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Carl Philippe Emmanuel Bach
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Le 8 mars 1714 naît Carl Philipp Emanuel Bach

à Weimar, alors dans le duché de Saxe-Weimar, mort à 74 ans, à Hambourg dans le saint-Empire, le 14 décembre 1788, musicien, compositeur et musicologue allemand. Il est le deuxième fils survivant de Jean-Sébastien Bach et sa première femme Maria Barbara Bach. Il est surnommé, le Bach de Hambourg. Il est le fils de Jean-Sébastien Bach et de Maria Barbara Bach. Son Œuvre principale est "Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier". Pendant près de 30 ans, il est claveciniste à la cour de Frédéric II de Prusse. Puis il occupe le poste de Director Musices à Hambourg. Il est célèbre parmi ses contemporains pour sa musique, et aussi reconnu, par Haydn, Mozart ou par Ludwig van Beethoven, notamment pour son traité théorique Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier. Il est surnommé le Bach de Berlin ou Bach de Hambourg.

En Bref

Deuxième des quatre fils musiciens de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel, naît à Weimar, mais n'a pas dix ans lorsque sa famille s'installe à Leipzig. Il y est externe à l'école Saint-Thomas, mais il reconnaîtra volontiers n'avoir eu comme professeur, en matière de musique, que son père. À dix-sept ans, il grave lui-même son premier menuet. Après de sérieuses études juridiques à Leipzig et à Francfort-sur-l'Oder, il entre en 1738 comme claveciniste dans l'orchestre du prince héritier de Prusse. Lorsqu'en 1740 celui-ci monte sur le trône sous le nom de Frédéric II, Carl Philipp Emanuel reste à son service : c'est lui qui accompagne le premier solo de flûte exécuté par le roi. Nommé claveciniste de chambre en 1741, avec un traitement assez modeste, il se révèle rapidement comme un maître de la musique instrumentale, en particulier du clavier. À ce titre, il marquera profondément son époque. En 1742, ses six Sonates prussiennes sont dédiées à Frédéric II ; en 1744 paraissent ses six Sonates wurtembergeoises, et en 1760 ses Sonates avec reprises variées dédiées à la princesse Amélie, sœur du roi. En 1753 et en 1762, respectivement, sont éditées les deux parties de son Essai sur la véritable manière de jouer des instruments à clavier, Versuch über die wahre Art das Klavier zu spielen, ouvrage fondamental pour la connaissance du style du XVIIIe siècle. Étouffé malgré ses succès par l'atmosphère provinciale et conservatrice de la vie musicale berlinoise, dominée par le flûtiste Quantz et par les frères Graun, dont l'historien de la musique Charles Burney dira qu'on jurait plus par eux que par Luther et Calvin, il fréquente d'autant plus volontiers des écrivains comme Lessing ou Gleim, ainsi que les salons de Sara Levy, grand-tante de Felix Mendelssohn. En 1747, son père lui a rendu une dernière visite demeurée célèbre, puisqu'elle a été à l'origine de L'Offrande musicale. En 1750, il brigue en vain sa succession à Leipzig. En 1753, une nouvelle tentative en direction de Zittau, en concurrence avec son frère Wilhelm Friedemann, n'obtient pas de meilleurs résultats. Mais, en 1767, meurt son parrain