Les terroristes protecteurs chapitre 25

Date 08-10-2017 12:40:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Chapitre 25 : Apocalypse agricole

Beaucoup de politiques de l’Union européenne présentaient leurs investissements dans l’agriculture comme de franches réussites. C’était une vision discutable. Certains écologistes donnaient le nom de partisans de l’apocalypse agricole, à ces supers politiques, qui produisaient de drôles de résultats. Il y avait un signe qui ne trompait pas. Bollet mettait beaucoup d’énergie à soutenir la pac, c’était une preuve que ce dispositif ne servait pas l’intérêt commun. D’ailleurs il pensait inclure certaines réformes libérales à la pac, dans le cas où super-pollution serait contrée.
Théodore et Alphonse choisirent de discuter dans une petite maison en briques rouges à l’intérieur d’un bois de pins, sur un moyen de contrer la politique agricole commune actuelle de l’UE. Albert était incapable de participer au plan suite par la faute d’une méchante grippe.

Théodore : Plus de huit cents mille hectares de terre fertiles sont devenues aussi productives qu’une route faite de goudron cette année, et je limite le constat à la France.
Alphonse : Je sais, la pac est présentée comme une réussite selon certains médias, mais du point de vue écologique c’est une tragédie. J’ai peur qu’il y ait un jour une guerre civile en France pour des questions de nourriture. Et je ne parle même pas du manque d’implication de l’UE contre le frelon asiatique. Ce sont les communes qui gèrent le problème, ce gros insecte tue les abeilles en masse. Mais bon laissons le frelon se répandre à tort et à travers.
Théodore : Et il y aussi les lois européennes anti-agriculture biologique. Même si un paysan fait une découverte fantastique avec par exemple une pomme super résistante aux aléas climatiques, nécessitant peu d’engrais naturel, et avec un super goût, s’il n’a pas les moyens de payer cent mille euros, sa découverte aura peu de chance d’être homologuée, donc très difficile à vendre. Le droit de faire évoluer l’agriculture est réservée aux multinationales avec plein de pognon.
Alphonse : La situation est critique, il faut agir, il est temps de contrer l’apocalypse agricole.

Alphonse et Théodore entreprirent tous deux de mener un cambriolage au sein de la commission secrète. Il s’agissait d’un bâtiment à Bruxelles peu connu, mais avec un poids politique très lourd. Il s’y prenait des décisions particulièrement importantes sur l’avenir des gens. Par contre les journalistes et les médias indépendants n’étaient pas invités à récolter des informations dessus. L’endroit semblait anodin à première vue comparé au Parlement européen, mais il disposait d’une influence forte. Vu l’ampleur de la sécurité à l’intérieur, considérer la commission comme un lieu secondaire relevait de l’idiotie, ou du manque de connaissances. En effet le bâtiment de briques grises de deux étages regorgeait de dispositifs de sécurité en tout genre, il se trouvait les classiques caméras mais aussi les détecteurs de poids, et d’odeurs. Pour éviter que des gens avec une fausse identité ne pénètrent dans les lieux, la masse et les senteurs corporelles des invités étaient comparées avec une base de données. Il valait mieux de pas user d’un parfum avec une odeur prononcée au risque de déclencher la venue de vigiles qui opéreraient une vérification. Un humain qui tenterait de s’infiltrer dans la commission, prenait de sérieux risques de se faire attraper, s’il optait pour une approche discrète.
Dans ce cas Alphonse mit au point un plan s’appuyant sur l’assaut frontal, il n’aimait pas les attaques manquant de subtilité, mais il pensait qu’il n’avait pas le choix. Il estimait que la pac finirait par être la principale cause d’un monstrueux conflit armé en France. Qu’une disette digne des pires moments de la guerre de Cent ans éclaterait à l’époque moderne, à cause des loufoqueries de certains politiques européens. Alors il chargea un groupe de vingt personnes d’entrer de façon tonitruante dans les locaux de la commission. L’emploi d’armes à feu n'était pas autorisé par contre celui des perceuses à lame laser, si. Il ne fallait pas avoir peur de vandaliser, tant pis pour les dégâts matériels. Infliger des blessures par plaisir ou tuer volontairement demeurait prohibé, mais vu le contexte un certain relâchement dans les règles chez les chevaliers se manifesta. Alphonse pensait qu’il serait utopique de forcer l’accès sans infliger au passage quelques fractures et entorses, donc il choisit de se montrer plus conciliant sur l’usage de la force. Même s’il distribua pour consigne de venir avec des masques de tissu et des gants.

