Sacré Thierry !

Date 05-09-2014 10:15:57 | Catégorie : Nouvelles



Il pleut, on est dimanche, je me cale sur mon canapé. Télécommande en main, je décide de visionner quelques épisodes de Thierry la Fronde. C’est une série que je regardais quand j’étais toute petite, avant même d’aller à l’école. Thierry était beau, courageux et gentil. A l’époque, je pensais qu’un jour je me marierais avec lui. Ca ne faisait aucun doute !

Voici l’histoire : nous sommes en 1360, Jean II Roi de France a été fait prisonnier par les Anglais. Le Prince de Galles, Edward, occupe notre beau pays. Thierry de Janville décide de combattre les envahisseurs, mais il est trahit par Florent de Clouseaules, et fait prisonnier. Il s’évade, et continue son combat, accompagné par des gentils hors la loi : Bertrand, Jehan, Pierre, Judas, Martin, Bousicault et Isabelle. Son arme favorite est la fronde, avec laquelle il est très habile.

Le premier épisode commence avec la musique qui me remet aussitôt un demi-siècle en arrière.
http://www.dailymotion.com/video/x7cka_thierry-la-fronde_music
Ça parait à peine croyable ! Je regarde les premières images, et j’ai trois ans à nouveau !

Mon héros est poursuivi par les vilains Anglais, il ne sait plus où se cacher.
Tout à coup, le beau Thierry s’arrête.

- Attention tu vas te faire attraper !

Je crie comme quand j’assistais aux spectacles de marionnettes à la maternelle.
Il regarde en haut, en bas, sur les côtés. Il semble me fixer. Comme il est beau ! Il s’approche, enjambe l’écran et se retrouve dans mon salon !

- Vite, où puis-je me cacher ?

J’éteins la télévision.

- Ne t’inquiète pas Thierry, tes poursuivants ont disparu.

Il court dans l’entrée et monte les escaliers quatre à quatre. Je pars à sa suite, et je le rattrape, juste avant qu’il ne saute par la fenêtre de la salle de bain. La dame de la maison d’à côté est à sa fenêtre. Elle regarde ce beau jeune homme en collant moulant et tunique verte, et moi qui lui dis :

- Non, je t’en prie Thierry, ne saute pas !

Elle secoue la tête et referme son rideau. Elle doit se dire que sa voisine divorcée a un nouvel amant qui veut se suicider pour ses beaux yeux. Je passe sur la tenue du bellâtre, encore une perversité… Bonjour la réputation !

- Thierry, descends, s’il te plaît, tout le monde nous regarde !

Le pauvre garçon semble perdu, il vient d’apercevoir les voitures garées dans la rue.

- Qu’est-ce que c’est que ces drôles de charrettes ?

Il fronce les sourcils et s’écrie :

- Ce sont des Anglais !

Il ajuste sa fronde et balance un caillou dans la vitre de la Mercedes de Johnny, le dealer du bas de la rue.

- Bien joué ! Quel idiot ! Tu n’es pas assuré en plus ! Johnny va être furieux.

- Je suis très assuré au contraire ! Johnny doit retourner au Royaume d’Angleterre. Je ne les laisserai pas envahir la France !

Bien sûr… On est mal partis, comment lui expliquer ?

- La guerre est finie Thierry, les Anglais sont repartis chez eux, ce sont nos amis maintenant. Et Johnny n’est pas anglais, tu lui as cassé sa voiture, il faut te calmer maintenant. Il n’y a pas de danger, d’accord ?
Par où commencer ?

- Tu as fait un bond dans le temps, tu es passé du 14ème au 21ème siècle, tu comprends ? Je ne sais pas comment c’est possible, mais regarde autour de toi, rien n’est pareil qu’à ton époque.

Thierry voit bien que quelque chose ne va pas. Il regarde la route goudronnée, les réverbères, les drôles de maisons, ce qui meuble ma salle de bain. Il a l’air sonné. Nous redescendons et je lui montre la télévision.

- Je vais l’allumer et tu vas mieux comprendre.

La série réapparaît à l’écran, Thierry voit ses compagnons courir dans les bois et se cacher dans les arbres. Il est encore plus beau qu’à la télévision. Il a des cheveux très noirs, une peau parfaite et un sourire, un sourire ! Hum, il sourit parce qu’il a vu la belle et jeune Isabelle, je ne suis qu’un vieux tromblon pour lui. C’est le monde à l’envers décidément ! N’oublions pas que ce cher Thierry a quand même pas loin de sept cents ans ! En même temps, je me dis qu’au 14ème siècle, à trente ans, on était un vieillard, avec les dents pourries et une espérance de vie à cinq ans. En réalité, il doit penser que j’ai vingt-cinq ans ! Je me redresse, un peu ragaillardie.

- Ecoute Thierry, si tu dois rester ici quelques temps, il va falloir changer de vêtements.

Son collant moulant est très seyant, mais pour sortir, ça va être un peu voyant. Il se lève. Il a les fesses musclées juste ce qu’il faut, il est trop craquant.

- Viens avec moi, on va bien trouver des fringues dans l’armoire de mon fils.

Je lui sors un jean slim, et un tee-shirt blanc. Il est sublime !

- Où se trouve le château ?


- Quel château ?

- Le château de ton seigneur ! Cette maison est étrange, mais je serais curieux de voir la forteresse.

Il n’a pas été long à voir que j’étais une manante. Je lui montre une photographie de l’hôtel de ville, en lui disant que nous avons choisi notre seigneur, et que nous ne travaillons pas pour lui, c’est lui qui travaille pour nous.

- Quelle drôle de peinture, dit-il en caressant la photo. Votre seigneur travaille pour vous ? C’est impossible ! Tu veux dire qu’il vous protège.


- Non, c’est la police qui nous protège. Nous payons des impôts, il touche une indemnité, de l’argent, et décide des travaux qui vont être faits dans notre ville.

- Tu veux dire que votre seigneur est pauvre ?

- Euh non, on le paye décemment tu sais !

- Mais vous êtes riches ?

Il regarde l’intérieur de ma maison bizarre. Ce décor n’est pas celui qu’il espèrerait d’une maison riche.

- Non plus. On travaille, et on paye des impôts, c’est tout.

Une sonnerie le fait sursauter, il se lève et regarde de tous côtés, prêt à utiliser sa fronde. J’ai reçu un sms…

- Tiens Josy m’invite à un barbecue samedi, son mari est anglais, mais il est très gentil, rassure toi !

Le pauvre Thierry est incrédule.

- Où est ton mari ?

- Il m’a quitté il y a longtemps déjà.

Il regarde par la fenêtre.

- Où sont tes légumes ? Tu as des champs, des chèvres, une vache ?

Je souris.

- Quelques framboises dans le jardin, et j’ai préféré prendre un chat comme animal de compagnie.

- Ce monde est très étrange, je vois que les Anglais sont repartis chez eux, et ça me rassure, mais je n’aime pas ton monde, il sent mauvais. Tes vêtements ne sont pas confortables, et j’ai envie de courir dans les bois. Comment faire pour retourner dans le passé ?

Mystère et boule de gomme mon petit chéri !

- On va essayer quelque chose.

Je l’approche de la télévision qui est restée allumée. Ses amis sont dans une espèce de taverne, en train de boire et de manger.

- Essaie de toucher l’écran pour voir. Si ça marche dans un sens, ça doit marcher dans l’autre.

Thierry s’approche, Isabelle lui sourit, il repasse à travers le poste de télévision. Il ne me reste que sa tunique et son joli collant !



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