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« Entrer comme dans un moulin »
1. Entrer sans politesse, sans se gêner 2. Entrer très facilement
Vous savez ce qu'est un âne. Peut-être même en avez-vous vu un vrai de près. Mais pensez-vous qu'un âne frappe avant d'entrer dans un lieu ? Si vous êtes comme moi, vous vous doutez bien que ce n'est pas le cas, sauf, peut-être, si c'est le compagnon de Shrek ; mais celui-là est un peu spécial et fort peu représentatif de la réalité de notre univers.
Là , vous vous demandez probablement où je veux vous emmener avec mon âne. Dans un moulin, certainement, mais que vient faire un bourricot dans cette histoire ? Rassurez-vous, vous n'aurez pas à donner votre âne au diable en échange de l'explication.
En effet, c'est très simple à comprendre une fois qu'on sait que la version initiale de l'expression, telle qu'elle est apparue au début du XIXe siècle, était « entrer comme un âne dans un moulin ». Car il ne faut pas oublier que nos têtus équidés, autrefois, avaient de bonnes raisons de s'approcher d'un moulin, et même d'y entrer. En effet, non seulement il y avait ceux qui transportaient le grain à moudre, mais il y avait aussi ceux qui, dans certains types de moulins, servaient à entraîner le mécanisme de la meule. Et ces ânes, donc, lorsqu'ils entraient dans le moulin, le faisaient bien évidemment sans frapper à l'entrée, sans dire bonjour et sans se préoccuper de savoir s'ils dérangeaient ou pas. Ils étaient incontestablement sans gêne et impolis.
Voilà qui suffit à expliquer à la fois le fait qu'une telle expression ait pu naître et, surtout, son premier sens. Puis, inexorablement, le temps a passé, l'âne si doux marchant le long des houx a quitté l'expression dont l'origine s'est du coup un peu perdue, ce qui a entraîné une déformation de son sens où la notion d'impolitesse a disparu pour être remplacée par celle de facilité.
Posté le : 26/07/2013 12:15
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« Se battre contre des moulins à vent »
1. Lutter contre des ennemis ou des difficultés imaginaires 2. Se battre contre quelque chose sans espoir de gagner
Nous sommes au XVIIe siècle en Espagne, en Castille pour être plus précis. Nous nous trouvons en présence d'un gentilhomme (un hidalgo) à cheval sur une vielle monture aussi famélique que fatiguée. L'homme est accompagné d'un écuyer, paysan un peu stupide monté à dos de mulet. Vu la molesse de son comportement, il est certain que le serviteur n'a pas le sang chaud.
Notre aréopage parcourait l'Espagne dans le but de combattre le mal et protéger les opprimés. Mais le paysan ne participait à cette quête dont il ne voyait pas vraiment l'intérêt que parce qu'il avait eu la promesse de beaucoup d'argent, et qu'il y avait bêtement cru. Le gentilhomme, lui, avait l'esprit encombré et dérangé par les histoires de chevalerie dans lesquelles il s'était longtemps plongé avec passion.
Au cours de leur avancée, ils tombèrent face à un grand espace où se trouvaient plusieurs dizaines de moulins à vent dont les pales tournaient inlassablement sous l'intensité du vent dominant. Le sang de Don Quichotte, car c'est bien de lui qu'il s'agit, ne fit qu'un tour car lui ne voyait là que des géants agressifs agitant leurs bras. Pointant sa lance, il éperonna Rossinante pour partir à l'attaque de ces ennemis qu'il fallait impérativement éliminer. Voyant cela, Sancho pensa que son maître était un peu fou. Et, de fait, une aile d'un des moulins brisa la lance et fit chuter au loin le cavalier et sa monture. Don Quichotte comprit alors son erreur, mais prétexta que c'était son ennemi l'enchanteur Freston qui avait transformé les géants en moulins au moment de l'attaque pour l'empêcher de les vaincre et le ridiculiser.
C'est par allusion à cette partie de l'histoire de Don Quichotte de la Manche et de son serviteur Sancho Panza que notre expression est née au XVIIIe siècle. Depuis son apparition, elle a pris en parallèle le deuxième proposé, explicable par le fait que Don Quichotte n'avait aucune chance de vaincre les moulins.
