Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 6)

Date 06-12-2014 16:51:18 | Catégorie : Nouvelles confirmées


13 août 1917

Cela fait deux ans aujourd’hui que nous avons été envahis. Je suis malade comme un chien. Maman pense que j’ai attrapé le typhus. J’ai de la fièvre, de petites taches rouges, je tousse et je vomis le peu que j’ingurgite. Heureusement, des médecins offrent des consultations gratuites dans les locaux du Comité de Soutien. Le docteur m’a examiné et donné quelques cachets. Il n’en avait pas assez pour tous les malades en raison d’une pénurie.

29 août 1917

Me voilà officiellement guéri. Maman a trouvé des médicaments au marché noir mais elle a dû vendre le collier de Grand-Mère pour se les procurer.

18 mars 1918

L’école est fermée pour quelques semaines en raison d’une épidémie de grippe espagnole. Il paraît qu’elle sévit dans tous les pays d’Europe. Encore une épreuve de plus ! Cette guerre ne finira-t-elle donc jamais ? Je vois chaque jour Maman s’affaiblir car les pénuries se font de plus en plus ressentir.

30 mai 1918

Je fête mes dix-huit ans, encore sans Papa. Mon plus beau cadeau aurait été de le voir sur le seuil de la maison, avec son baluchon sur l’épaule. Il me raconterait tout ce qu’il a vécu au front, ses exploits. J’ai bien reçu sa lettre mais sa correspondance est de plus en plus courte et son écriture est presque illisible. J’ai peur qu’il ne soit malade ou affaibli et qu’il n’ose pas nous l’avouer, de peur que l’on s’inquiète.

14 août 1918

Mon oncle est de retour de déportation. Il est méconnaissable : amaigri, il porte d’horribles cicatrices sur les bras et le torse. Le docteur a demandé si Maman avait encore du saindoux pour préparer un onguent à appliquer sur ses blessures. Le manque de médicaments s’aggrave de mois en mois. Robert a raconté à tous ceux qui se sont rendus à son chevet qu’il avait été maltraité et affamé par ses geôliers. « On était considéré comme du bétail et non comme des hommes. » disait-il en pleurant. « Les plus faibles mouraient d’inanition ou de maladie. J’ai cru ne jamais revenir.»

12 septembre 1918.

On entend les canons gronder sur Comines et nous sommes souvent survolés par des avions. Je pense que ce sont des alliés. Je les ai observés avec les jumelles de Grand-Père. Ils ont deux ailes superposées et je pense avoir reconnu un drapeau anglais sur la queue de l’un d’eux.


à suivre...



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