que cela venait de Dominique -, je leur ai expliqué en cinq ou six lignes les raisons de mon choix. Je leur ai fait comprendre que, cette fois, j’étais déterminée à aller bout. J’ai souligné que, tant qu’ils ne se remettraient pas en question sur leur part de responsabilité sur tout cela, je ne souhaitais plus avoir de contact avec eux.
J’ai trop souffert des jugements de Papa et Maman. Ils m’ont écrasé en me culpabilisant régulièrement. Ils m’ont humilié, parfois, en me faisant comprendre que c’était à eux de diriger mon existence. Ils m’ont montré que mes choix personnels ou pris en commun avec Dominique n’avaient aucune importance. Ils ont délibérément ignoré que j’étais une adulte autonome désormais. Ils ont remis en question la sérénité de mon couple, ainsi que mon propre bien être. Il fallait donc que cela cesse d’une manière ou d’une autre. Ils m’ont obligé à choisir entre ma vie familiale et ma vie de couple. Or, mon choix a toujours été le même depuis dix ans. C’est avec Dominique que je souhaite partager le reste de mon existence, pas avec eux.
Selon moi, il est essentiel qu’ils modifient leur vision des choses. Il faut qu’ils arrêtent de s’imaginer que Dominique est le responsable de tous leurs maux. Il est important qu’ils cessent d’occulter certains faits qui ne vont pas dans leur sens, et qu’ils en grossissent d’autres qui les arrangent. Il est vital qu’ils réalisent que, plus ils s’acharneront dans leur comportement, plus ils s’en prendront à mon compagnon, plus ils m’éloigneront d’eux. Et s’il faut en arriver à ces extrémités pour qu’ils le comprennent, je suis prête à l’assumer.

Aujourd’hui, mon état de santé est stable. Depuis plus d’un an que le protocole médical mis en place par le Docteur Lebiez, a débuté, un infirmier vient me faire une piqure par semaine. Quel que soit le lieu où je sois – à l’appartement, ou lors de nos vacances chez la mère de Dominique -, celui-ci m’injecte une dose d’Avonex entre 16h30 et 17h30. Il est en effet essentiel que ces injections soient effectuées le même jour et à la même heure de la semaine. C’est de cette manière que ce traitement est le plus efficace. Il est également essentiel que je ne modifie pas mon mode de vie à cause de la maladie, et que je ne change pas mes habitudes. Le tout est d’avoir une existence calme, apaisée, la plus sereine et détendue possible.
J’ai rendez-vous avec le Docteur Lebiez une fois par semestre environ. Ces rencontres sont destinées à ce qu’il suive l’évolution de ma maladie dans les meilleures conditions. Il est satisfait de voir que cette dernière ne progresse plus et qu’elle ne m’handicape pas dans mon quotidien, autant qu’il le craignait au départ. Il est assez confiant du moment que je ne présume pas de mes capacités. Il veut que je continue mes séances régulières de kinésithérapie.
Je me rends chez mon kinésithérapeute deux fois par semaine : une fois le Mardi, une fois le Vendredi. Depuis quelques temps, Dominique m’y accompagne, parce que lui aussi a des séances de kinésithérapie. En effet, compte tenu de son handicap et des crampes auquel il est sujet au début de chaque nuit, cet exercice ne peut être que bénéfique. Le Vendredi, je m’astreins à une sieste réparatrice jusqu'à ce que l’infirmier vienne me faire ma piqure d’Avonex en milieu d’après-midi.
Tous les six mois environ également, toujours accompagnée de Dominique, je me rends au CHU de Caen. En effet, à ma sortie du Centre de Rééducation Fonctionnelle de Siouville, j’étais la proie régulière de fuites urinaires. A cette époque, l’Urologue du CHU de Caen m’a fait faire toute une batterie d’examens. Elle voulait découvrir quelle était la cause de celles-ci ; et finalement, elle s’est rendu compte, comme elle s’y attendait, que c’était l’un des symptômes de ma Sclérose en plaques. Dès lors, elle aussi a mis un protocole médical afin de les stopper grâce à certains médicaments adaptés. Et, progressivement, elles ont totalement disparu. Les capacités urinaires de ma vessie ont retrouvé un débit correct et approprié. Mes reins, qui auraient pu, à la longue, souffrir, ont été soulagés. Et, parallèlement à la stabilisation de ma maladie, mes problèmes urinaires se sont définitivement estompés. Je dois tout de même retourner voir mon Urologue de temps en temps, afin qu’il s’assure que tout continue d’aller bien.
A peu près une fois par mois encore, je vais rendre visite à l’infirmière-psychologue qui me suit. Je lui parle des difficultés relationnelles avec Papa et Maman. Je lui explique combien leur comportement envers moi, envers Dominique, envers le couple que nous formons tous les deux, me fait terriblement souffrir. Je lui détaille leur attitude et leurs pressions, ainsi que leurs conséquences psychologiques sur moi. Je lui relate l’incompréhension, les jugements fantaisistes dont ils font preuve. Je lui dis de quelle manière ils me culpabilisent pour renforcer leur emprise sur moi. Je lui dis de quelle manière ils ont failli détruire mon couple. Je lui dis aussi comment j’ai réalisé que c’était leur but final. Car, aujourd’hui, j’ai compris que, tant qu’ils n’auraient pas atteint cet objectif, ils continueraient de tenter à fissurer les liens qui existent entre Dominique et moi.
Je lui dis encore qu’ils ne veulent jamais se remettre en question. Je souligne qu’ils accusent Dominique de tous les maux de la Terre, même s’il n’en n’est pas responsable. Je lui parle aussi de ma vie de tous les jours, de mes soucis quotidiens, des livres que je lis, de mes séjours dans la famille de Dominique, et de bien d’autres choses diverses et variées.
C’est mon infirmière-psychologue qui m’a réellement fait prendre conscience que je dois prendre des distances avec Papa et de Maman : si je souhaite préserver, protéger, mon couple, il est vital que je vive ma propre vie. Pour que j’apprenne à avoir confiance en moi, je dois me détacher des décisions, des choix, qu’ils veulent prendre pour moi. Il est essentiel que je fasse mes propres expériences, mes propres erreurs. C’est ce qu’elle m’enseigne, à chaque fois que je la rencontre. D’ailleurs, elle a constaté que, depuis que je ne suis plus en contact avec eux, j’ai davantage d’assurance. Elle me sent plus décontractée, plus épanouie.
Dominique m’épaule tout le temps. Il m’accompagne systématiquement chez mes Médecins, bien que, parfois, il doive patienter dans la salle d’attente le temps de ma consultation. Mais ce sont des taxis-ambulances dont le paiement est pris en charge par la Sécurité Sociale, qui nous y conduisent. Du fait que ces rendez-vous sont rattachés à ma Sclérose en plaques, ils sont rétribués à 100 % par cet organisme social. Nous n’avons donc rien à dépenser.
C’est aussi en taxi-ambulance que je vais voir mon infirmière-psychiatre. Car, au début, nous allions et revenions de l’Hôpital de Valognes à pieds. Puis, nous nous sommes aperçus, Dominique et moi, que ces trajets étaient trop épuisants pour moi. Durant le trajet de retour, j’avais besoin de faire d’innombrables haltes afin de pouvoir récupérer un peu. Et, lorsque nous arrivions chez nous, je devais aussitôt faire la sieste. Alors, Papa et Maman qui restent persuadés que d’effectuer de longues marches, et comme ils pensent que j’en suis capable…, ils n’ont aucune conscience de la distance que je suis apte à parcourir !!! Dominique est extrêmement vigilant à ce sujet.

