Le Possédé

Date 09-03-2014 16:21:59 | Catégorie : Poèmes


Ne crains pas, ô ! mon frère, en me voyant si blanc,
Que ne se soient vidées, les veines, de mon sang,
Ou, que mon cœur si las, par une belle chance,
N'ait su se délivrer de sa vaine espérance.

Ne pleurez pas ainsi, fantômes de l'Enfer,
Qui riaient de me voir, quand, la tête à l'envers,
La Marquise d'Anvers, m'offrait chaudes caresses,
Qui, en brûlant ma peau, ridèrent ma jeunesse.

Et vous, enfants charmants, qui jouez au jardin,
Écartez-vous de moi, lorsque sur le chemin,
Vous me verrez passer, précédé de mon ombre,
Suivi de mes péchés, effrayants par leur nombre.

Enfin, toi ! toi qui as poussé mes derniers pas
Vers l'abîme où je vais, cache donc tes appâts !
Car je serais encore, à six pieds sous ma tombe,
Capable d'en sortir, pour pénétrer tes lombes.



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