Comment le Beauté Féminine a influencé ma Destinée

Date 06-02-2015 19:50:01 | Catégorie : Essais confirmés


Depuis que j'écris des « textes à la volée » - comme je les nomme – ici ou ailleurs, un certain nombre de personnes s'interrogent à mon sujet.

Entre parenthèses, et pour éviter toute méprise quant aux fautes d’orthographe, aux répétitions, ou aux erreurs grammaticales malencontreuses, lorsque je spécifie « à la volée », c'est à dire sans relecture avant publication. Je suis en effet d'habitude très exigeant à ce sujet quand je rédige nouvelles ou romans. Et en ce qui concerne ces derniers, je me relis au minimum une demi-douzaine de fois avant d’être satisfait de mes textes. Je suis d'une exigence sans borne en ce qui concerne le vocabulaire, les tournures de phrase, etc. Parfois, il m'arrive de réécrire des pages entières ou de passer des heures sur deux ou trois mots, avant d’être convaincu que c'est ainsi que je voulais les évoquer. D'autant que, sans être médisant, lorsque je parcours nombre de poèmes, récits ou autres de confrères, ici ou ailleurs, je ne suis pas celui qui est le plus indélicat dans ce domaine. De fait, lorsque je rédige un texte « à la volée », j'essaye de faire au maximum attention bien entendu. Mais comme ces textes ne sont pas un travail de rédaction à proprement parler, mais davantage des réflexions personnelles, des pensées, des idées, des fulgurances rattachées à mes nombreux et divers imaginaires, je ne m'attarde pas beaucoup sur ces détails ; d'une importance vitale à mes yeux dans un manuscrit tel que, par exemple, « le Manoir des Ombres ». Je tenais à le souligner parce que, régulièrement, des individus jugent mes publications à ce propos sans savoir ; ce qui me meurtrit un peu, je l'avoue, moi qui essaye chaque jour de rédiger mes textes avec passion…

Pour en revenir à ce que je désirais partager ici aujourd'hui, je vais tenter de répondre à cette interrogation que nombre de personnes ici – des femmes en particulier – se posent à mon sujet : Pourquoi suis-je tant fasciné par la beauté ; et la beauté féminine en premier lieu.

C'est une question tout à fait légitime, j'en conviens. Nombre de mes poèmes, de mes récits écrits « à la volée » abordent régulièrement cette thématique. Vous qui me lisez plus ou moins souvent, je ne sais pas, sachez que si j'ai un tel intérêt, une telle passion, pour celle-ci, c'est parce que pratiquement toute ma vie, j'en ai été privé. Je l'ai déjà détaillé dans plusieurs récits les plus personnels – récents ou non -, mais je suis né avec une tache de vin me couvrant une partie du visage. Et durant mon enfance, puis – et surtout – mon adolescence, j'ai été moqué, rejeté, humilié, mis à l'écart, condamné à la solitude et en désespoir proche de la démence, tout le long de cette période. Mes parents, à de rares et brèves exceptions – je ne leur en veux pas, comment auraient-ils pu s'imaginer ce que j'endurais ? - ne se sont jamais rendu compte de l'Enfer auquel j'étais soumis chaque jour. Car, dès que je passais la porte d'entrée de l'école, du collège, ou du lycée, il n'y a pas une fois où je ne me suis pas demandé ce que mes camarades allaient inventer aujourd'hui pour me torturer. De fait, ces années qui sont habituellement celles où l'on découvre l'amitié, les premiers émois de l'amour, du désir, du partage, de l'échange, ont surtout, pour moi, été des années de solitude, de peur, de repli au sein d'un univers de lecture, de rêves inatteignables au sein de la Réalité quotidienne dans laquelle j'évoluais. Je me suis inventé un monde où nul ne pouvais me faire de mal, me blesser pour l'apparence que j'avais et qui semblait agresser les personnes que je côtoyais fréquemment. Et contre lesquels je n'avais pas la capacité de me défendre, ni physiquement ni d'autre manière.