Telemann, directeur de la musique à Hambourg. Carl Philipp Emanuel, devant plusieurs concurrents dont son demi-frère Johann Christoph, obtient le poste. Il prend officiellement ses nouvelles fonctions le 19 avril 1768, prononçant selon l'usage un discours en latin. Cantor au Gymnasium Joanneum, directeur de la musique dans les cinq églises principales de la ville, il y fait entendre plusieurs chefs-d'œuvre dont le Messie de Haendel, le credo de la Messe en si de son père et le Stabat Mater de Haydn. Lui-même écrit, au cours de cette dernière période de sa vie, une assez grande quantité de musique religieuse, ses ouvrages pour clavier Pour connaisseurs et amateurs, Für Kenner und Liebhaber, de la musique de chambre, et dix symphonies, la moitié de sa production en ce domaine : six pour cordes, composées en 1773 pour le baron Van Swieten, et quatre pour grand orchestre, parues en 1780. Il fait la connaissance des poètes Klopstock, Voss et Claudius, et échange avec Diderot une correspondance suivie, tout en se montrant, dans ses relations avec ses éditeurs, homme d'affaires avisé. C'est en pleine gloire et en pleine activité créatrice qu'il s'éteint à Hambourg, trois ans seulement avant Mozart, estimé par lui, et considéré par Joseph Haydn comme celui de ses prédécesseurs auquel il doit le plus. En 1795, ignorant sa mort, celui-ci tentera de lui rendre visite en passant par Hambourg lors de son second retour d'Angleterre. Dans son héritage se trouvent la plupart des documents originaux de la famille Bach, et c'est grâce à lui qu'ont été conservés beaucoup de manuscrits de son père, auquel il n'a jamais manqué de rendre hommage, et dont l'œuvre a été pour lui non pas une gêne, mais un stimulant.
Carl Philipp Emanuel Bach, pionnier du concerto pour piano, seul musicien important à avoir couvert par une production abondante tout le second tiers et une bonne partie du dernier tiers du XVIIIe siècle, ne fut jamais un classique si par classicisme on entend équilibre, mesure, synthèse harmonieuse de forces opposées. Il fut, comme ses frères, comme son contemporain exact Gluck, et même comme le jeune Haydn, un représentant typique de cette génération de 1750-1775 qui, avant l'essor définitif du classicisme et en l'absence de style intégré, dut cultiver une manière très, d'aucuns diront exagérément individuelle : ce qui chez lui donna un romantisme passionné, de brusques modulations dramatiques, des rythmes imprévus et largement syncopés, une démarche parfois velléitaire, bref ces traits qui se résument par les mots sensibilité, Empfindsamkeit et orage et passion, Sturm und Drang. Dans certaines de ses pièces pour clavier, il affectionnait particulièrement le clavicorde, à caractère de récitatif d'opéra, il alla jusqu'à supprimer les barres de mesure, et ce n'est pas pour rien que, sous les notes de l'une d'elles, un poète contemporain voulut et put inscrire les paroles du célèbre monologue d'Hamlet. Un musicien ne peut émouvoir les autres que s'il est ému lui-même, disait-il volontiers : cette maxime, bien mise en pratique, fut de celles qui lui permirent d'éviter la galanterie, et d'occuper en son temps une position unique. Marc Vignal.

