De ces journées qui naissent bien avant l'aube

Date 27-03-2015 17:00:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées



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De ces journées qui naissent bien avant l'aube



Émanent une atmosphère d'angoisse, une odeur de trépas où la réalité n'a plu de sens ; le cycle des heures s'est rompu… Je ne vais pas bien… vraiment pas bien… je vais mal, très mal, c'est un état inhérent de ma nature ! Mon esprit est enfermé dans une de mes peurs récurrentes qui me projette vers la nuit éternelle… froide et éternelle. Lorsque je prononce ce mot et prête l'oreille au son de sa dernière syllabe, je perds pied ! Il n'y a pas de frémissement, point d'écho. C'est une note mourante qui nourrit l'étreinte lancinante de mon mal-être ; depuis des lunes, infinie est ma souffrance… je sais que de transcrire ma haine de l'immuable ne changera rien, non absolument rien… au contraire, de savoir que l'encre de mes veines ne pourra suffire à écrire éternelle, tant il m'est difficile de l'interpréter, heureux seront mes tourments, obscure sera ma douleur. Je déteste ce mot ! Ce dont je suis sûr c'est que ma mort, elle, sera immortelle. Au bout du chemin il n'y a que ce point, érigé en verdict funeste, qui révèle la fin de l'éphémère. Cette tragédie existentielle est une fin en soi ; c'est l'éternité de l'instant qui tue la vie ! Ténébreuses sont mes pensées, glacial est mon effroi.


Je honnis tous ces curetons qui diffusent l'idée que cette fin inéluctable est la naissance de l'éternité, une deuxième aventure qui annihile la mort, qui n'en finit plus de vivre ; c'est l'effet placebo inventé avant l'heure ! Ceci est un pur mensonge, une mystification, une contrevérité, une humiliation. Pire, de faire croire à un futur dans l'au-delà, c'est une infamie !
"La naissance de l'éternité" : ces paroles hors de propos ne symbolisent rien d'autre que le néant, la non-existence où l'absence est un tout. C'est la mort ad vitam æternam ; je pleure… mes larmes sont effrayées par l'absolu. Je refuse de prendre place dans le tombeau qui m'attend. Je veux continuer ma route, j'ai un besoin irrépressible d'exister depuis que des lèvres suaves ont déposé un baiser sur ma bouche innocente. Je réclame de la tendresse à cor et à cri, ainsi que du respect ! Mais que fais donc l'amour pour nous délivrer de cette frayeur ? Rien ! Ni vu, ni connu… pourquoi l'amour ne se préoccupe pas de savoir si les abonnés de la vie sont en détresses. L'amour s'affiche, s'étale, se donne, devient même sans gêne lorsque tout va bien, et comme de bien entendu, il vous tourne le dos aux moindres difficultés. L'amour ne devrait-il pas être un remède, une garantie d'épanouissement, une force en soi ? À quand l'amour qui ne déçoit jamais, qui immunise du temps qui passe ? L'amour se doit être omniprésent pour que l'existence qui s'écoule ne soit qu'un fleuve fleuri ; je veux vivre des lendemains "sucrés", couronnés par ce bouquet de myosotis bleu qui chuchote à mes oreilles : "Never forget me", et moi je rajoute " Aime-moi, je te prie !"


Mais il n'y a plus d'authentique passion. L'ère de l'artificielle éclate au grand jour. La pilule bleu garantit d'avoir la "Gaule", la levrette et le 69 en haute définition enflamment les esprits, nous avons adopté, moi le premier, ces artifices qui dénaturent les émois et la communion. La consommation est à son apogée, on paie, on goûte, on profite, on jouit, on jette… Vulgaires en sont devenues mes étreintes, quel goût amer à cet amour.
On s'est menti… on m'a menti ! Le désamour, je l'ai vécu !
Alors l'amour s'en est allé sous d'autres cieux… mais je ne connais qu'un ciel et désormais c'est sur le fil du rasoir que je suis à la recherche de… je ne sais quoi ! Je m'égare… mon âme est démunie et se débat pour fuir se vide abyssal qui m'entoure ; cette lutte me terrorise, insondables sont mes doutes !

Je rampe, je maudis cette quiétude qui se dérobe à ma conscience… j'ai peur de mon regard, de mes sentiments, de mes soupirs, de mes pleurs, de mon image. Je n'ose même plus regarder l'ombre de ma silhouette ni choyer l'empreinte de mes rêves, mon quotidien est un fardeau. Je perçois mon existence comme une punition !
Dès qu'une lueur se fait visible, qu'elle provienne d'un rayon de lune, d'un rai de lumière tamisée ou d'un réverbère, mon sort devient cette potence d'incertitudes dressée aux vents mauvais. C'est ainsi que l'égarement et la confusion s'installent et rythment les affres de mes pensées.

