Eternel sursis

Date 10-10-2014 16:52:45 | Catégorie : Poèmes confirmés


Souvent, que ce soit sur Internet ou dans la vraie vie, il m'arrive de croiser des femmes dont la beauté, la sensualité, la magnificence, m'émeuvent profondément. Ces femmes me paralysent, me terrorisent émotionnellement, me blessent aussi parfois. Elles m'impressionnent par l'aura lumineuse qui se dégage d'elles ; et qui m'attire irrésistiblement ; en même temps qu'elles me donnent envie de me cacher au sein d'une obscurité sans nom, et de les fuir irrémédiablement.
Car, à l'instant précis où je croise le regard de l'une d'elles, où le hasard est susceptible de me donner l'occasion d'en approcher une, ou de converser avec elle, mon visage se crispe d'une douleur sans nom. Et aussitôt, bien que cela ne se voit pas forcément, des flots de larmes s'échappent de mes yeux ; mon cœur se met à saigner abondamment. Alors que je souhaiterai lui dire combien je la trouve attirante, sensuelle, désirable, incroyablement féminine, exaltante - autant physiquement qu'intellectuellement -, une tristesse infinie, incommensurable, m'envahit. Alors que je rêverais de m'asseoir à ses cotés, de lui expliquer combien je suis heureux d'avoir le droit de partager un moment avec elle ; que ce simple fait me comble de bonheur, de fierté ; que c'est un honneur et un privilège pour moi de pouvoir prendre un café, de déjeuner, de dîner, de promener dans la rue, en sa compagnie ; je m'effondre comme si quelqu'un m'avait battu à mort ; comme si je gisais au sol, secoué de spasmes incontrôlables et ensanglanté.
Depuis que je suis jeune, cela a toujours été ainsi. Beaucoup de femmes, au cours de mon existence, n'ont jamais réalisé à quel point être à leurs cotés était, pour moi, un événement extraordinaire, sublime, dont je me souviendrai jusqu'au dernier jour de ma vie. Aujourd'hui encore, tandis que j'écris ces lignes, et comme je l'ai déjà relaté dans certains textes, je me souviens d'elles comme si les événements qui m'ont amené à les croiser, s'étaient déroulés hier. Et chaque fois que ce genre de chose se reproduis - ici ou ailleurs -, chacun des mots, chacun des gestes, chacune des situation, s'imprime à tout jamais dans les profondeurs de mon âme et de mon cœur. Jamais aucune ne s'en est rendu compte - et puis, de toute manière, leurs préoccupations étaient ailleurs -, mais elles ont toutes participé à l'exacerbation de mon émotivité, de ma sensibilité. Elles m'ont toutes fait vibrer, fantasmer. Toutes, je les ai désiré de tout mon être. Toutes, j'ai cherché, humblement, avec mes maigres capacités, mes possibilités limitées, à les rendre épanouies et heureuses ; même si je n'étais jamais le destinataire de leurs émois.
Et pourtant, ces femmes, ce n'étaient pas - ce ne sont pas - des top-models, des actrices, des femmes forcément hors de portée. Prenez par exemple la photo de la femme que je montre pour illustrer ce texte. Certes, elle est séduisante, sensuelle, a beaucoup de charme, est élégante, a un sourire éclatant. Malgré tout, on en voit tous les jours dans la rue comme elle. A son travail, au marché, dans le train, etc, il y en énormément comme elle. Et pourtant, chacune d'elles irradie du même éclat à mes yeux, suscite la même émotion : une attirance teintée d'effroi ; une terreur sans nom mêlée d'envie de la connaître, de creuser au sein de sa personnalité, de ce qui se cache au-delà des apparences qu'elle montre à tout un chacun.
Mais non, je n'y arrive pas. C'est trop difficile, trop lourd pour moi. C'est un fardeau dont je ne parviens pas à me défaire. Ce sont des chaînes, des cauchemars rouvrant d'anciennes cicatrices, dont je ne parviens pas à me délivrer. Et je ne suis capable que de les contempler, que de les admirer, de loin. Mon regard est irrésistiblement attiré vers elle - c'est plus fort que moi -, alors qu'au même instant, je me mets à pleurer intérieurement. Et que je n'ai pas d'autre choix que de fuir cette personne que j'aimerai tant approcher, avec laquelle je rêverai de nouer des liens affectueux, tendres, et pourquoi pas, amoureux. Juste pour avoir le plaisir de lui apporter le meilleur de ce que je suis, et arrêter de souffrir quotidiennement mille morts. Retrouvé un peu de cette dignité, de ce respect de moi même que je n'ai jamais eu. Car oui, confronté à elles, j'ai l'impression d’être un condamné à mort attendant la sentence exécutoire qui mettra fin à une existence continuellement en sursis.



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