Sa vie

Carl Philipp Emanuel naît le 8 mars 1714. Parmi les parrains, à son baptême, il y a Georg Philipp Telemann. Élève de la célèbre Thomasschule zu Leipzig. Initié très tôt à la musique par son père, il joue en virtuose du clavecin dès son enfance. Comme d'autres de ses frères1, il suit des études de droit à Leipzig, 1731 à 1734 et ensuite à Francfort-sur-l'Oder, 1734 à 1738. Il semble que leur père ait voulu donner à ses fils une éducation libérale pour qu'ils échappent aux indignités subies par les musiciens ordinaires. Mais Carl Philipp Emanuel n'envisage pas une carrière juridique et recherche, dès 1733, une place d'organiste à Naumburg. Il conserve de ses études une solide culture humaniste qui l'incite à fréquenter les écrivains allemands les plus célèbres. Dès 1730, Carl Philipp Emanuel se montre en musicien accompli. Outre le clavecin, il joue du violon et de la violetta, une petite viole de gambe. Au cours des années d'études à Francfort, il dirige des concerts publics et fait connaître ses compositions, dont certaines cantates aujourd'hui disparues.

À la cour de Frédéric II de Prusse

En 1738, le prince Frédéric de Prusse, futur roi Frédéric II, dit le Grand et qui n'est encore que prince héritier de la Prusse régentée par Frédéric-Guillaume Ier de Prusse — dit le Roi-Sergent — propose à Carl Philipp Emanuel de rejoindre sa cour, au château de Rheinsberg qui se trouve dans la commune d'Allemagne de Rheinsberg à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Berlin, en tant que claveciniste. Frédéric II montre un intérêt passionné pour la musique. Excellent flûtiste, formé à la composition, il attire à sa cour les meilleurs virtuoses de son temps. Il se lie d'amitié avec les frères Carl Heinrich et Johann Gottlieb Graun et Johann Joachim Quantz. À la mort de son père en 1740, Frédéric II s'installe à Potsdam et donne une existence officielle à sa chapelle : Carl Philipp Emanuel Bach est nommé premier clavecin de la chambre du roi.
Il restera 26 ans à cette place. Il compose dans ce cadre de nombreuses sonates pour clavier dans lesquelles il évolue vers des nuances de plus en plus affirmées qui le conduisent à préférer l'emploi du clavicorde et du pianoforte à celui du clavecin. Il écrit également de nombreuses œuvres de musique de chambre et pour orchestre ainsi que des lieder, religieux et profanes. Il compose un Magnificat en 1749, qui est joué au début de l'année 1750 à Leipzig. Il est proche, dans son style, des œuvres de son père, qui mourra quelques mois plus tard.
En 1744, après une période de traitement médical en Bohême à Teplitz pour des problèmes de goutte, Bach épouse Johanna Maria Dannemann avec qui il a trois enfants, Johann August 1745-89 qui devient avocat, Johann Sebastian 1748-78, un peintre d’une certaine notoriété, et Anna Carolina Philippiba 1747-1804 demeurée célibataire. Aucun de ses fils n’a eu d’enfant.
Après la mort de son père en 1750, Carl Philipp Emanuel, hérite d'une partie des biens familiaux, et notamment des partitions. Il recueille son demi-frère Johann Christian, âgé de quinze ans, et le prend à sa charge pendant quelques années.
Vers 1750, Carl Philipp Emanuel s'attache définitivement aux clavicordes fabriqués par Johann Gottfried Silbermann, qui surpassent les instruments plus anciens par leur sonorité et leur sensibilité2. La cour de Berlin encourage les inventions des luthiers. Frédéric II acquiert sept pianoforte de Silbermann et plusieurs de ses clavicordes. C'est dans cet environnement que Carl Philipp Emanuel compose les sonates prussiennes, dédiées au roi de Prusse, et les sonates wurtembergeoises, dédiées au duc de Wurtemberg et qui ouvrent de nouveaux horizons à la musique de clavier. La vie musicale à la cour tourne autour de l'intérêt du roi pour la flûte traversière. C'est Johann Joachim Quantz qui est le musicien central. Le Kapellmeister Carl Heinrich Graun qui dirige l'opéra et Johann Joachim Quantz, en tant que maître personnel du roi, jouissent de salaires exceptionnels, Quantz reçoit deux mille thalers par an. Bach est plutôt mal payé et ne reçoit que trois cents thalers par an. C'est seulement après ses candidatures à Zittau en 1753 et à Leipzig en 1755 que Frédéric II ajuste son salaire qui atteint cinq cents thalers par an.
Progressivement, Bach se lasse de la vie de cour, où la vie musicale à Potsdam périclitait et ses difficultés avec les compositeurs et les théoriciens berlinois allaient grandissant. Les guerres menées par Frédéric II, et notamment la guerre de Sept Ans 1756-1783, ont une influence sur la vie de Bach également. Durant cette guerre, les activités musicales sont réduites à Berlin et, à la suite d'une attaque russe sur la ville, Bach doit même fuir la ville avec sa famille. Il trouve refuge à Zerbst, maintenant dans le Land de Saxe-Anhalt, pendant les mois les plus agités de la guerre, chez son élève et ami Carl Friedrich Christian Fasch, 1736 - 1800, lui-même né à Zerbst, et qui lui succèdera à la cour de Frédéric II après son départ pour Hambourg.

