Mercuriales

Date 25-10-2015 21:39:34 | Catégorie : Nouvelles


Ce n'est que le début d'un texte mais je cherche des avis. Je l'écris pour le concours de nouvelles de mon établissement et je peine un peu à trouver l'inspiration. J'ai réécrit pas mal de fois ce début et je tâtonne beaucoup. Alors merci, pour vos avis ! PS: pour les non parisiens, les tours Mercuriales sont deux tours de bureaux en périphérie parisiennes construites sur le modèle des tours jumelles.

« Mon père était le gardien d’une faille géologique. Un énorme canyon au milieu d’une plaine désertique. Il surveillait que personne n’y tombe, juste ça, tout la journée, il scrutait ce trou, ce truc vide dont on ne peinait à distinguer le fond. Et on vivait une petite maison juste à côté. De ma fenêtre, de mon lit, je voyais ce néant comme soufflé en mon regard et qui s’étendait à l’infini. Un jour, mon père a chuté dedans. Il a perdu la tête après ça et on a déménagé. Il n’a jamais voulu nous dire ce qu’il avait trouvé là-dedans. Peut-être qu’il s’y cache un secret divin. Ou juste de la terre un peu trop sèche. Il est mort il y a deux ans et il a emporté son mystère et il a gardé précieusement la clef dans les méandres de son esprit. J’ai eu beau essayer de lui arracher, il est resté muet comme… une tombe. »
Une mélancolie acidulée étreignait les lèvres coquelicots de Clémence. Sa bouche tourbillonnait et Marion écoutait silencieux ses réminiscences. Il se noyait peu à peu dans le bleu, lapis, de ses yeux, dans les profondeurs, lazuli, de sa figure charbonnée. Une larme s’ébaucha sur ses traits saillants mais elle l’estompa de sa manche. Son teint se rosit, d’une couleur si pâle qu’elle se morcelait sur son maquillage pastel. Les paupières de Marion se mirent à clignoter, bercées par cette femme ombreuse dont il s'éprenait un peu plus.
Dans le café résonnaient de doux frisselis, paroles en volutes et cigarettes bavardes, et la sérénité embaumait l’air. Soudain tous se turent. La parole était comme. Assassinée. Une voix électrique se fit de plus en plus forte, chaque mot était l’ascension du précédent, et le serveur augmenta le volume du poste grésillant : un avion venait de s’écraser sur le World Trade Center. Le monde s’effondrait dans la fiction. Je suffoque, pensa Marion, et il suffoqua.

A l’horizon s’élevaient deux fantômes dans l’aube exsangue. Les lumières de septembre, lourdes, coulaient sur le périphérique et les enseignes au néon déchiraient le macadam. Une ombre, et ce qui semblait un homme, fixait les deux tours Mercuriales. Ses yeux étaient sculptés par l’obscurité et il semblait n’être qu’un rêve, d’une nuit elle-même songée. Peu à peu les rivages stellaires s’éteignirent, engloutis par le soleil lactescent ; il était incapable de bouger. Là-bas il n’y avait plus que débris, graviers, cendres, et, ici, les tours flottaient encore.
Les heures vespérales accoururent sur les cloches de l’église. Huit coups, métalliques, résonnèrent ; l’écho, urbain, exhala. Marion tressaillit. Une rougeur matinale perça au loin et l’air s’obscurcit soudainement. Une effervescence s’éveillait en lui et, peu à peu, son se dos se voutait sous le poids de fugaces mais terribles migraines. Il fixait le bitume humide, incapable de se relever, lorsque lui apparut, quelques mètres plus loin, une clef.




Cet article provient de L'ORée des Rêves votre site pour lire écrire publier poèmes nouvelles en ligne
http://www.loree-des-reves.com

L'url pour cet article est :
http://www.loree-des-reves.com/modules/xnews/article.php?storyid=7128