In mémoriam
Où es tu ? Que fais-tu ? Ton absence depuis lors Emonde ma prise Et je lâche à petits sanglots Ma vie de pénitence Position longtemps tenue Par-devers tout Mais désormais seul Accroché aux frusques abords D’un monde sycophante Qui raconte à mon cœur Des légendes qu’il ne vivra pas Je vacille affligé, le front baissé Où es tu ? Que fais-tu ? Je vois à reculons Jour après jour Les lampions s’éteindre Et les guirlandes de mon enfance Comme des lanières altérées Se rompre dans le suicide Où es tu ? Que fais-tu ? De quelle la couleur est ton âme ? Est-elle brune comme ta tombe ? Ou verte comme l’insouciance ? Moi j’habite depuis lors de froids corridors J’habite des pensées perdues J’habite une distance longue J’habite une course tragique Qui hurle sur mes tympans fragiles La détresse dans cette vie Il n’y a dans ce monde Que supplice et rancœur Il y a dans ce monde Des allées larges comme les bras d’un orphelin Mais des senteurs cruelles dans ces allées Qui vous serrent la gorge comme les serres d’un aigle Il y a des ronces d’acier aux pointes acérées Enroulées à gauche, enroulées à droite Et qui vous forcent la marche Il y a des chiens errants Qui aboient à faire sortir leurs boyaux Il y a des charognards chamailleurs Qui se disputent des détritus Des dépouilles de chats et de rats Où es tu ? Que fais-tu ? Moi j’habite des terroirs J’habite la campagne vacante J’habite une senteur fade J’habite la saveur têtue d’une soif rebelle Vécue tout autour de moi Et dans ce rayon Il n’y a que des malfrats Des jeunes et des vieux Des gueux aux yeux rouges et farouches Il y a le silence parfois Il y a le vent souvent et qui hurle ton nom Il y a l’écho par endroit Qui emporte ma voix Qui apporte ta voix Il y a l’écho qui tousse, qui toussote à faire peur Il y a le quolibet des clochards Il y a le glouglou d’un gobelet de vin rouge Que vide une gorge avide Il y a ce tas d’immondices Qui s’est calcifié avec le temps Il y a l’odeur de cornes calcinées De bœufs de béliers et de chèvres sacrifiés Il y a la vie et tout autour il y a la mort Belles toutes deux d’une égale élégance
Alassane NDIAYE ISRA[/center]
|