Posté le : 27/07/2013 11:16
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« Clés en main »
Complètement terminé, prêt à être utilisé
Il suffit d'imaginer le garagiste qui remet à l'acheteur la clé de sa voiture flambant neuve fraîchement livrée et préparée pour comprendre le sens de l'expression : la voiture est prête à être utilisée et l'heureux acheteur peut partir avec, après avoir toutefois été délesté de quelques milliers d'euros mais, théoriquement, sans rien avoir à dépenser de plus (à part pour un peu d'essence, si jamais il tient vraiment à rouler avec).
Cette expression nous vient du XVIIIe siècle où, semble-t-il, sous la forme les clés à la main, elle a d'abord été utilisée dans le monde du bâtiment pour désigner une construction complètement terminée à un prix forfaitaire. La chose semblait être difficile à obtenir à l'époque ; non pas la construction terminée, mais le prix forfaitaire, car, en l'absence d'un maître d'œuvre, chaque artisan y allait de son devis personnel, évoluant au fil de l'avancement du bâtiment et des difficultés rencontrées.
D'ailleurs, en 1863, Charles Nisard, dans son Curiosités de l'étymologie française, évoque un dialogue entre un individu et un architecte où le premier se plaint des devis du second qui sont toujours largement dépassés ; ce dernier se défend en invoquant ceux des artisans qui ne sont pas stables ; l'individu évoque alors un concurrent qui est prêt à lui bâtir une maison pour un montant fixe, la clé à la main ; l'architecte, craignant de voir le marché lui échapper, propose alors de lui bâtir sa maison pour un montant un peu inférieur, mais également la clé à la main. Il ne fait donc aucun doute que l'expression indique à la fois une maison finie prête à être habitée et pour un montant forfaitaire, sans surprise.
Avec le temps, on a définitivement droit à plusieurs clés et cette locution peut maintenant être employée partout où il est question de mettre à disposition de quelqu'un quelque chose de terminé, directement utilisable et pour un montant fixé, même s'il n'y a pas réellement besoin de clé pour en profiter.
Posté le : 28/07/2013 12:37
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« Une nuit blanche »
Une nuit sans sommeil
Autant vous l'avouer tout de suite : il n'existe aucune certitude quant à l'origine de cette expression qui date du XVIIIe siècle. Et pourtant, vu la taille du texte ci-dessous, il y a quand même des choses à en dire.
On en trouve une attestation en date du 30 octobre 1771 dans une lettre de la marquise du Deffand, Marie de Vichy-Chamrond alors âgée de 74 ans, à l'homme politique et écrivain anglais Horace Walpole. Elle y écrit ceci : « Vous saurez que j'ai passé une nuit blanche, mais si blanche, que depuis deux heures après minuit que je me suis couchée, jusqu'à trois heures après-midi que je vous écris, je n'ai pas exactement fermé la paupière ; c'est la plus forte insomnie que j'ai jamais eue. » Comme il ne semble pas exister de traces antérieures dans la littérature française, certains auteurs émettent l'hypothèse que c'est elle qui a inventé ce terme. Mais comme on le trouve dans d'autres ouvrages postérieurs moins d'un an et demi après (voir l'exemple), il n'est pas certain que cela soit le cas.
L'idée la moins originale mais peut-être la plus véridique est la simple opposition avec la nuit noire, celle où, en temps normal, on dort d'un sommeil généralement bien mérité, une nuit passée en restant éveillé étant alors une nuit blanche, soit par constraste, soit parce qu'on la passe avec une lumière allumée. Pour le confirmer, il suffit de se souvenir qu'en français, le qualificatif blanc désigne souvent un manque. Ainsi, un mariage blanc, un examen blanc, un tir à blanc ou encore une voix blanche, par exemple.
Bien entendu, on peut trouver quelques autres explications, en particulier sur Internet où la plus répandue, et certainement la plus fausse, évoque les chevaliers qui, la nuit précédant leur adoubement, devaient la passer éveillés dans une tenue entièrement blanche. Mais si cette explication était la bonne, il faudrait expliquer pourquoi il a alors fallu attendre la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour trouver la première trace écrite de cette expression, plusieurs siècles après cette coutume de chevalerie.