Director Musices à Hambourg

N'ayant pas obtenu le poste qu'occupait son père à Leipzig à la mort de celui-ci, Carl Philipp Emanuel fait d'autres tentatives pour quitter Berlin, en 1753 pour Zittau et en 1755, de nouveau pour Leipzig. Le roi sait les contrecarrer par des augmentations de salaire conséquentes.
Ce n'est qu'en 1768, un an après la mort de Georg Philipp Telemann, qui avait été son parrain, que la candidature de Bach est retenue et qu'il est nommé Director Musices de Hambourg. Pendant 20 ans, il est Cantor au Johanneum de Hambourg, collège latin comme celui de la Thomasschule zu Leipzig, et dirige également la musique des cinq principales églises de la ville. La tâche s'avère très prenante. Il crée plusieurs oratorios mais continue à s'intéresser principalement à la musique instrumentale en composant des symphonies et des concertos pour clavier. Pendant sa période hambourgeoise, il n'écrit pas moins de 21 passions, également réparties entre les quatre évangélistes, The Passions of C.P.E. Bach. Il publie six recueils de musique pour clavier pianoforte de 1779 à 1786 Für Kenner und Liebhaber : Pour connaisseurs et amateurs. Ces recueils contiennent des œuvres très inspirées et originales sonates, rondos et fantaisies.
Bach donne une puissante impulsion à la vie musicale de Hambourg, non seulement par son abondante production personnelle, mais en révélant le Messie de Georg Friedrich Haendel, le Stabat Mater de Joseph Haydn, la Messe en si de son père et le Requiem de Niccolò Jommelli. Comme à Berlin, la maison de Bach à Hambourg est le lieu de rencontres amicales pour beaucoup d'artistes. On y rencontre des poètes, comme Lessing, Klopstock, Gerstenberg ou Matthias Claudius, et on y parle de la poésie lyrique et du redende Prinzip, les notes qui parlent dans la musique. Il prend note des nouvelles manières de faire de la musique et de la tendance des concerts publics, comme Telemann les avait organisés à Francfort et à Hambourg. Dans une des premières salles de concerts en Allemagne, la salle Auf dem Kamp, Bach se produit lui-même et dirige les compositions des musiciens contemporains.
Par son frère aîné, il entre en relation avec l'historien Johann Nikolaus Forkel. En 1770, il reçoit la visite du musicologue Charles Burney qui a rapporté de nombreuses informations sur Bach. Emmanuel meurt d’un malaise aigu à la poitrine le 14 décembre 1788. Son corps, ainsi que ceux de sa famille, sauf celui du fils mort à Rome, sont ensevelis dans la voûte de l’église Saint-Michel de Hambourg. Sa tombe a été découverte en 1925 par Heinrich Miesner, biographe de Bach.

Carl Philipp Emanuel et son père

Certainement, Carl Philipp Emanuel avait la plus grande estime pour son père qui lui a tout appris. Dans la courte autobiographie6, il écrit : in der Composition und im Clavierspielen habe ich nie einen anderen Lehrmeister gehabt als meinen Vater, pour la composition et le clavecin, je n'ai jamais eu d'autre maître que mon père. Concernant les œuvres de son père, il écrit plus loin6 : Die Größe dieses meines Vaters in der Composition, im Orgel- und im Clavierspielen, welche ihm eigen war, war viel zu bekannt, als daß ein Musiker vom Ansehen, die Gelegenheit, wenn es nur möglich war, hätte vorbei lassen sollen, diesen großen Mann näher kennen zu lernen. La grandeur de mon père comme compositeur, organiste et claveciniste était trop connue pour qu'un musicien pût laisser passer l'occasion, si jamais elle s'était présentée, de connaître ce grand homme de plus près.
Carl Philipp Emanuel n'aurait jamais été estimé au niveau musical par son père selon ce que rapporte le compositeur Cramer : Même lorsque son fils, accompagnant Frédéric le Grand au clavecin, se trouva en situation de le féliciter, Sebastian secouait la tête et, lorsque quelqu'un lui demanda ce qu'il pensait d'Emanuel, il répondit : C'est du bleu de Prusse, ça se décolore !
L'anecdote de Cramer est à ranger au rayon des bons mots tant appréciés à l'époque. Au contraire, on a tout lieu de croire que Johann Sebastian était légitimement fier de son fils. Certaines des dernières œuvres du père sont influencées par le nouveau style dont le fils est adepte, promoteur ou inventeur. Ces nouveaux styles musicaux qui commencent à se répandre sont le style galant ou l’Empfindsamkeit. On les retrouve par exemple la sonate en trio de l'Offrande musicale en 1747. Le père rend visite à son fils à Berlin et Potsdam lors de la célèbre rencontre entre Jean-Sébastien et le roi Frédéric II.
Carl Philipp Emanuel hérite d'une partie importante des partitions de son père et des membres plus anciens de la famille. Il professe toujours le plus grand respect pour Johann Sebastian. Il dirige notamment l'exécution du Credo de la Messe en si mineur BWV 232 à Hambourg en 1786. Il écrit, avec Johann Friedrich Agricola, le Nekrolog qui est la première biographie de son père et de son œuvre, parue en 1754.

