In memoriam

Date 19-01-2014 17:50:00 | Catégorie : Poèmes


In mémoriam

Où es tu ? Que fais-tu ?
Ton absence depuis lors
Emonde ma prise
Et je lâche à petits sanglots
Ma vie de pénitence
Position longtemps tenue
Par-devers tout
Mais désormais seul
Accroché aux frusques abords
D’un monde sycophante
Qui raconte à mon cœur
Des légendes qu’il ne vivra pas
Je vacille affligé, le front baissé

Où es tu ? Que fais-tu ?

Je vois à reculons
Jour après jour
Les lampions s’éteindre
Et les guirlandes de mon enfance
Comme des lanières altérées
Se rompre dans le suicide

Où es tu ? Que fais-tu ?

De quelle la couleur est ton âme ?
Est-elle brune comme ta tombe ?
Ou verte comme l’insouciance ?
Moi j’habite depuis lors de froids corridors
J’habite des pensées perdues
J’habite une distance longue
J’habite une course tragique
Qui hurle sur mes tympans fragiles
La détresse dans cette vie
Il n’y a dans ce monde
Que supplice et rancœur
Il y a dans ce monde
Des allées larges comme les bras d’un orphelin
Mais des senteurs cruelles dans ces allées
Qui vous serrent la gorge comme les serres d’un aigle
Il y a des ronces d’acier aux pointes acérées
Enroulées à gauche, enroulées à droite
Et qui vous forcent la marche
Il y a des chiens errants
Qui aboient à faire sortir leurs boyaux
Il y a des charognards chamailleurs
Qui se disputent des détritus
Des dépouilles de chats et de rats

Où es tu ? Que fais-tu ?

Moi j’habite des terroirs
J’habite la campagne vacante
J’habite une senteur fade
J’habite la saveur têtue d’une soif rebelle
Vécue tout autour de moi
Et dans ce rayon Il n’y a que des malfrats
Des jeunes et des vieux
Des gueux aux yeux rouges et farouches
Il y a le silence parfois
Il y a le vent souvent et qui hurle ton nom
Il y a l’écho par endroit
Qui emporte ma voix
Qui apporte ta voix
Il y a l’écho qui tousse, qui toussote à faire peur
Il y a le quolibet des clochards
Il y a le glouglou d’un gobelet de vin rouge
Que vide une gorge avide
Il y a ce tas d’immondices
Qui s’est calcifié avec le temps
Il y a l’odeur de cornes calcinées
De bœufs de béliers et de chèvres sacrifiés
Il y a la vie et tout autour il y a la mort
Belles toutes deux d’une égale élégance


Alassane NDIAYE ISRA[/center]



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