C'est d'ailleurs au cours de mes années de lycée que j'ai commencé à écrire de petits textes de quelques pages. Oh, évidemment, c'était loin d’être de la grande littérature. Ils étaient remplis de fautes de français, de répétition. Ils avaient parfois ni queue ni tète. Mais c'est par ce moyen que j'ai pu, pour la première fois de mon existence, mettre de mots sur les maux dont j'étais la proie. Car, comme n'importe quel adolescent, c'était pour moi l'époque de mes premiers émois amoureux. Et comme je le suis toujours en outre, ceux-ci étaient empreints de passion, de ferveur, d'espoir, de songes. J'ai dès lors écrits plusieurs nouvelles où l'élue de mon cœur était l’héroïne à mes cotés d'aventures extraordinaires. Il s'agissait surtout d'Héroic-Fantasy et de Science-Fiction de bas étage qui me ferait honte aujourd'hui. C'était rempli de naïveté et de mièvrerie, de tendres sentiments où l’héroïne qu'était la jeune femme dont j'étais éprise se rendait finalement compte de la force des sentiments que j'avais pour elle, et y succombait.

J'ai également rédigé plusieurs poèmes de la même veine destinés à cette jeune femme. Mais, traumatisé par les tortures morales de mes camarades de classe durant des années, je n'ai jamais trouver la force en moi de l'aborder pour lui offrir ces nouvelles ou ces poèmes. Même si j'avais, je m'en souviens encore, passé mes journées de congé – week-ends ou vacances scolaires – entières sur l'un de mes premiers ordinateurs à traitement de texte, à les rédiger. Je me rappelle que l'une de ces nouvelles faisait plus d'une centaine de pages. Une gageure pour l'époque, pour laquelle j'avais sué sang et eaux pendant quinze jours afin de la lui offrir à la rentrée. En vain évidemment, puisque ma peur, mon anxiété d’être rejeté, moqué, humilié, renvoyé à ma solitude sous les sarcasmes de ma bien-aimée et des ami(e)s qui l'entouraient, étaient trop puissants pour que je parvienne à les combattre et à les vaincre.

Ce n'est que par l'intermédiaire de l'un des rares amis que j'ai eu tout le long de ma scolarité – de l'école primaire à la fin du lycée – que j'ai pu lui faire parvenir mes manuscrits. J'ai demandé à cet ami de les lui porter en mon nom. Ce qu'il a fait. Mais, alors que j'espérais qu'elle vienne au moins me voir pour me remercier et pour m'interroger sur la raison de tels présents, elle ne s'est jamais manifesté. Et ce n'est qu'en l'observant de loin tout le long des mois qui ont suivi, et en rêvant à ce bonheur auquel je n'aurais jamais droit, que j'ai mené ma scolarité à terme. Dans des conditions extrêmement difficiles qui plus est, puisque cette situation m'a tellement malmené, que j'en suis pratiquement devenu anorexique un temps. Torturé par les émotions, les sentiments passionnés à son encontre dont j'étais la proie, torturé par mon envie de l'approcher et de lui parler, et par mon angoisse et ma terreur d’être moqué, humilié, rejeté, par elle, je ne suis progressivement enfoncé dans un état quasi anorexique jusqu'à la fin de mes années de lycée.

Je n'ai jamais oublié cette jeune femme. On dit d'ailleurs souvent qu'on n'oublie jamais son premier amour. En ce qui me concerne, cette maxime se révèle vraie. Son visage, sa beauté, sa séduction, son charme, irrésistibles à mes yeux, resteront gravés pour l’Éternité dans ma mémoire. Les instants les plus marquants liés à elle durant cette période sont toujours présents en moi. Bien des années plus tard, je me souviens encore de son prénom : Valérie ; de son nom de famille que je ne dévoilerai pas ici. Je me rappelle de ses cheveux blonds, de son regard bleu pétillant, de son visage si frais, si innocent, si délicieux, si envoûtant. Je revois sa silhouette fine, ses formes généreuses qui, bien qu'encore adolescentes, laissaient entrevoir la femme superbe, sensuelle, attirante, lumineuse, qu'elle ne manquerait pas de devenir. Je ne me suis pas trompé car, il y a un an ou deux, par curiosité, je me suis mis en quête de sa trace sur Internet. Après des semaines d'investigations sur des sites permettant de retrouver d'anciens amis d'enfance, j'ai vu sa photo. Et elle est devenu aussi séduisante, majestueuse, et à la plastique aussi avantageuse que je le supposais.