Toutefois, une autre hypothèse, nettement plus vraisemblable, cette fois, car elle respecte la chronologie, nous vient de Saint-Pétersbourg, en Russie. À l'époque du règne d'Élisabeth, puis de Catherine II, la cour royale dans cette ville - qui je le rappelle, était alors la capitale du pays - était fréquentée par de nombreux Français, en été principalement. Or, à cette époque de l'année et à cette latitude, les nuits sont loin d'être vraiment noires, le soleil ne se couchant jamais complètement. Et dans ces années-là , tradition perpétuée actuellement par le festival des Nuits Blanches de Saint-Pétersbourg, la vie « nocturne » battait son plein. Autant dire que ceux qui participaient aux bals et autres fêtes tardives, passaient des nuits doublement blanches à la fois, par l'absence de sommeil et par la luminosité de la nuit. Il se peut donc tout-à -fait que le terme russe « белые ночи » (nuits blanches) ait été ramené et popularisé chez nous par les Français qui passaient du bon temps là -bas.
Posté le : 29/07/2013 19:06
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« Sous la férule de... »
Sous l'autorité, le pouvoir de...
On retiendra très passagèrement, car ce n'est que pure coïncidence, que le mot contient fé, qui ne s'appelle nullement Clochette, et rule, qui en anglais veut dire « règle ». En effet, si vous avez vécu à cette lointaine époque où les enseignants avaient encore un peu de pouvoir sur leurs élèves et leur inspiraient un certain respect, et où ils étaient certains de ne pas prendre deux claques (voire plus) de la part de parents énervés s'ils avaient eu l'outrecuidance de faire une remontrance justifiée à leur enfant, vous vous souvenez certainement de ces règles en bois de section carrée qui permettaient au maître d'école de taper sur le bout des doigts de l'enfant qui avait commis une faute considérée comme punissable ou, plus sadique encore, de forcer l'enfant à rester à genoux, ceux-ci reposant sur la fameuse règle posée au sol.
Cette pratique de donner des coups à un écolier extra-ordinaire existait depuis bien longtemps ; et au XIVe siècle, si un tel instrument s'appelait une férule, c'était par métonymie, parce qu'il était principalement fabriqué avec la tige d'une plante de même nom (mais la férule pouvait aussi être une palette, nettement plus large qu'une règle, et être faite de cuir).
Toujours est-il qu'au tout début du XVIIe siècle, par extension, férule a aussi pris le sens d'« autorité » d'où découle également et assez logiquement le sens de « pouvoir ». C'est à cette époque que notre expression est attestée. On la trouve en effet en 1613 dans Le traité de la tutelle et curatelle de Jean Gillet.
Posté le : 30/07/2013 14:09
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« Une querelle de clocher »
Une querelle purement locale, sans grand intérêt
Dans la plupart des représentations de la campagne française, on ne peut échapper à l'image du coquet petit village aux maisons regroupées autour du clocher de l'église, emblème de tout village digne de ce nom, comme la baguette et le béret sont les attributs indispensables de tout véritable Français.
Et comme, pendant longtemps, l'église a été un des points centraux de la vie d'un village, c'est ce monument symbole qui, depuis le milieu du XIXe siècle, sert à qualifier les querelles ou des rivalités à portée uniquement locale, souvent sans intérêt voire idiotes, soit parce qu'elles le sont réellement soit parce qu'on veut faire croire qu'elles n'ont qu'un impact réduit.
On parle aussi d'esprit de clocher (locution à peine antérieure à la nôtre) ou d'intérêts de clocher.
Posté le : 31/07/2013 12:05
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« Chacun son métier et les vaches seront bien gardées »
Si chacun ne se mêlait que de ce qu'il connaît parfaitement, tout irait pour le mieux
Jean-Pierre Claris de Florian, simplement dit Florian, est un auteur de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Bien qu'il soit mort à 39 ans seulement, il nous a laissé de nombreux écrits, dont de célèbres fables, parmi lesquelles se trouve celle qui nous intéresse ici, Le vacher et le garde-chasse.
Dans celle-ci, nous trouvons le jeune Colin qui garde les vaches de son père. Mais lorsque sa route croise celle d'un garde-chasse fatigué de courir sans succès après un chevreuil, il lui propose de partir à la chasse à sa place après lui avoir confié la garde de son troupeau. Au cours de cette traque, Colin rate le chevreuil, mais blesse le chien du chasseur. Et, lorsqu'il revient dépité vers ses bêtes, il trouve le garde-chasse qui s'est endormi et le troupeau qui a disparu, les bêtes ayant été volées.