Å’uvres

Considéré comme exemple par beaucoup de musiciens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Carl Philipp Emanuel Bach est admiré par Joseph Haydn, qui étudie en particulier son œuvre pour clavier, Mozart, qui dirige en 1788 à Vienne son oratorio Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu : La Résurrection et l'Ascension de Jésus et par Beethoven qui demande plusieurs fois à l'éditeur Breitkopf de lui envoyer des œuvres de Carl Philipp Emanuel.
Son traité théorique Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier, en deux volumes, publié le premier en 1753, le deuxième en 1762, est probablement le plus important traité pratique sur la musique écrit au XVIIIe siècle. Il est un guide standard concernant le doigté, l’ornementation, interprétation, l’accompagnement et l’improvisation. Déjà en 1780, il avait atteint sa troisième édition. Il a servi de base pour les méthodes de Muzio Clementi et de Cramer.
Carl Philipp Emanuel Bach est le seul fils de Johann Sebastian qui ait parfaitement réussi sa carrière : sa musique est largement diffusée de son vivant ; il est un maître riche et considéré. Sa production est extraordinairement abondante : des centaines d'oratorios et de cantates, dans lesquelles il ne dédaignait pas de reprendre des pages de son père ; un nombre plus grand encore d'odes et de cantiques spirituels. Il y a parmi eux des lieder qui sont de véritables lieder romantiques avant la lettre. Pour l'orchestre, il écrit une vingtaine de symphonies et plus de 50 concertos pour un ou deux instruments à clavier, dont notamment un Concerto en ré mineur qui fait parfois penser à Beethoven. Dans sa musique de chambre, C. Ph. E. Bach évolue vers les formes et le langage classique du trio et du quatuor.
La part la plus originale de sa production musicale se situe probablement dans les œuvres pour le clavier. De cette énorme production émergent les collections des Preussische Sonaten, Württembergische Sonaten et surtout les six recueil de sonates, fantaisies et rondos destinées aux amateurs, publiés de 1779 à 1787. Son Versuch über die wahre Art..., résume, avec les traités parallèles de Johann Joachim Quantz et de Leopold Mozart, l'esthétique musicale du XVIIIe siècle.

Carl de Nys, dans son appréciation de l'œuvre musicale de C. Ph. E. Bach, écrit :
"Il est clair que C. Ph. E. Bach cède le pas à ses frères à des degrés divers : à Friedemann le génie prophétique, à Johann Christophe l'équilibre classique, à Johann Christian la lumière viennoise. Mais les six recueils pour les amateurs et les symphonies de 1780 justifient à nos yeux l'admiration que lui portait Haydn: Emmanuel Bach est le père, nous sommes ses enfants. Il a mis au point la forme sonate, inventée par son frère aîné, et poursuivi une beauté mélodique inspirée du bel canto de Johann Adolph Hasse.... Une des pièces les plus célèbres de son vivant est intitulée C.P.E. Bachs Empfindungen ; elle est en fa dièse mineur et l'autographe de cette page porte l'indication très triste et aussi lent que possible "

Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier

Parmi les principaux théoriciens prédécesseurs de Carl Philipp Emanuel, il y a Friedrich Erhard Niedt, Johann David Heinichen et Johann Mattheson. Ils fondent leur enseignement sur le chiffrage et la conduite des voix. Trente ans plus tard, Bach montre comment une basse donnée peut être transformée en une véritable composition écrite ou improvisée grâce au talent et à l'expérience acquis par l'interprète-compositeur. D'autres contemporains ont souci de formaliser le jeu au clavier, tel le viennois Georg Christoph Wagenseil qui publie en 1751 à Augsburg, une méthode intitulée Rudimenta panduristae oder Geig-Fundamenta.
Carl Philipp Emanuel Bach fait lui aussi œuvre de théoricien en publiant en 1753 le Versuch (l'Essai, premier ouvrage important sur le sujet et qui fait date. L'année précédente, son ami Quantz a fait paraître une méthode de flûte, intitulée Versuch einer Anweisung die Flöte traversière zu spielen dédiée à Frédéric II, qui demeure l'un des ouvrages les plus complets et les plus riches sur le jeu de cet instrument.