J'ai aimé passionnément d'autres femmes après elle. Quelques unes avec succès, beaucoup d'autres ayant la même attitude qu'elle à mon égard. C'est à dire m'ignorant et entourées d'une cour de soupirants moins timides et moins repliés sur eux mêmes ou torturés émotionnellement par leur passé que moi. Il est très rare que je me sois fais connaître, après Valérie, de ces femmes dont j'étais éperdument amoureux. Toujours ce sentiment profondément, viscéralement, ancré en moi, que je serai rejeté, humilié, moqué, par l'aspect de mon visage. Combien de fois, au fil des années suivantes, devenu jeune adulte, les jeunes femmes que j'ai croisé sur ma route et dont je me suis plus ou moins secrètement épris, m'ont expliqué que j'étais « un ami qui comptait énormément pour elles, auprès desquelles elles pouvaient se confier ; que si elles avaient un rêve, c'était d'avoir un petit-ami ou un compagnon qui me ressemble » ? Mais quand je dis « qui me ressemble », c'était dans mon caractère, pour ma sensibilité, ma gentillesse, ma grande culture, ma curiosité ; bref l'ensemble des qualités que j'ai enrichi au cours des années et des décennies suivantes. Mais, en ce qui concernait les sentiments amoureux qu'elles auraient pu développer en apprenant à me connaître, il n'en n'était pas question. A aucune, cela n'a effleuré l'esprit ; en tout cas, à aucune pour lesquelles j'avais développé de puissants et passionnés sentiments amoureux. Et ce, malgré tous mes efforts – maladroits le plus souvent j'en conviens, timides aussi, emprunts d'angoisse et de peur – que j'ai pu fournir. Au mieux, elles m'expliquaient gentiment qu'elles n'étaient pas amoureuses de moi, et qu'elles préféraient rester mon amie. Au pire, elles m'avouaient qu'elles ne se voyaient pas se promener avec quelqu'un comme moi – avec ma tache de naissance, puis mes cicatrices liées à mes opérations de chirurgie esthétiques ultérieures. Qu'elles se sentiraient gênées de se promener avec moi dans la rue, que je les embrasse en public, ou au bras d'une personne handicapée, même si ce handicap n'était que très léger.

Ce genre de rebuffades, c'est par dizaines que j'en ai été la victime. Et plus les années se sont écoulées, plus, sans qu'elles s'en rendent compte, elles m'ont meurtri ; elles m'ont poussé à me replier davantage encore sur moi même en ce qui concerne les sentiments amoureux que j'ai pu porter à une femme. J'ai enfoui au plus profond de mon cœur et de mon âme – à quelques exceptions près – ce que j'éprouvais pour celles-ci, parce que ce je ressentais était source d'angoisse, de souffrance, de blessures, intolérables me conduisant régulièrement aux portes de la folie. Et je restais prostré dans mon coin, le plus loin possible de la dame de mes pensées lorsque j'avais le malheur de me trouver dans la même pièce que celle-ci. Je l'observais de loin, vénérant silencieusement, secrètement, la beauté, le charme, la séduction, la sensualité, dont elles étaient pourvues à mes yeux. Et, dans le même temps, pleurant silencieusement de ne pas être muni des attraits physiques, des avantages plastiques, susceptibles de leur laisser discerner ce que mon cœur enflammé de passion et de sentiments ardents cachait.