Notre locution proverbiale est la morale de cette fable qui confirme ce que chacun sait, à savoir qu'il est inutile de vouloir faire correctement le travail d'un charpentier, par exemple, lorsqu'on est opticien, ou celui d'un cordonnier lorsqu'on est informaticien. Chacun n'est a priori réellement compétent que dans le métier qu'il a appris (même si on peut parfois trouver des incompétents dans leur propre métier). Pour que les vaches soient bien gardées, il faut un vacher, pas un garde-chasse, vérité que le père de Colin lui fera comprendre à coups de bâton de cormier (ou sorbier ou cornouiller, selon les régions).
Mais si ce proverbe est généralement attribué à Florian, est-ce bien réellement lui qui en est l'auteur ? En effet, dans Le dictionnaire de Trévoux ou dans Le dictionnaire universel de Furetière, tous deux de publication antérieure à la naissance de notre poète, on trouve ceci à l'entrée vache : « On dit, quand chacun se mêle de son métier, les vaches sont bien gardées », preuve que la maxime existait déjà avant Florian qui n'a fait que la reprendre.
Mais on peut trouver encore un peu mieux, puis nettement mieux. En effet, Cicéron, au Ier siècle avant J.C. écrivait déjà : «Quant quisque norit artem, in hac se exerceat » qu'on peut traduire par « Que chacun s'exerce dans l'art qu'il connaît ». Oh, je vous vois venir ! Vous allez m'objecter que, si la signification est bien la même, la forme est complètement différente. Je vais donc peut-être vous clouer le bec en vous citant ce qu'écrivait Voltaire, à la condition qu'il ne se soit pas fourvoyé : « Le parlement de Besançon n'a point du tout envie de se démettre; il n'a démis que nos vaches , auxquelles il a défendu , par un arrêt solennel, d'aller paître dans la Franche-Comté. Elles ont eu beau présenter leur requête et faire valoir la maxime d'Aristote : "Que chacun se mêle de son métier, les vaches seront bien gardées", on les a condamnées au bannissement du ressort du parlement ». Autrement dit, Voltaire fait même remonter non seulement le sens mais également la forme à Aristote, au IVe siècle avant J.C. Excusez du peu !
De Florian nous viennent également un proverbe comme Pour vivre heureux, vivons cachés ou des expressions comme rira bien qui rira le dernier ou éclairer la lanterne. Et on lui doit également la chanson Plaisir d'amour, celui qui ne dure qu'un moment, alors que le chagrin d'amour, lui, dure toute une vie (si on en croit l'auteur).
Posté le : 01/08/2013 15:54
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« Faire le mariole »
Faire l'intéressant, le vantard Se faire remarquer
Mariole est né en France au XVIe siècle. D'abord marriol, on le trouve aussi sous les formes mariol et mariolle. Son origine n'est pas certaine et on en trouve principalement deux versions.
La première viendrait de l'italien marivolo ou mariolo qui désignait, au sens propre, un escroc et, au sens figuré, quelqu'un de rusé. Et c'est d'ailleurs avec le sens de « filou » qu'il apparaît d'abord en français. On suppose que le mot est dérivé de Maria, la vierge Marie, en lien avec les gens qui feignent la dévotion et qui cherchent donc à tromper leur monde.
Une autre hypothèse, selon le DHLF (), vient de l'ancien français du XIIIe siècle mariole (petite image de la vierge Marie, qu'on retrouve ici) qui servait à désigner une personne versatile et dont certains dérivés comme mariolet s'utilisaient pour qualifier un « jeune freluquet ».
Tout cela est bel et bon, me direz-vous, mais quel est le lien avec celui qui fait le vantard ? Eh bien si on admet que Marie est bien à l'origine de mariole, quand on sait que marionnette est issu de Marion, lui-même dérivé de Marie, et que dans les spectacles de marionnettes, les personnages ont généralement un comportement excessif, propre à les faire remarquer, on établit ce qui est le lien probable.
Si le sens de « filou » est bien attesté au XVIe siècle, ce n'est qu'au XIXe que le mot désigne quelqu'un de rusé, de malin, et que « faire le mariole » désigne celui qui se vante en se faisant passer pour malin.