Le dossier de mon aide-ménagère a récemment été renouvelé pour un an. J’en suis heureuse. Nadine (qui est le prénom de celle-ci) est désormais affectée à mon service, mais aussi au service de Dominique. Les démarches pour le renouvellement ont été assez longues et usantes nerveusement. Durant les vacances, les services administratifs s’en occupant ont perdu un certain nombre de documents en cours de route. Il a donc fallu les leur renvoyer à plusieurs reprises. Parallèlement, les normes d’acceptation de renouvèlement ont changé. Jusqu'à présent, il n’y avait pas besoin de l’aval d’une infirmière spécialisée pour son acceptation. Aujourd’hui si. Et c’est environ deux semaines avant l’échéance qu’une infirmière spécialisée est venue nous voir, Dominique et moi. Elle a évalué nos le nombre d’heures nécessaires à nos besoins. Heureusement, elle s’est rapidement rendu compte que nous ne pouvions nous passer d’aide-ménagère : Dominique, du fait de son handicap, moi, du fait de ma sclérose en plaques. Elle nous a donc de nouveau accordé vingt heures par mois. Elle nous les a attribués pour un an au lieu de six mois.
Nadine s’occupe donc de la lessive, du repassage, de l’aspirateur ou de la serpillère. Et elle prend en charge tout un tas d’autres petites choses.
Nadine se rend à notre domicile trois fois par semaine : le Lundi, de 10h à 11h30 ; le Mercredi, de 10h à 11h ; et le Vendredi, de 10h à 12h. La plupart du temps, le Lundi et le Mercredi sont consacrés à étendre le linge, à le repasser ou à le plier. Ils sont également consacrés à faire le ménage dans l’appartement. Le Mercredi, Nadine va parfois à la Pharmacie pour le renouvèlement de nos médicaments. Elle va chercher le pain ou prend en charge d’autres taches à effectuer en ville. Le Vendredi, elle fait le ménage complet de l’appartement. Une ou, deux fois par mois environ, avec sa voiture, elle nous conduit au supermarché. Nous y faisons de plus ou moins grandes courses. Puis, à notre retour, elle nous aide à les ranger dans notre frigidaire, dans notre congélateur, ou dans nos placards. J’avoue d’ailleurs que ces allers bimensuels au supermarché nous fatiguent beaucoup. Et nous avons ensuite besoin de tout l’après-midi afin de nous reposer. Personnellement, je m’accorde une longue sieste, tandis que Dominique écrit à l’ordinateur.




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