Mais, ce qui a accentué ces souffrances devant m'amener plus tard à idéaliser la beauté féminine telle que je la décris régulièrement dans mes textes, est un événement qui s'est déroulé à la toute fin de ma dernière année de scolarité. A cette époque, j'avais donc décidé de me faire opérer chirurgicalement afin de réparer le coté de mon visage envahi par cette tache de vin. J'étais allé voir ce chirurgien esthétique à plusieurs reprises pour préparer ces interventions ; il m'avait prévenu qu'il y en aurait certainement plusieurs. Il ne faut pas oublier qu'au début des années 1990, nous en étions aux balbutiements de cette pratique. Mais, il m'avait assuré que je retrouverais un visage « normal » à 90 %.

J'en étais heureux. Heureux d’être débarrassé de cette malédiction qui me poursuivait depuis ma plus tendre enfance, et qui m'avait fait souffrir à un point qu'il est difficile d'imaginer pour quelqu'un qui n'a pas subi des épreuves d'une telle violence. De cette torture constante, de ce rejet permanent de la part des autres. Heureux de savoir que je ne serai plus jamais moqué, humilié, mis à l'écart de la part des jeunes femmes dont j'allais m'éprendre dans les années à venir. Heureux de savoir qu'enfin, je pourrais enfin les séduire autant par mon physique que par mon intelligence, ma gentillesse, ma sensibilité ou ma culture. Oui, heureux, par-dessus tout le reste, d'avoir le droit d'approcher ces femmes qui m'attiraient, que je trouvais belles, séduisantes, sensuelles, sans avoir la sensation que si je m'aventurais dans leur direction, je ne serai pas considéré un intrus, un insecte qui n'avais pas sa place dans un monde où la beauté, le charme, la sensualité, féminines, étaient reines.

J'en étais d'autant plus heureux que, quelques semaines avant ces interventions lourdes médicalement, ce chirurgien esthétique m'a proposé de me couvrir la partie du visage envahie par ma tache de vin d'une pommade l’effaçant afin de retrouver la couleur naturelle et rosée de la peau. J'avoue que j'ai été extrêmement surpris par le résultat. Satisfait également, bien entendu. C'était la première fois de mon existence que je discernais les deux parties de mon visage semblables. Et j'ai constaté avec une pointe de fierté que je n'étais pas si repoussant que je le pensais. J'étais même assez séduisant pour tout avouer.

Le lendemain, lorsque je suis revenu au lycée, tout d'abord, mes camarades de classe n'ont vu aucune différence. Ils étaient tellement habitués, comme l'ensemble de mes proches d'ailleurs, de me voir, qu'ils ne faisaient plus de distinction entre le jeune homme avec sa tache de naissance ou sans. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'ils s'en sont rendu compte, et qu'ils ont été décontenancés, surpris, choqués – dans le bon sens du terme -, qu'ils se sont aperçu qu'il y avait quelque chose de changé en moi. Un certain nombre de jeunes femmes qui appartenaient à mes camarades de classe les plus proches en ont même été légèrement émoustillés, m'expliquant plus tard qu'elles me trouvaient attirant, séduisant. Et ce, devant leurs petits-amis de l'époque. En y repensant aujourd'hui, j'en souris encore intérieurement, car c'était la première fois que ce genre de situation se produisait.

Quelques jours plus tard encore, je devais rendre visite à un des rares amis d'école que j'avais à cette époque, et je l'ai attendu sur le quai de la gare de la ville dans laquelle il habitait. Bien habillé, ma tache de vin recouverte de cette crème, j'ai patienté qu'il arrive à la gare pour me conduire jusque chez lui – c'était la première fois que je m'y rendais. C'est aussi la première fois de ma vie qu'une jeune femme inconnue, qui patientait pour je ne sais quelle raison sur le trottoir de la gare, m'a abordé. Elle a entamé la discussion avec moi. Au bout d'un instant, elle m'a proposé d'aller pendre un café dans un bar non loin de là. Je n'ai pas eu le temps de lui répondre que mon ami est apparu, et que j'ai dû la quitter. J'avoue que cet événement m'a profondément bouleversé sur le moment. Je n'étais pas accoutumé à ce qu'une jeune femme me trouve assez séduisant pour vouloir faire ma connaissance, puis me « draguer ».

