Annette et Marcel ( Dans le cadre du défi de la semaine)

Date 25-03-2015 15:07:15 | Catégorie : Nouvelles confirmées


-‘’Dis donc Maurice, remets moi donc une petite friandise de maçon’’.

En tenant ses propos, Marcel signifiait au patron, de resservir un coup de rouge qui tache, seule boisson qui, à ses yeux, méritait d’être absorbée, une boisson d’homme qu’il disait le Marcel !!

Annette attablée dans le fond du bar, et qui dés ce début de matinée avait attaqué, comme à son habitude au blanc sec, lui lança alors,-« « Dis donc Marcel, tu pourrais, si t’as pas de hérisson au fond d’tes fouilles, m’offrir un godet’’

Ah, Annette, c’était la femme de sa vie au Marcel, un amour jusqu’alors platonique, à son grand désespoir.

C’est qu’il en pinçait pour la petite brunette potelée, le Marcel, dont il appréciait la distinction, la finesse d’esprit, l’élégance dans le langage et son érudition qu’elle cultivait au quotidien en lisant les vieux Nous Deux dont toute la collection était à disposition des clients du bar depuis le premier numéro sorti le14 mai 1947.

Il faut savoir que le bar de Maurice pouvait s’apparenter à un bar littéraire.

Aussi chacun, s’abreuvait de connaissances multiples en parcourant au zinc ses ouvrages favoris : Fesse d’anguille ainsi surnommé, car ayant les fesses en goutte d’eau parcourait L’Equipe, Pattes de buis, dont le surnom tenait de sa maigreur lui permettant de prendre un bain de pieds dans une pompe à vélo, lisait Spirou, tandis que le géant des Flandres qui culminait sous la toise à 1m 53 consultait régulièrement un vieux catalogue de Manufrance, prétendant :-‘’moi j’aime bien la lecture, mais faut pas qu’ c’a cause politique’’
.
Le géant des Flandres qui se prétendait SDF, (sans direction finale), passait ses journées au bistrot, ce qui lui avait valu de la part de certains mal intentionnés cette réflexion : ‘’il doit avoir des coudes d’alpiniste, personne ne l’a vu un jour dévisser du comptoir’’

-’’C’est bon dis Marcel à Annette, je t’offre un gobeson, mais tu trinques avec mézigue’’
C’est qu’il savait y faire avec les mistones le Marcel, tout en touché, comme il disait- :’’L’efficacité n’empêche pas l’élégant pékin de faire preuve de délicatesse’’ Un poète vous dis je !!!

Annette la raffinée céda à cette demande en rougissant, et invita Marcel à s’asseoir à ses cotés en lui disant amoureusement :’’ Viens mon trésor, poser tes miches sur la fumeuse’’

Pour donner un plus de romantisme à cette rencontre, Marcel mit une tune dans le juke-box et lança la chanson de Dalida, ‘’Paroles Paroles’’.

Dés les premiers accords, la magie opérât, Marcel saisissant la menotte de la belle, lui susurrât :-‘’ Veux tu venir déjeuner à ma piaule, j’ai fais du boudin noir, purée Mousseline, et je chauffe au gaz ? ’’
Ce n’était pas une légende, il savait parler aux femmes le Marcel !!

-‘’Je termine mon gorgeon, et on file chez toi, déguster le résiné cuit du bouant’’, murmurât conquise, la délicieuse grisette, en précisant :’’sache que si j’adore le boudin, celui ci me rend malade et m’occasionne des douleurs d’estomac’’.

- :’’Qu’a c’la ne tienne, répondit Le gars Marcel, je serai ton Péca, le trombif de ton cœur et soignerai tous tes maux ’’

Et les deux tourtereaux de sortirent, bras dessus, bras dessous du bar de chez Maurice, pendant que le jukebox fredonnait les dernières paroles de la chanson de Dalida:

Encore des maux, toujours des maux, rien que des maux…….





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