Le Mystère de la Chambre Close (Suite)

Date 22-12-2014 17:50:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Le Mystère de la Chambre Close




Résumé des Chapitres précédents

Le Baron Armand de Valfort vient consulter Walter Morsirisse, détective privé, au sujet d’une lettre de chantage qu’il a reçue d’une inconnue qui signe : V.S.
Cette dernière laisse entendre qu’elle viendra chez-lui le même jour, à minuit, réclamer la somme d’argent exigée.
Le Baron invite Morsirisse à diner, ce même jour.
L’après-midi précédant l’heure du diner chez le Baron, Morsirisse vient rendre visite à son vieil ami Sanvergogne et lui parle de l’affaire. Ce dernier semble cacher quelque chose. Morsirisse n 'insiste pas car il sait que Sanvergogne tôt ou tard lui avouera ce qu'il sait. Il qutte donc son ami.
Un peu plus tard.... Il se rend à la Simonière. Le valet Étienne Duboulet lui ouvre la grille de la residence. Walter Morsirisse lui pose quelques questions. Ainsi, Étienne lui confirme que le Baron n'a reçu qu'une seule lettre de menace, renforçant ainsi les soupçons qui pèsent sur la bonne foi du Baron de Valfort..
Peu après Morsirisse est conduit par Étienne jusqu'à la bibliothèque où il fait la connaissance d'Hevé Santéglise, le précepteur de Juliette de Valfort, fille du Baron.


Je salue de la tête l’inconnu. C’est un homme entre quarante et cinquante ans. Il est robuste. Sa chevelure argentée, est aspergée d'eau de Cologne à la lavande dont le parfum ne me laissera plus. Je vais désormais le renifler partout, et jusque dans mes rêves. Il me conduira durant mon enquête, à plusieurs conclusions. Toutes aussi vraies que fausses. Et vice versa. Mais n'anticipons pas. Notons seulement le parfum. Notons également la chevelure. Tout doit être suspect. Parce que tout le fut. Ou plutôt, tout le sera. La moitié de son visage est cachée sous les poils de sa barbe. Ses yeux sont abrités par des sourcils épais. Son corps est enseveli sous un habit noir trop grand pour lui mais qui se marie avec la bizarrerie générale de la physionomie de cette personne dont j’ai deviné l’identité avant même de l’entendre me la décliner.
« Je suis le précepteur de Juliette. Hervé Santéglise. »
Sa courte introduction est suivie par une quinte de toux qui le secoue et me fait reculer imperceptiblement.
« Cette saleté de toux commence à me fatiguer…, arrive-t-il à marmonner. Ce matin, j’allais bien… J’ai dû faire une rechute… Pardonnez-moi.
-Ne vous en faites pas. Un bon grog ce soir avant de vous coucher, vous fera le plus grand bien. »
Il me remercie pour mon conseil dont il n’a, j’en suis sûr, nullement besoin. Je me présente enfin, sans omettre de préciser ma profession. Santéglise me regarde comme s’il n’a pas compris quelque chose. Je me demande ce qui peut bien lui échapper dans ce que j’ai dit car je ne lui ai pratiquement rien dit. Je le vois pâlir. J’ai l’impression que sa barbe noire a pris des reflets d’argent. Décidément, ma présence ici a le don d’effrayer la population. Après Étienne, c’est au tour de Santéglise de prendre peur à l’écoute de ma profession. Serait-il possible qu’il soit mêlé à cette histoire ? En tant que précepteur de la petite Juliette de Valfort il doit avoir, sinon accès au bureau du Baron, du moins être suffisamment au courant des allées et venues des habitants de la maison pour découvrir un moyen de s’introduire dans n’importe quelle pièce sans être remarqué. Il aurait donc la possibilité de déposer une lettre sur le bureau du Baron ans se faire prendre… Mais je dérive complètement ! Santéglise n’a pas la tête d’un maitre chanteur et, ne viens-je pas, il y a un instant, de me convaincre de la mauvaise foi du Baron !? De quoi, alors, le précepteur aurait-il peur ? Je n’en sais rien, mais je le saurai.
Pour l’instant, je suis forcé de me taire au sujet de l’affaire. Je ne peux lui en parler sans risquer de compromettre mon plan d’action, et violer la confidence de mon client. Je dois temporiser. Je fais donc semblant de n’avoir rien remarqué, et continue de bavarder avec Santéglise. Ce dernier, en me voyant si détendu se rassure peu à peu, et arrive même à me donner une plaisante réplique.
« Allez-vous rester avec nous pour dîner, monsieur Morsirisse ? »me dit-il, subitement gênée en réalisant que l’usage du mot ‘nous’ (qui inclue la famille du Baron) pourrait me paraître osé ou déplacé de sa part. Prétendant ne pas avoir fait attention à son embarras, je réponds simplement.
« Le Baron a eu en effet, la bonté de m’y inviter. »
Santéglise me sourit de façon satisfaite. Je lui rends son sourire comme font les gens qui n’ont pas d’autre choix que de se sourire poliment. Je commence néanmoins à m’impatienter. Le Baron tarde à se montrer. Je consulte discrètement la pendule qui se trouve au fond de la salle, contre le mur opposé à la fenêtre. Il est 19 heures 50.
Soudain, le précepteur est de nouveau pris d’une brusque quinte de toux si forte que dans un élan de panique, il se lève, cherchant frénétiquement dans ses poches, un mouchoir. Ses mains laissent alors échapper le gros livre que j’avais remarqué en entrant, et qu’elles tenaient toujours sur ses genoux. Je le suis instinctivement du regard dans sa chute. Lorsqu’il atteint le sol, je dois faire un effort inouï pour ne pas laisser voir le suprême étonnement que me cause la vue de ce qui se trouve sous mes yeux, aux pieds de Santéglise. Encore à moitié enfouie parmi les pages du bouquin, dépasse une enveloppe bleue, identique à celle qu’a reçue le Baron de Valfort.

(A suivre)



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