Vague de froid

Date 12-08-2016 14:35:42 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Vague de froid


Un petit week-end à la Hague est toujours le bienvenu. Les jardins sont fleuris, la mer est bleue, on se croirait en Angleterre, ou plutôt en Irlande. À y bien regarder, le vert de l'herbe est moins foncé qu' en Eíre. La-bas, est- ce le climat? La variété d'herbe qui y pousse? Toujours est-il qu'elle est à nulle autre pareille. Saint Patrick a dû y mettre son grain de sel, ou plutôt de sainteté. Lui qui a chassé les serpents de l'île, qui a tracé une croix sur la croupe d'un âne ou qui a fait en sorte que le trèfle en forme de coeur ne pousse que sur ce territoire celte? Je regarde autour de moi et je me dis que décidément nous sommes bien en Normandie, il n'y a pas d'erreur possible.

Deux jours en amoureux, loin de tout. Pas de téléphone, pas d'internet et les portables ne passent pas. Enfin seuls! Le ciel est sans nuage mais la température est moins élevée qu'au Havre, nous sommes au bout du Cotentin, au bout du monde, le vent souffle fort même en été.



Je vais me couvrir davantage, j'ai sûrement un pull qui traîne quelque part dans la maison. Mon chéri est parti faire des achats, je vais prendre un bouquin et me mettre au soleil sur la terrasse. Dans la penderie il n'y a que des manteaux, des cirés, des chaussures. Allons à l'étage. Les armoires sont vides, ou alors remplies de vêtements moisis ou bouffés par les mites. Zut, j'aurais dû prévoir, ici même au mois d'août il peut faire froid. Tiens il y a une pièce où je ne suis jamais allée, c'est plus un débarras d'ailleurs. Derrière un tas de vieilleries il y a une boite en carton assez grande, je l'ouvre. Il fait sombre, elle est pleine de vêtements. Je prends le premier qui vient. C'est incroyable! C'est une superbe robe rouge très moulante et qui me paraît assez courte. A qui appartient-elle? Je tire la boite, elle est remplie de vêtements de femme.


À qui sont ils? Aux gens à qui on a acheté la maison? Il n'y a pas de poussière sur la boite. Ça veut dire qu'elle a été ouverte il y a peu de temps. Loïc à t-il fait du rangement dernièrement? Hum, les affaires ne sentent pas le moisi, et semblent neuves. Je sens l'étoffe, je reconnais cette odeur, c'est le parfum Chloé. Une femme est venue ici il y a peu de temps, elle vient peut-être même régulièrement. Qui dans mon entourage se parfume avec Chloé? Personne que je connaisse.

Loïc aurait donc une maîtresse? Quand est-il venu dans cette maison pour la dernière fois? Je cherche... ça devait être le mois dernier, il était venu seul, j'étais en séminaire à Poitiers. J'avais été obligée de passer deux jours avec des collègues débiles à faire des jeux de rôles et à s'entraîner à marcher sur des braises fumantes. But de l'opération, augmenter la cohésion entre les cadres et encourager la prise de risque et la compétition. Bref, du temps perdu pour nous, et de l'argent gagné par l'organisme qui avait inventé ces stupidités.
Il était donc seul dans la maison. Seul ou avec cette pouffe qui met des robes rouges moulantes. Je sens la colère monter. Je fouille, je vais peut-être trouver un pull. Je verrai bien ce que Loïc dira en le reconnaissant, je verrai l'expression de ses yeux, et j'en aurai le coeur net. Bon, pas de pull, des sous vêtements, des strings, des porte-jarretelles noirs, c'est une pute ma parole!

Est-ce que je l'affronte directement en lui mettant sous le nez les preuves de sa trahison? La boite ouverte sur la table au lieu d'un petit dîner aux chandelles?
Est-ce que je m'habille avec l'attirail de la séductrice pour voir l'effet que ça va lui faire?
Il fait trop froid et ces nippes sont d'une vulgarité sans nom. De rage, je renverse le contenu de la boîte par terre. Une enveloppe tombe, elle est remplie de photos, je vais avoir la solution à l'énigme, est-ce que je la connais? A qui dois-je casser la figure? Je prends la première photo et elle me tombe littéralement des mains. La personne que je vois maquillée, coiffée d'une perruque blonde en bas résilles et talons hauts, n'est autre que... Je n'en crois pas mes yeux. C'est Loïc...

Le soir venu, je prépare notre petit dîner aux chandelles, j'ai glissé un des strings noirs dans sa serviette de table. Quand Loïc le découvre, il me regarde un peu affolé, puis il pose les yeux sur mon smoking et nous trinquons d'un air entendu. Je ne l'ai jamais trouvé aussi séduisant.










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