Poem's Not Dead ?

Date 10-10-2015 07:50:00 | Catégorie : Nouvelles


1.
Aujourd'hui, près du stand aux poissons, on vend des poèmes bien être, synthèse bien pliée. Des poèmes qui convoitent de l'aile une vie antérieure. Il y a du bois rose décongelé dans nos poèmes, de courtes et confuses respirations aussi ; le rythme monotone de nos productions est dense : alors on les entasse sur des rayonnages avant de les vendre sur les marchés... Est-ce que ça nous pose un problème ? C'est à dire, un poète qui se dit idéaliste ne devrait-il pas les donner gratuitement et vivre et écrire selon son humeur, en arrêtant immédiatement la production de haute série ?
Suis-je seul à penser ainsi à l'intérieur du groupe ? Et surtout, la poésie est-elle vraiment compatible avec le système capitaliste de notre époque ?

Encore ce matin, j'avalais mon café, cet épineux dilemme en tête. Et je me souvenais de cet homme sanglé et allongé sur un lit d'hôpital. C'était peut-être Razko Kaphrium, l'un de nos amis disparus une dizaine d'année auparavant. Personne ne connaissait son identité. Et quand j'étais venu le voir et l'interroger pendant son hospitalisation les éléments qu'ils m'avaient fournis correspondaient exactement aux divers échanges que j'avais eu avec le Razko Kaphrium des années X.

Pourtant, et tout le monde le savait, les années X n'avaient jamais réellement existées, elles étaient imaginaires pour les archives, insensés pour les gouvernements en place, invraisemblables d'après les médias, et les gens n'en parlaient jamais. C'était bien plus qu'un simple tabou. Les années X s'étaient formés dans l'inconscient d'une génération (ou d'une ethnie ?) qui avait vécu son heure de gloire en vendant comme nous des poèmes sur le trottoir. Et elle avait fait fortune ! Et personne à présent ne voulait l'évoquer, cette sombre période qui sentait la merde.
Razko Kaphrium avait (ou avait eu) cette folle ambition de faire remonter cette merde aux narines de mes contemporains. Il avait gangrené tous les domaines, toutes les strates professionnels et culturels. En vain. Le plus ambitieux de nos amis n'avait peut-être rien à faire dans cette morosité contemporaine qui dédaignait la poésie.

Il avait alors disparu sans laisser de traces.

A suivre !



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