Baptème d'eau claire

Date 02-06-2012 15:00:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


Baptême d'eau claire


Merci, Ru joli de mon enfance
Dans mes racines je te revois,
Ton eau froide et ta luisance
Ma source chante ta fraicheur,
Tu coules en moi ton ardeur,
Ta vie liquide est mouvance.
Ton eau se mêle à l'air
L'azur et toi unis sans frontière,
Tu es la transparence,
Le goût de vérité foncière
Céou rivière d'eau vive
Arrogante et franche
Agitée entre tes rives,
Où la frondaison s'épanche
Mon abri de résurgence dive
M'apaise et ma soif s'étanche.

Je revois dans mon ruisseau fécond
Mes pieds d'enfant Immobiles
Dessinés d'infimes ridules,
Frôlements de poissons qui filent.
Je revois le flot où les gardons
Confiants, en masse circulent.
Je vois le fond d'eau limpide
Où les pierres ondulent
Sous le frémissant fluide.
Dans ce bonheur translucide.
Où éclair suspendu dans la clarté
Fuit soudain sauvage et timide,
La truite brillante de netteté
Qui vivement d'un bond rapide
Sous les nénuphars s'est cachée.


Mon Céou t'en souviens-tu ?
Quand mon âme d'enfant,
Fascinée par ton flot têtu
Mais en quête de l'important
Vacillait, cherchait sa voie.
Mes choix encore en éveil.
J'étais alors devenir, libre de loi,
Et quand miroitait le soleil,
Sur ta douce luminescence, 
J'ai reçu ce don de toi
L'amour d'un univers pareil 
A ta pureté et ta clémence.
Tu livres tes secrets, sans retenue,
Certain te pensent faible, sans défense
Pour ainsi te dévoiler sans émoi. 
Mon Céou, tu fus aussi mon conseil :
Quand l'entrave d'un barrage
De branches brisées en mille fétus
Faisait à ton libre cours offense, 
Et obstacle à ton fil de soie.
Je t'ai vu ferme mais sans rage
De tes vaguelettes assidues 
User, pugnace en un assaut vermeil
Et phagocyter les vieux bois 
Pour engloutir l'amas d'abondance
Soumis à ton incessant limage. 
Tu sais reprendre sans sot raffut 
Ta liberté avec lente patience,
Et te libérer de tous pillages.
Et ton chant est merveille.

Céou de mon enfance,
Loin de toi, j'ai vu 
D'autres eaux.
J'ai vu les lacs sans fond.
J'ai vu loin de toi, 
Des fleuves fous. 
Mais surtout, 
Je ne peux oublier la noirceur
Des flots troubles des marais,
Les surfaces opaques de peur
Là où le regard se heurte à l'enfer.
Quand sous le courant indécis
Se dérobent des enroulements
Que les miasmes  affligeants
Offrent amers et dépravés 
Des vies de mort enlacées
Troublées des obscurs glissements. 
Annonce de mortels grabuges 
Et de corps déchiquetés 
Dans des abysses d'effroi,
Où flotte l'aigreur biliaire
Et des chairs pourries
Là où deux yeux rouges embusqués
En traître à l'affût 
S' apprêtent à l’ignoble trahison
Pendant que l’appât leurré
Par l'invisible infâme
Avance sa vie perdue
Et s'offre innocent aux ténèbres.
Je revois ces eaux indignes 
Qui transportent en silence 
Le mortel danger grouillant
Putride, et pestilentiel, 
D'invisibles hideux tueurs
Qui s'immiscent sans courage
Dissimulés, infects et cruels
Pour lâchement happer 
Et corrompre les vies contraintes,
Engagées dans cet univers 
Dans cet obscur et funèbre univers
Terre et décompositions mêlées
Parmi ces suspensions de chairs molles 
Là est le sinistre monde de l'horreur
Qui trompe et abuse.
En embuscade voilée. 

J'ai vu loin de toi
Le sort sombre, l'opacité. 
J'ai vu l’épouvante des abjects, 
Des trompeurs abominables
Sournois, déloyaux et fourbes.
Devant ces eaux malade de mort
Alors que du faible traite perfide
j’abhorre la forfaiture
Des puants corrupteurs des vies.

Je pense à toi Céou de mon enfance,
Tu fus mon eau de Baptême, 
L'autre naissance
C'est pourquoi
Je sais aujourd'hui qu'à l'heure des choix,
Pour toujours je t'ai épousé, 
Je me suis tournée 
Vers ta fraîche, ta saine clarté.

Loriane Lydia Maleville.




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