Mon autre vie (Partie 5)

Date 01-04-2016 15:30:00 | Catégorie : Nouvelles


(Mélanie)

La ville des Sables d’Olonne était une ville peuplée de petits vieux en majorité. Et de vacanciers en cette saison. Dont pas mal de bourges. Cependant, c’était une station balnéaire assez calme et tranquille. J’aimais bien aller contempler la mer le soir, le bruit des vagues m’apaisait et l’air marin me faisait du bien. J’avais l’impression de respirer mieux qu’avant. Durant ces semaines, je redécouvrais Madi… enfin Gabrielle. C’était étrange d’avoir l’impression de ne pas connaître une personne puis que de se dire qu’elle nous était familière. Souvent elle était telle que je l’ai toujours connue : vive, pétillante et drôle. Puis parfois, elle était taciturne ou alors elle faisait dans la nostalgie :

- Je me souviens que ma mère m’emmenait me baigner sur la grande plage l’été… puis en hiver on allait ramasser des os de seiche pour les donner aux oiseaux…
Nous étions en train de boire un cappuccino à un café du Remblai avec vue sur la mer.

- Peut-être que si tu n’avais pas connu ce… cet homme tu parlerais toujours à tes parents… Dénotai-je.

- Probablement… de toute façon c’est trop tard pour avoir des regrets… puis c’est eux qui m’ont mise dehors comme une merde…

- Tu leur en veux ? Demandai-je.

- À ton avis… éluda-t-elle.

- C’est sur que ma vie ne ressemblerait pas à ça, reprit-elle, puis en plus, ce type de vingt ans de plus que moi… Madison le connaissait aussi… ajouta-t-elle en chuchotant.

- T’es sérieuse ! M’exclamai-je.

- Elle a eu une liaison avec lui aussi… mais bien plus tard hein ! Ajouta-t-elle.

- Non…

- Je l’ai su dans une conversation avec sa cousine, continua-t-elle, ils étaient fous amoureux à ce qu’il parait mais ils étaient séparés depuis longtemps quand… je suis arrivée on va dire.

- Elle est de plus en plus bizarre ton histoire ! Gloussai-je.

- Le monde est petit. Concéda-t-elle.

- C’est vraiment un monde de fou ! Répondis-je en rigolant encore

- Tu vois, parfois je me dis que c’est comme si elle et moi on était liées, ajouta-t-elle songeuse.

- Pff… pouffais-je. T’es une folle ! En fait… c’est fou que sa propre mère te prenne pour la vraie Madison…

- Elle fait semblant. Me coupa-t-elle. Dans le fond, elle a toujours su que j’étais une usurpatrice mais elle a préféré croire en cette illusion. Personne ne peut tromper une mère sur son enfant… c’est pour ça qu’elle m’a laissé partir….

- N’en dis pas plus. Je vois ce que tu veux dire. Répondis-je.

*
(Mélanie)

Nous étions au mois de septembre. La plupart des vacanciers étaient repartis chez eux. La ville était morte. Je m’étonnais encore qu’Aran et sa bande nous avait toujours pas trouvées. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que Gabrielle était parano. Moi ce qui m’inquiétait, c’est de savoir que nos économies baissaient à vu d’œil et vu qu’on avait tous quitté sans donner de nouvelles…

Le soir, on aimait se promener sur le Remblai. L’air y était devenu plus frais, les vagues étaient plus puissantes et j’aimais bien regarder les surfeurs. Mais un jour, en longeant une petite cale, Gabrielle se mit à paniquer :

- Mél’ ! C’est lui putain ! Mets ta capuche !

Je me retournai et je vis un homme vêtu d’un coupe-vent noir adossé à la cale en train de nous toiser de ses petits yeux noirs perçants. C’était un grand homme, fin, à la peau foncée, chauve et entre deux âges.

- Ne te retourne surtout pas ! Gronda-t-elle.

- C’est lui Aran ? Soufflai-je

- Oui !

On longea la côte jusqu’à Tanchet. C’était l’heure où il n’y avait personne. Et avec le début de pluie et le vent qui soufflait, c’était sûr et certain que personne n’irait nous secourir. Aran était toujours en train de nous talonner cinq mètres plus loin. Sur le trottoir d’en face je remarquais deux autres hommes vêtus de la même manière qui nous observait.

- Et en plus on a ses toutous qui nous coursent ! Et merde ! Cracha-t-elle nerveuse.

*
(Gabrielle)

Même sans le regarder, je savais qu’il souriait. C’était un vicieux ce type, il aimait jouer avec ses proies. Je n’ignorais pas ce dont il était capable tout autant que l’emprise qu’il avait sur moi auparavant. Et ça me faisait froid dans le dos. Même habillée de façon lambda, il m’effrayait. Il fallait trouver un lieu pour se cacher.

(Fin de la partie 5)



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