Alors, à deux ou trois semaines de là, lorsqu'en plein été, sous une chaleur écrasante, je me suis retrouvé à l’hôpital afin qu'on m'implante sous la peau des sortes de ballons destinés à ce que mon visage crée de la peau supplémentaire, j'étais heureux. Malgré toutes les souffrances dues à l'opération de chirurgie esthétique qui me les avait glissé sous la peau du visage, malgré le fait que je savais qu'il me faudrait ensuite plusieurs séjours hospitaliers afin que le chirurgien esthétique travaille mon visage afin de remodeler la partie laissant apparaître ma tache de vin, j'ai tout accepté. Durant deux mois, à raison d'une fois par semaine, je suis retourné à l’hôpital afin que ces ballons sous la peau soient légèrement gonflés. Ainsi, cela obligeait ma peau à en fabriquer davantage. A chaque fois, c'était un véritable supplice. J'avais l'impression qu'une aiguille chauffée à blanc me transperçait le crâne. Moi qui tolère assez bien la douleur physique lorsque celle-ci est dans des proportions raisonnables, c'est une des seules fois de mon existence où j'aurai préféré m'évanouir plutôt que de l'endurer. Je hurlais presque ; j'en avais les larmes aux yeux ; j'avais beau serrer la main de ma mère – qui m'accompagnait toujours dans ce genre de circonstances -, rien n'y faisait.

Cet enfer a duré deux mois à peu près. Et plus les ballons se gonflaient sous ma peau, plus c'était douloureux. Par ailleurs, plus je ressemblais à Éléphant Man, avec ses boursouflures sur le visage ; sa figure déformée par les malformations. Entre parenthèses, durant longtemps, je n'ai pas pu voir ce film, car à chaque fois, j'avais le sentiment de me revoir à cette période de ma vie. Et me voir ainsi m'a tellement choqué, perturbé, traumatisé, dévalorisé à mes yeux, que je ressentais le visage monstrueux de ce film – basé sur une histoire vraie qui plus est – comme une agression personnelle. Ce n'est qu'il y a peu d'années que j'ai pu le visionner en entier et me détacher des cauchemars inscrits dans la Réalité de ma vie au tournant des années 1990.

D'un autre coté, très vite, à part pour aller à l’hôpital dans le but de gonfler ces ballons, je n'ai plus eu le droit de sortir de chez moi. D'une part parce que le soleil était plutôt néfaste pour l'intervention que je subissais ; d'autre part, parce que mon visage enflait et que les moqueries dont j'avais été l'objet durant des années risquaient de ressurgir ; ou au mieux, les regards interrogateurs ou dégoûtés par mon apparence. De fait, j'ai passé les deux mois d’Été de cette année à dessiner une immense carte de deux mètres sur deux mètres. J'y ai représenté un continent imaginaire que j'avais créé de toute pièce au fur et à mesure des récits écrits de ma main les mois précédents. Colorié, avec les nom des villes, des contrés, etc, il m'a servi de base plus tard dans l'élaboration d'un certain nombre de scénarios de jeux de rôles que j'ai modelé. Je suis certain qu'au fond de ma mémoire et de mon imaginaire, il doit toujours aujourd'hui en rester quelques infimes traces.

