Comment j’ai transformé ma demeure en maison hantée — Dernière partie

Date 31-03-2016 05:23:57 | Catégorie : Nouvelles


La décision avait été prise ! On allait déménager. Il fallait déjà réussir à vendre la maison. Mon père possédait une partie, ma mère devait donc s’organiser avec lui. Elle se retint de lui révéler le véritable motif du départ. Elle lui expliqua que cela lui coûtait trop cher et qu’il valait mieux aller en appartement. Ce n’était pas faux, alors il crut l’explication.

Les acheteurs passèrent l’un à la suite de l’autre. À chaque passage, on souhaitait qu’aucun événement bizarre n’allât survenir. On se sentait un peu coupables de cacher ce vice. Mais après tout, qui allait nous poursuivre pour raison de fantômes ? Je doute qu’une cause pareille gagne en cour.

Heureusement pour nous, les esprits se tinrent tranquilles comme s’ils désiraient ardemment nous voir partir. Mes parents reçurent finalement une offre qu’ils ont acceptée. Ils ne nous restaient plus qu’à dénicher un espace où habiter. On trouva rapidement. Une superbe 5 et demi située à l’ouest de la ville. L’appartement était déjà libéré, mais nécessitait un peu de travaux de peinture. On décida d’attendre que tout soit terminé avant d’emménager. On travaillait tous d’arrache-pied pour que le délai soit le plus réduit possible. On voulait quitter ce lieu, mais pas n’importe comment. On passait donc la plupart de nos jours entre les deux habitations. On peignait le nouvel endroit le jour, et on mangeait et dormait dans l’ancienne le reste du temps.

On avait pratiquement tout achevé lorsque je me réveillai en pleine nuit. Je regardai mon réveille-matin, il était 3 h 07 du matin. Comme motivé par un instinct, je dirigeai mon regard vers l’entrée de la chambre. C’est là que j’ai vu une silhouette lumineuse. Au début, je croyais que mes stores étaient restés ouverts. J’inspectai ma fenêtre, ils étaient fermés. Aucune lumière ne pouvait traverser. Je tournais ma tête de nouveau vers l’apparition. Elle se tenait immobile devant moi. Elle possédait des courbes féminines, mais ne contenait aucun trait permettant d’apercevoir de caractéristiques particulières. On aurait dit une fumée incandescente dont on aurait donné des formes d’un humain.

Je devais accepter la réalité, ça ne pouvait qu’être un fantôme. J’ai voulu m’enfuir, mais je constatai que si je sortais de la pièce je foncerais droit sur l’entité. J’exécutai la seule chose logique à mon esprit, soit d’allumer ma lampe de chevet. Le revenant prit ça comme un signe et se mit à reculer. Du même coup, la porte, qui avait été close durant tout ce temps, s’ouvrit lentement comme si la personne responsable de l’acte manquait de force.

Je ne tergiversais pas longtemps et je me dirigeai immédiatement vers la chambre de mon frère. Je le réveillai, car je ressentais le besoin de la présence d’un autre être humain. En m’apercevant, il me déclara : « On dirait que tu as vu un fantôme. » Il ne pouvait pas si bien dire. D’après lui, j’avais perdu toutes mes couleurs.

Ma mère, qui nous avait entendus, nous demanda ce qui se passât. Je fus forcé de révéler tous les détails. « Bon, ça suffit, on part ! », annonça-t-elle.

On finit donc nos boîtes. On appela un de nos amis qui possédait un camion. Étant donné nos états financiers, on sauta sur l’occasion. Malgré tous les événements récents, je sentis un pincement au cœur. Après tout, j’avais vécu dans cette maison une bonne partie de mon existence jusqu’à maintenant. Cette demeure n’était pas que hantée par des esprits, mais aussi par de nombreux souvenirs. Tristes et heureux. Dommage que nos agissements aient précipité notre départ. L’avenir allait me démontrer que bien d’autres regrets viendront, car ainsi va la vie. Elle est pavée d’erreurs et d’épreuves. Au moins, il valait mieux essayer d’apprendre de ceux-ci que de rester avec ses remords.

Voilà ! La dernière boîte a été placée dans le coffre du véhicule. Mais mon frère n’en avait pas terminé. Il avait un compte à rendre. Il s’écria aux entités qui nous avaient persécutés : « On est enfin débarrassé de vous ! » La réponse ne se fit pas attendre. Toutes les lampes suspendues au plafond se balancèrent d’elle-même. En constatant cela, je pris Sébastien par le bras et le forçais à me suivre. Ce fut le contact final avec cette maison.

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Aujourd’hui.

Ma fille de sept ans veut jouer à un jeu de société. Je lui dis qu’on en possède au sous-sol. Je lance la recherche avec elle. Dans la partie non finie, beaucoup de trucs traînent çà et là, vestiges d’une accumulation commune entre moi et ma conjointe. Lauriane, mon aînée, et moi découvrons un monde jusque-là oublié. Mes vieux jouets Star Wars, les poupées Barbie de sa maman, des objets hérités de mon défunt père…

On retrouve finalement deux boîtes pleines de jeux de planche. De mon côté, je trouve un Monopoly, un jeu de Risk et de Stratego. C’est alors que ma fille me demande :

— C’est quoi ce jeu-là, papa ?

En levant la tête, l’effroi se présente de nouveau devant moi. Lauriane a un Ouija dans les mains…




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