Qui aurais-je pu être ?

Date 04-02-2014 06:50:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées



Qui aurais-je pu être ?

Si j’étais née dans une famille riche, « avec une cuillère d’argent dans la bouche », selon l’expression consacrée, qu’aurais-je accompli de plus ? Me serais-je engagée dans des associations caritatives, y investissant fonds et temps ? Ou encore serais-je devenue mécène d’artistes prometteurs ? Ou alors aurais-je simplement, comme la plupart de mes homologues « Crésus », bénéficié d’une vie hors de tout tracas financier et dilapidé ma fortune dans des dépenses aussi futiles que folles, générant jalousie et critiques ?

Oh … si j’avais eu des parents célèbres, chanteurs, acteurs ou les deux, auriez-vous pu vous extasier sur mon joli brin de voix ou rire de mes pitreries dans le dernier Francis Veber ? Peut-être aussi que, délaissée par des parents trop souvent absents en raison de leur carrière, je me serais laissée tenter par des plaisirs peu recommandables … pour oublier. J’aurais alors fini entre les murs d’un hôpital psychiatrique lors de ma ixième cure de désintox et mon visage émacié et marqué serait en première page des magazines à scandale avec pour titre « La déchéance ! ».

Et si je n’avais pas été sujette au vertige, me serais-je osée dans le parachutisme, l’alpinisme, le parapente ou d’autres sports nécessitant de ne pas trembler comme une feuille face au vide ? J’aurais eu des sensations fortes, des bouffées d’adrénaline, me poussant toujours plus haut … jusqu’à un accident peut-être. Celui qui vous brise et vous laisse comme un légume sur un lit d’hôpital.

Mais si cette terreur de prendre la parole devant plus de deux personnes ne m’avait pas pourri l’existence, aurais-je pu obtenir un diplôme d’avocat ? Avec mon bagout, j’aurais sauvé des innocents et cloué le bec à l’accusation. Mon succès m’aurait fait connaître dans le milieu de personnes répréhensibles qui, à coup d’honoraires triplés, auraient été sauvées d’un emprisonnement certain … jusqu’à ce que, ivre d’impunité, je franchisse les limites afin d’obtenir plus et finisse, moi aussi, dans le banc des accusés.

Si je n’avais jamais eu peur de ces petites bêtes à huit pattes qui squattent parfois les recoins de nos jardins ou maisons, au point d’être sujet de moqueries de certains courageux. Si cette peur avait été remplacée par une attirance, une passion dévorante, au point de partager ma vie avec elles, de les collectionner, de la plus inoffensive à la plus dangereuse. Aveuglée par une confiance sans bornes, je me serais amusée à les manipuler jusqu’à ce que l’une d’elles, agacée, me morde et que je finisse paralysée sur le sol de ma véranda avant que le venin n’arrête les battements de mon cœur.

Bon, si je fais le bilan, je ne suis ni riche ni célèbre, je souffre de vertige et je tremble si je dois m’exprimer devant un groupe ou face à une araignée. Mais j’ai une vie équilibrée, je suis en bonne santé et heureuse dans ma vie. Qui aurais-je pu être d’autre que moi …. à part un non-moi ?
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