Elvis, l'improbable retour.

Date 01-04-2015 12:30:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


-Salut, Elvis, tu prends quelque chose ?
- j’te remercie, mais maintenant quand j’picole, le lendemain, j’me souviens plus de c’que j’ai fait !-----Putain, c’est des frais pour rien !
-De toute façon, je v’iens ici pour gratter la lyre.

Elvis, c’était un fan du King, et quand il venait chez Dédé, il s’installait au fond du rade, pour jouer le ratisseux et gratter la guimbarde.
Là, en l’espace d’un instant, il devenait un autre homme et se transformait en King de Las Vegas.
Il avait un bon grelot, et incontestablement un certain talent, aussi quand il attaquait ‘’Jailhouse Rock’’, ou’’ love me tender’’, les plus récalcitrants à la musique, les accrocs du picton, les addicts du petit bleu, là mettaient en veilleuse, et prêtaient leurs esgourdes au rocker des pauvres, au king des indigents.
-C’est bien simple, disait, Vise a gauche, moi quand il joue, ca m’fait l’même effet que quand j’entends Yvette, la roussette au soufflant, qui jouait sur les routes du Tour de France dans les années 50, j’en chialerais !!,Tiens Dédé, remet une gouttelette.

Il avait le palpitant d’une midinette, le Vise à gauche.

Il est vari que la toute première fois qu’Elvis , venant de nulle part, était arrivé avec sa gratte dans le Bar de Dédé, chacun se posait la question de savoir qui était ce gonze, nippé comme le king, et qui caressait l’instrument comme le rej’ton de Manitas !!

D’ailleurs, jamais il n’évoquait jamais ni son passé, pas plus que son avenir, disant à ce sujet: ‘’je ne m’inquiète pas de savoir demain, ce qu’il restera d’hier’’.
Une sorte de philosophe des impécunieux, le king des arides du larfeuil.

Un samedi soir, jour de frotte et d’astic, il nous a lâché un concert de folie, une de ces soirées mémorables ou il vous semble que la terre s’arrête de tourner, ou le temps se fige comme pour marquer l’instant présent, un de ces moments intenses ou il vous semble que la corniche vous est tombée sur le carafon, à la suite de quoi vous pouvez aller tutoyer, sans regret, la carigue.

Il paraissait transformé, transfiguré comme habité par un autre, par le King !! !
Il était le king : Elvis Aaron Presley , et le bar de Dédé était le Studio Sun Records de Memphis, studio de ses premiers enregistrements !

Sa voix chaude et envoutante, avait même mis au chômage le Dédé, tant ses clients, pourtant des princes du guindal, des aristos de la gobette, des ripois du gorgeon, subjugués par le spectacle, en oubliaient de licher.
De toute façon Dédé, qui pourtant nous passait au quotidien sur son tourne disque de marque Grandin, les succès de Georgette Plana, Yvette Giraud ou Dario Moréno, ne les aurait pas servi, pris qu’il était par le magicien de sa cazingue qui officiait en son cani.

Il nous avait estomaqué l’Elvis, mastiqué une fissure, et les chevaliers du lustre de chez Dédé, de boire cul sec leur godiche, sans même respecter les paliers, avant de quitter les lieux.

Depuis cette soirée grandiose, on n’a plus jamais revu notre Elvis, comme évaporé, sorti du quotidien du quartier, au point que certains intellectuels du Rosé de pays ou autre mandarin du Castelvin, prétendent qu’il s’agissait d’Elvis, le vrai, donnant ainsi du crédit au mythe de sa prétendue fausse disparition.

Alors qui était t-il: un faux Elvis, le vrai King, à qui le dabe du paradouze , aurait r’filer un billet de sortie, pour divertir les prolos du pivre ??

-Va savoir, c’est métaphysique.
-Hein ? ben toi, mets ta tournée !!





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