Ma fille Saint Pétersbourg 6

Date 11-06-2012 14:30:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Ma fille (Saint Pétersbourg 6)


Ce chef d'oeuvre qu'est l'église de la résurrection du Christ de Saint Pétersbourg a donc ce jour retenu mon attention une bonne partie de la journée.
je pensais à la construction de Notre Dame que raconte Peyramaure dans son roman "le printemps de pierres". Te souviens-tu de ce livre que j'ai tant aimé et que tu as lu aussi je crois ?
Je faisais en moi le compte de toutes ses merveilles que les humains sèment derrière eux sur cette terre, toute cette ingéniosité et tout cet art pour juste faire la nique à la mort, juste pour un Dieu bien utile à créer, si indispensable à beaucoup, car, tant vivre en faisant face au néant est terrifiant, tant cette peur atavique nous commande de laisser une trace de nos vies insignifiantes, dans l'univers qui nous oublie.
J'ai ainsi des heures durant, pensé et aimé vivre.
Aimer, d'autant plus que cette église comme tout bijou est enveloppée d'un écrin. 
En effet elle est entourée d'un immense parc absolument superbe. J'y ai promené ma rêverie, en faisant des photos. Un arbre magnifique !, et, oh! mon dieu, celui ci, et Oh! celui là.... mes pas m'ont emmené loin, si tu avais pu me voir, avancer au gré de mes émerveillements.
Je crois que cet automne à Saint Pétersbourg me tourne la tête tant j'ai fait de photos. Je voulais photographier tous les arbres que je voyais, quelle sottise, n'est-ce pas ? !
Tu vois, ma fille, si je suis admirative du génie humain, je reste malgré tout, une inconditionnelle fan de notre mère nature que nous ne saurons jamais égaler en rien, malgré tous nos efforts..
Les Russes de cette région, ont le même amour que moi pour les feuilles de l'automne et ont une coutume si charmante. 
Sitôt ils sont en forêt que parents et enfants confectionnent très vite et adroitement de larges et épaisses couronnes de feuilles qu'ils assemblent je ne sais comment ensemble, puis dont ils se coiffent et avec lesquels ils se promènent. 
j'en ai vu coiffés ainsi déambuler sur les trottoirs de Saint Pétersbourg.
J'ai d'ailleurs moi-même reçu le soir de mon arrivée mon propre chapeau de feuilles rousses et or, de la même couleur que mes cheveux et que les tiens, ma fille.
Au sortir de ma douce rêverie, je revins vers la civilisation et je trouvais devant le bâtiment, posant dans le décor du parc, des couples de mariés main dans la main. 
Les hommes élégamment vêtus d'un costume sombre et les femmes en longues robes blanches avec des fleurs dans les cheveux posaient, comme savent le faire en toutes occasions les femmes russes. 
Conscientes de leur beauté, elles prennent la pose avec préciosité et une coquetterie affirmée sans complexe, presque aussi à l'aise, en représentation que n'importe quels mannequins professionnels de la mode. 
Tout au long du trottoir, attendaient d'incroyables limousines noires ou blanches, d'une longueur étonnante louées pour la noce. 
On peut voir sur les avenues de saint Pétersbourg ces longues voitures d'apparat en location chaque jour, car ici on se marie du lundi au samedi, les mariages se contractent indifféremment tous les jours de la semaine en payant toujours une certaine somme. contrairement à chez nous où l'on convole en justes noces, plus traditionnellement le samedi car, en France, ce jour là, la cérémonie n'est pas payante et offerte par la république.

Ma fille, voici plusieurs jours que je marche sans cesse et mes pieds bien fatigués m'ont commandés de prendre le métro.
J'ai fini par admettre qu'il serait sage d'utiliser ce moyen de transport que je ne connais pas encore. 
Si tu veux chercher une station de métro à Saint Pétersbourg, c'est relativement simple, trouve tout d'abord un bâtiment grand et rond surmonté d'un grand M. 
M comme Métro, puisqu'ici comme ailleurs dans le monde le langage universel se construit et vraiment tant mieux!
Je me suis dirigée vers le guichet pour acheter un ticket et sans parler bien sûr, mon russe est encore entièrement à apprendre, j'ai remis mon billet de 50 roubles puisque Katia m'avait dit que cela coûtait 20 roubles,(environ 0,50 centimes de nos Francs), à la guichetière qui m'a rendu ma monnaie. J'attendais un moment mon ticket, mais rien ne vint. je réclamais donc mon dû en Anglais, mais la réponse en Russe me parvint par l'hygiaphone incompréhensible et déformée en sus.
Bon! que faire ?
Mais une dame aimable à côté de moi, me sortit de mon embarras, vint à mon secours. Elle m'expliqua en Anglais cette fois, que le ticket était en fait un jeton que je venais de ranger dans mon sac avec la monnaie rendue. 
Je me suis répandue en remerciements sincères, car chaque démarches est un exploit, une si grande difficulté lorsque ce fossé de la langue et des cultures nous séparent: 
"oh!, Thank, you, thank you very much!"
Pour la suite pas de problèmes, j'ai "copié sur mes voisins" et introduit mon jeton dans un appareil semblable à celui d'autres pays.
Une autre différence avec les autres métros connus, se trouve dans la descente vers les quais et les rames. 
Le métro de Saint Pétersbourg s'enfonce très profondément, loin sous terre, pour passer sous les eaux de la Néva et des autres bras d'eaux du delta.
Mais ici comme ailleurs, comme dans tous les métros du monde, les gens marchent sans se voir, lisent leur journal et ressemblent à des automates.
Chaque station est annoncée à l'aide de hauts parleurs par une voix grave; une belle voix d'homme, de baryton typiquement Russe, Tu me connais, n'est-ce pas ? tu sais combien j'aime ces voix de basse.
Au bien évidement, je ne comprends rien de ce discours si viril et je trouve plus sage de garder dans ma poche le plan du métro et de compter les stations, dont les noms restent pour moi incompréhensibles, juste belles à entendre et de surcroît elles sont illisibles en lettres cyrilliques.
Et malgré tous mes calculs et efforts je me suis trompée en confondant Moscowskaïa, avec Mayaskaîa, et ce n'est pas dans le même quartier, mais alors pas du tout!. 
Mais j'ai fini par retrouver ma route et je suis rentrée à la maison, littéralement et aussi physiquement à genoux.
Il y avait comme toujours du monde, Irina cette déesse de la peinture, restauratrice à l'Ermitage peignait entourée de plusieurs amis. 
Dans cet appartement raffiné où se trouve toujours, un, une, ou des, amis peintres, musiciens qui tous ensembles mangent, rient, parlent et grignotent toute la journée des douceurs, sucreries et gâteaux qui trônent sur la grande table juste sous les grandes baies vitrées du toit refuge des pigeons.
Nous buvons et nous portons des toasts pour tout et rien, il fait chaud, il fait bon, nous sommes si bien.
A bientôt.

Loriane Lydia Maleville.






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