Il était une fois, moi
Un enfant à la mise belle
Aux idées lisses comme son corps
Comme sa mine comme son cœur et
Comme son âme en ce temps-là

Les jours passaient
Comme des images flemmes
Et la vie était belle comme un mouton Maure
Qui bêle sur les pâturages rares
De la verte transhumance

Et les nuits blondes comme je les aime
Étaient plates et paisibles

Il était une fois, moi
Et un cortège d’amis avec moi
Dormant sous les nuages
Et dans les nuages souvent

Quand le sommeil nous happait
Nous voguions parmi nos rêves
Au-dessus de nous la céleste couverture

Il était une fois, moi
Et une suite avec moi
Sous la clarté d’une lune de cristal
Comme des graines à levée précoce
Des rêves gaillards et bavards imbibés d’alcool
Germaient dans nos esprits
Ils empestaient déjà le vin de palme
Saouls d’espérance d’un monde en couleurs

Il était une fois, moi
Mais nous voici maintenant
Mon âme et moi
Mon corps et mon cœur lisses jadis
Ridés maintenant d’une seule et malveillante blessure

Et un réveil bourru, un cauchemar
S’est substitué au rêve de jadis et subsiste encore
Il titubait beaucoup dans ma mémoire
Avant de tomber sur le perron encrassé
Des peines perdues
Un labeur sans paye et sans reconnaissance
Dans cette vie de vile accumulation

Alassane NDIAYE ISRA