Et il fit bien, à peine deux secondes après l’entrée violente dans la commission, une série d’alarmes bien bruyantes se déclencha. En outre il y eut un appel général pour les forces de police et militaires de Bruxelles et de ses environs. Des centaines de soldats furent mobilisés pour créer une nasse sur les chevaliers. Il y eut carrément des barrages faits avec des tanks pour bloquer les possibilités de fuite sur les routes. Cela semblait surréaliste mais il y avait un ennemi très tenace et terriblement influent des chevaliers, Bollet. Quand il entendait parler d'eux il avait envie de les châtier à coup de bombe atomique. Aussi il déploya tout son réseau pour organiser la chasse à l'homme du siècle.

Pendant ce temps Alphonse et ses compagnons faisaient le plein d’informations utiles, ils avaient de quoi prouver avec les documents de papier et les fichiers informatiques volés, que la pac ne servait pas l’intérêt commun, mais juste de riches financiers qui se moquaient complètement des conséquences de leurs actes. Il y eut des bagarres contre les vigiles et les robots de taille humaine, mais globalement à part un chevalier légèrement blessé, les pertes furent très minimes du côté des écologistes.
Par contre il y avait beaucoup d’ennemis qui gémissaient à cause de leurs os cassés. Les chevaliers évitèrent de viser la tête, mais ils firent preuve de moins de retenue que d’habitude. Ils ne limitèrent pas leur puissance de frappe. L’urgence de la situation les incita à moins assommer simplement pour s’adonner à des coups provoquant davantage de séquelles. Il faudrait craindre que certains vigiles aient besoin de plusieurs mois de rééducation avant de recommencer à marcher.
Alphonse était désolé d’avoir été obligé d’employer la force brute. Mais il était aussi responsable de ses subordonnés. Il devait obéir au principe de limiter les victimes mortes, toutefois il avait aussi des comptes à rendre quand ses subalternes tombaient au combat ou se faisaient arrêter. Et puis Alphonse ne pouvait s’empêcher de ressentir du mépris pour le personnel et les politiques de la commission. D’après ce qu’il comprit, ces gens contribuaient à pourrir souvent la vie des agriculteurs biologiques sans éprouver de remords. Donc cela atténuait beaucoup les regrets du chevalier sur les fractures de ses ennemis. Certes il n’était pas un sadique, mais il était aussi humain. Or plus vous détestez quelqu’un plus vous avez tendance à être difficile à émouvoir quand il arrive des désagréments graves à un adversaire.
Alphonse remarqua que Théodore s’acharnait à pianoter sur un ordinateur, visiblement il avait un objectif personnel.

Alphonse : Il est temps de partir, nous manquons de temps.
Théodore : Cinq secondes et j’ai fini.
Alphonse : C’est un ordre, laisse tomber et suis moi.
Théodore(dépité) : D’accord, d’accord, je viens.

Théodore conçut du ressentiment à être arrêté, il avait l’intime conviction qu’il aurait pu récolter de quoi faire tomber pleins de putes politiques avec un peu plus de temps. Il en vint à se demander si Alphonse ne concevait pas de la sympathie pour les ennemis de la nature. Puis le prudent calma son élan de suspicion, il reprochait beaucoup de choses à son camarade, mais il faudrait qu’il soit un sacré personnage pour le voir comme une personne appréciant les pollueurs. Certes Théodore jugeait certains choix d’Alphonse comme idiots, mais il devait admettre que l’engagement de son compagnon était sincère. Il pensait qu’il fallait qu’il prenne la place de son supérieur hiérarchique dans l’organisation. Toutefois il voyait le dévouement à la nature de son camarade de lutte comme très réel. Le prudent eut envie de se gifler pour avoir eu ce qu’il appelait une idée particulièrement saugrenue. Il fut content de ne pas avoir exprimé à haute voix ses suspicions, sinon il aurait sans doute hérité de l’étiquette de profondément ridicule.
Alors qu’il s’aventurait avec tout son groupe dehors, ils virent un dispositif d’accueil plutôt imposant. Des voitures de police, mais aussi des hélicoptères de guerre avec des lance-missiles chargés, et des tanks.