Contenu

Le volume I est partagé en trois grands chapitres. Le premier, composé de 99 paragraphes traite des doigtés, le deuxième, de 177 paragraphes de l'ornementation, et le dernier, composé de 31 paragraphes de l'exécution qui, pour l'auteur, inclut l'expression des sentiments. En complément des nombreux exemples du texte, Carl Philipp Emanuel Bach ajoute en annexe Dix-huit leçons en six sonates de difficulté croissante sur lesquelles il donne des détails précis d'interprétation.
Le volume II traite de l'accompagnement et libre fantaisie. Sous le terme d'accompagnement, les ouvrages traitent de la basse chiffrée, qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle implique une diversité de nuances et de formules raffinées que le Versuch restitue avec la plus grande précision. La basse continue occupe la moitié de l'ouvrage (chapitres I-XXI. La deuxième moitié, chapitres XXII-XL est dédié au raffinement de l'accompagnement. Il s'agit d'adapter la réalisation à toutes les sortes d'ornements que comporte la partie du soliste. L'auteur explique comment orner un point d'orgue, accompagner un récitatif, improviser des marches de voix élaborées, puis, au chapitre XLI, il aborde la variation pure.

Public

Le Versuch est réputé se tourner vers les musiciens amateurs. Mais l'amateur du XVIIIe siècle est bien souvent un excellent musicien doté d'une vaste culture. Les deux volumes ne sont pas du même niveau. Le premier volume s'adresse à un large public que l'ascension de la bourgeoisie vient d'ouvrir à la musique, alors que le second volume est d'un niveau bien plus élevé, s'adresse aux maîtres, aux éducateurs. Carl Philipp Emanuel Bach se sert des progrès de son temps. L'invention en 1755 du caractère sécable par son imprimeur Johann Gottlob Immanuel Breitkopf améliore grandement la qualité de la typographie musicale, qui peut désormais rivaliser avec la gravure.
La difficulté du livre est incontestable. Certains auteurs reprennent le plan du Versuch en le simplifiant, comme Georg Simon Löhlein, un ancien élève de Carl Philipp Emanuel, et qui annonce dans l'introduction de sa méthode : L'ouvrage est un beau cadeau à l'intention des amateurs .... On y trouve sous forme brève et facile tout ce que C. P. E. Bach écrit pour les lecteurs avertis et les connaisseurs. Pour Bach, il s'agit de transmettre le savoir aux professionnels sans céder à la facilité.

Impact

Par son traité, Carl Philipp Emanuel Bach assied son influence sur des générations de musiciens. Reconnu comme le plus grand compositeur de l’Allemagne du Nord à la fin de sa vie, il est à l'origine d'une école d'interprétation qui continue de porter ses fruits, notamment à travers l'œuvre des compositeurs viennois comme Haydn ou Beethoven. Dès sa parution, le Versuch suscite une demande considérable : plus de mille exemplaires se vendent, rien qu'entre la parution du second volume en 1762 et sa réédition en 1797. Le rayonnement de l'œuvre atteint son point culminant au cours de la décennie 1770-1780. À Vienne, le correspondant de Bach est en relation avec le mécène viennois Gottfried van Swieten à partir de 1773. Le jeune Haydn se forme au Versuch. Mozart est élogieux sur le traité. Beethoven se passionne pour l'œuvre de Bach à une époque où le public n'y trouve plus guère d'intérêt. En 1809 encore, il réclame à l'éditeur Breitkopf toute la musique de Bach qu'il posséderait.

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Posté le : 07/03/2015 15:13
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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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