Cet univers douloureux, qui défigure la raison de mon esprit est bel et bien une sanction ; plaie à mon âme ! L'incohérence, qu'est devenue ma vie, fait son ouvrage ; le regard vers le ciel, les yeux embués de larmes, j'en appelle à l'être auquel je n'ai jamais cru… quelle dérision !



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Tandis que l'aurore prend corps


Naissent, alors les sensations imaginaires, les visions fantasmatiques toutes plus terrifiantes les
unes que les autres ; les araignées du matin, pour qui la conscience est un met raffiné, ont tissé
leurs toiles de misère dans le labyrinthe de mes méninges, rongées par des années d'inquiétudes et
de noire solitude. Les fils de détresse de cette nasse enferment et plongent mon être dans une
torpeur toujours plus proche du renoncement au monde. Le soupir des âmes déchues diffuse des
relents de prières non exaucées, ni même écoutées, qui souillent mes fosses nasales et altèrent les
hémisphères de mon cerveau.
Égarée par tant de démences, la lumière du jour captée par mes yeux apeurées se perd dans les
dédales de mon cerveau, en proie aux joutes incessantes de ces crises inspirées par le manque, la
trahison, le désamour, l'oubli et l'incurie de l'humanité !
Le carrelage de ma salle de bain est le kaléidoscope de mes mélancolies ; chaque fragment est une
souffrance, un tourment qui alimente cette atmosphère de déraison. Mon miroir absorbe l'ombre
de ma présence, liquéfie mon image, vomit son souvenir et reflète l'absence ; je me dois de fuir ces
scènes, inhérentes à cette psychose hallucinatoire, qui font de moi cet homme errant dans un
monde irrationnel qui défie la base de mes acquis.
Mais cette étincelle de lucidité est éphémère… la voracité de mes folies, dont le point d'origine est
la perception que j'ai de cette société - qui me hait depuis ma naissance - est telle, que je n'ai plus
aucune certitude de ce qui est, de ce qui n'est pas, et de tout ce qui semble être ; c'est la parfaite
harmonie du doute qui enterre mes velléités de réactions.
J'ai oublié de fermer la porte du réfrigérateur et permis aux odeurs de mort qu'il contient de s'en
échapper… Des chairs décongelées, sorties de la morgue familiale, suinte un filet de sang au large
sourire, celui-là même qui fraternise avec mes phobies…
Les émanations nauséabondes de cette viande qui ondoient au plafond de la cuisine, s'éveillent,
m'enveloppent, m'agrippent, me regardent, me scrutent et susurrent
À l'oreille de mon esprit : "come with us ; we are thy family !".
Dans un mouvement de recul, je m'entends répondre :
"No ! You are the bad spirits of this world !".

Ces murmures, qui m’invitent à coucher dans les rayons de la mort, s'impatientent et n'ont de cesse
de me harceler ; hâter ma venue auprès du Dieu Hadès, telle est leur mission, telle sera leur don !
Les chuchotements se font vacarme et le jour est ébloui par une peur en folie, une folie qui brise
la ligne d'horizon ou l'amalgame de la lumière et de l'obscurité se décline sur tous les tons ; Les
mânes nichées sur cette vague de couleurs dénaturées, apostrophent ma lassitude pour qu'elle
mette un terme à cette obstination de survie, vides de sens et d’intérêts.
C'est un effet qui bouleverse le temps de l'harmonie dont l'écho éteint les étoiles, balaie le chemin
de la nativité, et tue l'amour !


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Devant un tel cataclysme, un cri d'impuissance étouffé par le silence sort du grand ovale qu'est
devenue ma bouche, mes mains, en vaine protection, enserrent ma tête ; mon corps éprouvé par
ce déferlement, plie dans la tourmente.
C’est une émotion effroyable qui consume ma compréhension et qui extirpe mon âme !


Depuis que nous avons brûlé les ailes de la liberté, négligé l’amour et tué l’empathie, je n'ai plus le
moindre souvenir de ce qu'est la vie, de ce que je suis… Tout est dissous…
Au-delà de ces nuits insomniaques et de ces journées ammoniaques, c'est par le désespoir, la
désillusion, que ce monde parallèle, venu des abysses de la folie et du fantasme, a pris possession
de mon esprit. Mon être s'effiloche comme les voiles d'une goélette pris dans les cinquantièmes
hurlants.





Quand m'écrierai-je, terre, terre, terre… enfin ma terre, ma mère !
Aide-moi, je suis de retour parmi vous ?











MARCO





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