Finalement, au bout de deux mois, le chirurgien esthétique a utilisé ce surplus de peau de mon visage afin de remplacer la tache de vin par de la peau saine. Mais, non pas en une seule opération comme il me l'avait promis à l'origine, mais en deux. Puis, au cours des années suivantes, avec des rajouts ou des modifications à certains endroits. Ces interventions ont laissé des cicatrices en plusieurs lieux de celui-ci, qui se sont estompées avec le temps. Il y en a encore des vestiges aujourd'hui. Et la promesse me disant que 90 % de mon visage deviendrait aussi sein que celui-de n'importe qui n'a pas été tenue. Puisque malgré une demi-douzaine d'autres opérations durant toute la décennie des années 1990, je garde encore des séquelles de ces promesses non tenues.

Alors que je rêvais de posséder un visage « normal », que j'avais enduré de multiples souffrances physiques et morales pour atteindre ce but, le résultat n'a été que très médiocre. Pire encore, il m'a fait replonger dans mon mal être d'enfant et d'adolescent face au regard des autres. Alors que je rêvais de pouvoir aimer et être aimé pour ce que je dévoilais également de moi par mon physique, pour qu'enfin, la jeune femme pour laquelle j'aurais des sentiments puisse aller au-delà de celui-ci et lire dans mon âme et dans mon cœur, j'étais revenu à la case départ. Pire qu'à la case départ, puisque ensuite, mes blessures amoureuses n'ont fait qu'empirer, que ma sensibilité dans ce domaine s'est accrue jusqu’à en devenir une torture constante. Que j'ai failli, à la fin des années 1990, plusieurs fois me suicider à cause de toutes ces souffrances dues à ces rejets à répétition de mes sentiments à leur égard ; elles me répétaient sans cesse les mêmes arguments : « Tu es un ami ; Je t'aime beaucoup. Si j'avais un compagnon, j'aimerais qu'il te ressemble dans son caractère, dans sa gentillesse, dans sa culture, etc. Mais avec ton handicap, tes cicatrices, je ne me sens pas capable de t'aimer, de t'ouvrir mon cœur. ». Combien de fois je me suis scarifié les bras avec des lames de rasoir, dans le noir, au milieu de la nuit, en proie à un violent désespoir, à une haine de moi même de ne pas avoir le droit d’être celui que je suis réellement ? Très souvent lors de cette période.

Puis, avec Internet, plus tard, j'ai vu l’opportunité de me dévoiler tel que je suis sans que l'on me juge sur mon physique. Mais en ayant malgré tout conscience que ce que je porte en moi est susceptible de séduire des femmes que je considère comme attirantes, désirables, sensuelles.

A mes yeux du moins parce que tout ceci n'est bien sûr que subjectif. Une personne peux trouver une autre personne belle, lumineuse, attirante, etc. ; mais l'autre non, ou une troisième, assez proche physiquement de la précédente, sans attraits. Je parle donc en mon nom propre, et en fonction de ce que la beauté représente pour moi. Même si cette dernière, je la ressentirai avec passion, un élan sans pareil, avec ferveur proche du divin. Mais cette façon de la vénérer ne tient qu'à moi, à mon vécu, à ma personnalité, à ma manière de l'appréhender.

C'est donc avec mes mots, mes phrases, mes textes, mes poèmes, etc., que j'exprime tout ceci, en plus de tout le reste que je ne peux révéler ici dans ce texte ou dans ceux qui l'ont précédé. Si je désirais réellement entreprendre ce voyage aux tréfonds de mon âme pour en ressortir la multiplicité des ressentis et des expériences qui ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui. Mais si je mène actuellement cette quête effrénée dans le but de découvrir cette femme que je considère comme sublime, divine, pour pouvoir l'aborder, l'approcher, dialoguer, conquérir son âme et son cœur, puis finalement avoir des échanges intimes, sensuels, passionnés dans un lit en sa compagnie, c'est parce que j'ai subi tout ce que je viens de décrire dans ce texte. C'est parce que cette souffrance née de ce passé tourmenté, raté à certains égards, me hante. Et que je n'en serai délivré que si je réussis un jour à vaincre ce que je vis comme l'un des plus lourds, l'un des plus importants, fardeaux de mon existence qui continue de me l'empoisonner à outrance...



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