Premier souvenir

Date 07-12-2014 09:39:42 | Catégorie : Nouvelles confirmées



Je ne sais pas comment je me suis retrouvée ici. J’erre dans les rues de cette ville inconnue. Une épaisse couche de neige recouvre les trottoirs et une bise froide balaie la grande avenue presque déserte. Mes pas semblent guidés par une force invisible. La silhouette sombre d’un immeuble se profile devant mon regard. Je me dirige vers lui. Les fenêtres éclairées ici et là lui confèrent une allure de monstre aux multiples yeux. Sa gueule béante s’ouvre à mon arrivée et me happe.

La chaleur ambiante tranche avec le froid extérieur. Une certaine effervescence règne mais les allers et venues des visiteurs se font dans un certain silence. Ici, les paroles se font chuchotements. Dans le sillage d’une jeune fille, j’entre dans l’ascenseur. À l’intérieur, je ne croise le regard d’aucune autre personne. Chacun semble dans sa bulle, dans l’attente que le chiffre de l’étage attendu s’affiche sur le panneau. Nous voici au troisième, je quitte cet espace confiné et déambule dans un couloir aux couleurs vives. Un ballon de baudruche l’orne ça et là. Tout au bout, une lumière attire mon regard et ma curiosité. Des bruits étouffés d’efforts, des paroles d’encouragement me parviennent de cet espace plus éclairé que les autres pièces de l’étage.

J’entre car rien ne m’y empêche. Je découvre une scène qui me serre les entrailles. Une femme est couchée, les pieds dans les étriers. Le médecin l’exhorte à pousser et son mari lui tient la main. Un « Je la vois ! Elle arrive ! » Résonne dans la pièce aux murs immaculés. Mes yeux sont rivés sur la touffe de cheveux qui apparaît entre les cuisses de la jeune femme. Soudain, je suis prise d’une sorte de vertige, le monde autour de moi se met à vibrer au rythme d’un cœur qui bat. Ma vision se trouble, j’ai l’impression d’être avalée par un gouffre sombre et sans fond. La chute semble vertigineuse et je ne parviens pas à crier.

Je sens une main ferme m’attraper par l’épaule puis le bras, je suis hissée dans un milieu froid, à la lumière aveuglante. Je peux enfin crier ! Mon hurlement semble me libérer d’un poids et me ramener à la vie. Ma vision est trouble. Je perçois diverses manipulations de mon corps engourdi jusqu’à ce que je retrouve une sensation de chaleur apaisante, celle d’un corps, encore brûlant des efforts fournis. Je devine un visage s’approcher du mien et une main vient me caresser la joue. Je la reconnais. C’est la jeune mère que j’ai vue tout à l’heure. Elle me parle doucement, sa voix m’apaise. J’entends juste « Tu t’appelleras Delphine » avant de sombrer dans mon premier sommeil.




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