Posté le : 02/08/2013 13:05
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« Sur l'air des lampions »
En scandant quelques syllabes détachées sur une seule note ou un rythme très simple
Tous ceux qui ont connu le remue-ménage de mai 68 se souviennent du "C.R.S. S.S." scandé par les étudiants massés face aux représentants des Compagnies Républicaines de Sécurité[1]. Eh bien c'était sur l'air des lampions que ce slogan était clamé, tout comme c'est sur l'air des lampions que vous scandez "une autre" ou un "remboursez" à la fin d'un concert, selon qu'il a été plaisant ou nul, ou "on a gagné" à la fin d'un match de foot (non perdu, de préférence). Mais d'où vient donc cette appellation pour un 'air' pourtant peu mélodieux ?
Tout d'abord, rappelons que le 'lampion', venu de l'italien 'lampione' (grosse lanterne), a d'abord surtout désigné une lanterne de bateau. Ensuite, à la fin du XVIIe siècle, son usage s'est restreint à l'appellation d'un godet à huile dans lequel une mèche trempait, permettant ainsi de faire un lumignon avec lequel, entre autres utilisations, on pouvait illuminer les bordures de fenêtres. C'est au milieu au XVIIIe que le mot désigne également des lanternes vénitiennes, comme celles en papier plissé que les enfants maintiennent accrochées au bout d'un bâton lors de défilés festifs nocturnes.
Le premier air des lampions résonna en 1848 : alors que Louis-Philippe venait d'être chassé par une insurrection à la suite de laquelle la République fut proclamée. Les républicains montrèrent leur joie en illuminant leurs fenêtres ; mais, comme il y avait finalement peu de ces éclairages spontanés, les bourgeois étant dérangés par les émeutes, les gens dans les rues se mirent à scander "des lampions ! des lampions !" qui firent augmenter le nombre de fenêtres éclairées. Victor Hugo écrivit d'ailleurs à ce propos : « En un clin d'oeil, la ville fut illuminée comme pour une fête. »
C'est de cet appel répétitif, d'une seule note et de trois syllables que nous vient notre expression. Et si, à l'origine, et pendant un moment, l'air des lampions était bien limité à trois syllabes et une seule note, il a fini par désigner tous les slogans scandés par de nombreuses personnes en séparant les syllabes et sur très peu de notes (comme le "on a gagné !", par exemple).
[1] Une plaisanterie faisait répondre à ces fonctionnaires de police, 'forcément' niais, un "Étudiants, diants diants", sur le même ton.
Posté le : 03/08/2013 15:58
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« Battre sa coulpe »
Se repentir Reconnaître ses torts
Vous avez probablement tous lu ou entendu dire "mea culpa" qui, s'il se prononce exactement comme "méat coule pas", n'a pourtant rien à voir avec des problèmes urinaires.
"Mea culpa, mea maxima culpa" (c'est ma faute, c'est ma très grande faute) est un extrait du Confiteor (), l'acte de contrition du catholique qui reconnaît devant Dieu avoir péché, et qui devrait normalement prononcer ces paroles en se frappant la poitrine (mais tout se perd, ma bonne dame).
Bien entendu, vous n'êtes pas sans remarquer la similitude entre le mot latin 'culpa' (faute) et notre 'coulpe'. C'est parfaitement normal, puisque le deuxième vient du premier qui a aussi donné 'culpabilité', entre autres. En français, le mot 'coulpe' n'existe plus que dans notre expression qui apparaît au XIIe siècle, et qui veut d'abord dire "se frapper la poitrine en se repentant de ses fautes" ; il était en effet d'usage, au Moyen Âge, d'être démonstratif lorsqu'il s'agissait de montrer sa foi.
Ce n'est qu'au XVe siècle qu'elle prend les sens qu'on lui connaît encore aujourd'hui.
Pour lire (peut-être) un exemple d'utilisation de l'expression du jour, voyez la rubrique 'Exemple' à cette page.
Le mot 'coulpe' a existé dans d'autres expressions maintenant tombées dans l'oubli, comme : - Rendre sa coulpe : reconnaître sa faute - Dire sa coulpe : avouer et regretter sa faute
Posté le : 05/08/2013 09:23
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