Apparemment les corrompus décidèrent de sortir le grand jeu pour réprimer les chevaliers. Alphonse fut assez tenté de se rendre pour éviter un massacre des siens. Mais il connaissait aussi les conditions de détention contre les écologistes comme lui. Les autorités détestaient au plus haut point les chevaliers, donc elles s’arrangeaient fréquemment pour bafouer leurs droits les plus élémentaires, sauf avec les traîtres en puissance. Ainsi un chevalier qui ne choisissait pas de collaborer avec la police, n’était pas torturé physiquement. Par contre le fait de se promener hors de sa cellule, de se doucher plus d’une fois tous les mois, de lire un livre pouvaient lui être refusés. Alors Alphonse fut assez incité de donner l’ordre de charger de manière héroïque avec des matraques, contre les soldats qui pointaient sur eux des mitrailleuses lourdes et des lance-roquettes. Ce serait un acte d’apparence futile, mais il marquerait peut-être la légende des chevaliers. Il pourrait créer des chansons sur la détermination des écologistes face aux corrompus et aux pollueurs. Néanmoins Alphonse respectait beaucoup la vie de ses confrères, il ne sentait pas l’autorité morale de leur ordonner d’abandonner toute chance de rester en vie. En effet il suffirait que les chevaliers effectuent quelques pas et ils seraient fauchés par les tirs ennemis. Aucun d’eux ne portaient de gilet pare-balles ou d’autres dispositifs protecteurs. De toute façon vu la puissance de feu ennemie, espérer y survivre relevait à priori de l’optimisme aveugle.
Mais Théodore avait prévu une méchante surprise, il transportait dans son sac à dos, une bombe à impulsion magnétique à large portée. De quoi griller les circuits électriques et électroniques sur des kilomètres à la ronde. C’était une grosse machine de dix kilos inoffensive sur la plupart des êtres vivants, mais très dévastatrice sur la plupart des objets avec une technologie moderne. Le prudent savait qu’il aurait dû prévenir son chef pour lui demander l’autorisation d’activer sa bombe, mais il le voyait tétanisé. Donc il prit l’initiative d’agir seul.
Et il fit un sacré carnage, les hélicoptères s’écrasèrent lourdement au sol en explosant plus de la moitié des tanks près de la commission. L’onde magnétique bleutée générée par la machine à impulsion créa un bordel monstre. Elle agit aussi sur les armes à feu, les pistolets et beaucoup d’autres outils de mort étaient saturés d’électronique. Il y avait des gps, des mini-caméras pour déterminer si un soldat agissait correctement face au danger, et d’autres mécanismes modernes qui rendaient assez vulnérables aux bombes magnétiques les armes à feu récentes.
Désormais presque un tiers des ordinateurs, des radios, des voitures de Bruxelles étaient inutilisables, et avec des circuits grillés. Par contre les chevaliers avaient pris la précaution de protéger leur matériel contre le magnétisme, donc ils pouvaient compter sur leurs véhicules pour les emmener loin de la Belgique.

Les policiers et les militaires essayèrent de poursuivre ces écologistes, mais suite à l’action de Théodore, ils avaient beaucoup de travail ailleurs. Certains durent réquisitionner des vélos faute de la présence de voitures en état de marche. En outre les corrompus avaient beau tempêter, ils ne pouvaient pas obliger les forces de l’ordre à ne pas intervenir face à certaines situations chaotiques. Certaines prisons virent des évasions en masse suite aux impulsions magnétiques, qui provoquèrent l’ouverture de cellules et la désactivation de systèmes de sécurité. Par conséquent les soldats et les policiers durent courir d’autres lièvres que les chevaliers. Même si les corrompus tenaient beaucoup à ce que leurs secrets ne soient pas exposés, ils étaient dans l’incapacité de contraindre les forces de l’ordre à se focaliser surtout sur la traque des écologistes.

Alphonse ne savait pas s’il devait sanctionner ou bien féliciter Théodore, qui créa une situation épineuse. Certes il sauva plusieurs camarades de la mort ou de l’emprisonnement. D’accord lui Alphonse ne se montra pas un très bon chef à cause de son indécision. Par contre Théodore eut une initiative potentiellement très préjudiciable pour la réputation des chevaliers. Il fit pour des dizaines de millions d’euros de dégâts.
Apparemment la bombe magnétique ne causa pas de mort hormis des militaires et des policiers, mais bon le bilan était quand même lourd. Alphonse s’il suivait scrupuleusement le règlement de son organisation devait punir Théodore. Toutefois il hésitait à franchir le pas, il avait peur de se rendre vraiment impopulaire auprès de ses camarades, s’il appliquait l’option sanction contre le prudent.
Heureusement le cambriolage ne fut pas signé. Les données volées serviraient de moyen de pression sur des corrompus. Mais la consigne fut donnée de ne pas chercher à se vanter sur l’utilisation d’une bombe magnétique, ou de dire sur internet ou auprès d’un non chevalier qui était responsable du cambriolage de la commission secrète.

Alphonse : Ton sang-froid m’a surpris Théodore.
Théodore : Je sais que j’ai causé des morts mais je n’avais pas le choix.
Alphonse : Je ne te juge pas, ne t’en fais pas.

Il y avait quelque chose de dérangeant dans le flegme du prudent, il causa le décès de gens non liés à la pollution majeure, mais il ne paraissait pas très affecté par ses actes. Alphonse le modéré n’exprima pas de soupçons de manière ouverte, mais il se demanda si Théodore n’était pas aussi un meurtrier en puissance. Il se dit qu’il serait nécessaire de mener une enquête approfondie pour discerner sa véritable nature, voir si le prudent ne refermait pas des tendances sanguinaires. Alphonse crut voir un sourire réprimé chez son ami pendant leur dernière discussion, signe que Théodore prit un certain plaisir à tuer. Mais finalement le modéré prit ses déductions pour du délire, il ne chercha pas à pousser plus loin la réflexion. Il mit ses soupçons sur le compte de la jalousie. Il avait beau être ami avec Théodore, il fut forcé d’admettre qu’il n’apprécia pas la grande quantité d’éloges concernant son camarade. Et puis depuis le temps qu’Alphonse fréquentait son compagnon de lutte, il pensait qu’il aurait remarqué avec certitude si son interlocuteur aimait verser le sang par plaisir.
Et il ne punit pas le prudent. Il avait conscience qu’il commettait une grosse transgression par rapport au code d’honneur des chevaliers, mais il fragiliserait terriblement sa position s’il se montrait sévère. Donc il choisit à contrecœur de ne pas infliger de châtiment. La tuerie générée par la bombe de Théodore était vue comme un acte glorieux par la majorité des chevaliers. Le prudent faucha beaucoup de vies, mais il sauva aussi plus de vingt compagnons d’un sort tragique. Alphonse aurait voulu très sincèrement infliger une punition sévère à son ami, mais il était assez conscient de la réalité pour ne pas sévir. Il espérait quand même que la démonstration passée de Théodore ne pousserait pas dans l’avenir d’autres chevaliers, à s’en prendre à la police ou à l’armée pour des motifs peu recommandables. Certes il y avait un contexte exceptionnel derrière la dernière intervention du prudent avec la bombe, de nombreux chevaliers acculés. Mais les massacres commencent souvent par un mort, puis un autre, et débouchent rapidement sur un carnage. Et il y avait des journalistes qui n’attendaient qu’un prétexte valable pour déchaîner une campagne médiatique atroce contre les chevaliers. Certains hommes de plume payés par de riches corrompus étaient aux aguets pour décimer la réputation des subordonnés d’Alphonse. Donc le modéré avait raison de craindre des ennuis supplémentaires pour les membres de son organisation, si le crédo du meurtre devenait routinier.
Bollet fit une crise de colère quand il apprit que ses plans pour affamer les gens étaient compromis. Alors il plaida pour accélérer les préparatifs de super-pollution.




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